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Les chuchotis du lundi : la guerre de la Tour Eiffel, Yoshi Morie s’installe, 3 étoiles pour Coutanceau, le Michelin en Corse, le boom de Pink Mamma, les mystères de la Samaritaine, la forme de Le Squer, le bébé de Stéphanie, ça bouge au Peninsula

Article du 31 juillet 2017

La guerre de la Tour Eiffel

La Tour Eiffel © GP

La bataille s’engage pour remporter la concession de la Tour Eiffel. Pour le groupe Sodexo et Alain Ducasse, qui géraient jusqu’ici en commun la restauration, un combat virulent, façon « Sang des Atrides« , est engagé. Alors que son ex associé Ducasse s’est associé avec son ennemi Sodexo, Nathalie Szabo, fille cadette de Pierre Bellon, le PDG de Sodexo, et patronne de Lenôtre, va engager Frédéric Anton, le MOF 3 étoiles du Pré Catelan, à ses côtés dans la bataille. Seraient également sur les rangs, LVMH, mais sans Yannick Alléno (« pas le temps« , note ce dernier engagé dans d’autres projets), pourrait tenter une percée sur ce terrain. Egalement, Relay, dont la filiale SCSC, émanation du groupe Lagardère, qui gère les neuf boutiques de la Tour Eiffel, pourrait également se lancer dans cette guerre des nerfs. Certains attribuent un avantage certain à Alain Ducasse qui a reçu ici même récemment Donald Trump et Emmanuel Macron, et qui tisse des liens importants avec ce dernier. Mais c’est sans compter un fait essentiel: l’instance décisionnaire est la Mairie de Paris, dirigée par Anne Hidalgo… qui ne cache pas son agacement pour tout ce qui tourne autour de l’actuel président de la République.

Yoshi Morie s’installe

C’était une petite table italienne de qualité (la Buca). Ce sera, à la rentrée, la toute neuve table de Yoshinori alias Yoshi Morie, qui s’installe à son compte au 18 rue Grégoire Tours, près de l’Odéon, dans le 6e. On a connu ce prodige japonais aux côtés de Hide Hishizukie dit Hide au Petit Verdot dans le 6e. On l’a retrouvé chez Encore dans le 9e. Puis on a perdu sa trace dans le 13e à l’Auberge du 15. C’est que le bonhomme préparait son retour dans une demeure à son nom et à son compte. Yoshi Morie, qui est dans les starting blocks depuis un bon moment déjà, va affirmer son identité vive, créative et légère, sur un mode franco-japonais rigoureux. Ouverture prévue de son Yoshinori : mi-septembre.

Yoshi Morie © GP

3 étoiles pour Coutanceau ?

Christopher Coutanceau et Nicolas Brossard © GP

Et si le prochain trois étoiles c’était Christopher Coutanceau? Son père, Richard, eut deux étoiles ici même, plage de la Concurrence à la Rochelle, il y a trente ans déjà. Christopher, lui, est le plus modeste des héritiers, le plus accompli des cuisiniers de son rivage, cousinant, côté Atlantique, avec Gérald Passédat de Marseille, se définissant comme « cuisinier pêcheur« , tout simplement, traitant la mer avec une infinie délicatesse. Là, sur son bout de plage, avec sa vue grand angle sur les bateaux du port rochelais, il a fait de ce qui fut un « blockhaus » années 1960 un lieu de grand charme estampillé Relais & Château. Le service, mené à la baguette – de chef d’orchestre – par son associé Nicolas Brossard, est plus que performant: précis, élégant, pédagogique. Les produits sont magnifiques. Les poissons, pas toujours les plus nobles (ah, son numéro sur le thème de la sardine!), sont traités  avec maestria et les seiches, calamars et autres céphalopodes dansent la sarabande avec charme. On ajoute que les desserts sont exceptionnels, la cave grandiose. La nouveauté? Le cadre a été revu, en blanc et bleu, par le designer-architecte Bertrand Pourrier, donnant toute leur place à la plage et la mer qui forment le plus serein des environnements. Pour tout savoir de cette maison d’exception, cliquez là.

Le Michelin en Corse

Alexis Vergogny © GP

Ils sont passés en Corse au début de l’été fin juin/début juillet, ont découvert – tardivement – le Vieux Moulin de Centuri,  fameux, sur le haut du Cap Corse, pour ses pâtes à la langouste, ont apprécié les Mouettes de Jean-Baptiste Pieri mise en valeur avec la cuisine fine, délicate, néo-corse d’Alexis Verogny comme la cuisine de Mathieu Pacaud « en version corse non sous-titrée sublimant les beaux produits de Murtoli « , comme souligné sur le compte tweeter du guide. Pour ces deux dernières maisons, misons sur des étoiles en devenir. Les inspecteurs Michelin sont également passés à la Roya, déjà étoilé, à Saint-Florent, avec avis favorable sur le dit compte, et d’autres, comme le Palm Beach à Ajaccio qui a changé de chef (Adrien Véquaud, qui eut ici l’étoile officie désormais au Belles Rives de Juan-les-Pins), ou A Mandria di Pigna qui bénéficie d’un bib gourmand. Verdict: en février prochain.

Le boom de Pink Mamma

La façade de Pink Mamma © GP

Succès total et absolu pour Pink Mamma, la 6e maison du Big Mamma Group, créé, dans le 9e, à l’angle des rues Duperré et de Douai, par le duo de jeunes businessmen gourmands et malicieux Tigrane Seydoux et Victor Lugger. Depuis les débuts dans le 11e (Obermamma, EastMamma), le 17e (Mammaprimi), la Bourse (Popolare), le Marais (Big Love Café), le dit-groupe des deux gais lurons se développe, avec quelques investisseurs enthousiastes comme Xavier Niel,  mais surtout la volonté  promouvoir une Italie en technicolor et des produits de qualité à des tarifs sans concurrence. Cette fois-ci, le lieu charmeur sur quatre niveaux, avec sa façade rose néo-art-déco, est bourré du bas en haut, provoquant des queues de folie dans la rue. Il y a les côtés pizzeria, rôtissoire, cuisine en tout genre, des produits en direct de la Botte toujours au « top », des vins splendides et fruités, de la gaité, des viandes superbes, de la nouveauté à gogo, avec un T’bone façon côtelette florentine avec sa sauce vierge à se pâmer (la viande elle-même, le côté grillé/moelleux, l’accompagnement)et toujours des pizzas façon napolitaine à fondre de plaisir. Pour tout savoir, cliquez .

Les mystères de la Samaritaine

La Samaritaine © DR

L’ouverture de la Samaritaine, rive droite, face à la Seine, tarde. Elle devrait se faire finalement au printemps 2019. Les espaces de restauration devraient être diversifiés, entre le futur palace estampillé Cheval Blanc, qui occupera 45 % du total de la superficie, les galeries, boutiques, tables. On murmure que Guy Savoy, dont le trois étoiles de l’Hôtel de la Monnaie se trouve juste en face, vis à vis, de l’autre côté de la Seine, serait sur les rangs avec dépose de dossier. Et qu’Arnaud Donckèle, le trois étoiles de la Pinède à Saint-Tropez, désormais estampillé Cheval Blanc -LVMH, serait en piste pour la restauration de l’hôtel de Paris. Les deux chefs, tout récemment interrogés par nous, démentent vivement. Pour le premier, qui préfère en rire et a restreint son empire entre La Monnaie, les proches Bouquinistes, le voisin Atelier Maître Albert et le Chiberta, plus sa table de Las Vegas: « ça n’aurait pas de sens de se faire concurrence à soi-même« . Pour le second, rien n’est fait, ni proposé, ni acté. « Je pense même, note-t-il, que le principal intéressé ne sera prévenu qu’à la dernière minute« .

La forme de Le Squer

Christian Le Squer © GP

D’un mal sort toujours bien. En tout cas, sachez que le style Le Squer au Four Seasons George V ne s’est jamais mieux porté: « une veste Chanel sur un jean« , glissait un jour l’ex chef du l’Opéra et de Ledoyen devenu le maestro trois fois étoilé du Cinq sur son compte twitter. De fait, le gars Christian semble s’être magnifiquement remis du mauvais porté contre lui par le critique anglais, le drolatique Jay Rayner du Guardian. On sait que tout ce qui est excessif est dérisoire. Le Squer, breton tête dure, élevé au bon lait (ribot) de la Ria d’Ethel, a bien senti un vent de solidarité en sa faveur, et remis son métier sur l’ouvrage. De fait, ce qu’il sert ces temps-ci au Cinq, qui prend un relief particulier sur la toute neuve « table du chef » sur la terrasse du palace, témoigne d’un exceptionnel brio. Ainsi, la magnifique petite tarte aux foies blonds de volaille en amuse-gueule, l’étonnante et si jolie eau de riz noir, avec blanc manger et langoustine marinée, la magique variation sur le cassis qui sont quelques uns des prémices qui vous mettent le palais en fête et l’oeil en joie au seuil d’un repas ici même. On ajoute les classiques maison revisités, langoustines bretonnes juste raidies, avec mayonnaise tiède, plus galettes de sarrasin croquantes, artichaut sur le grill arrosé d’une infusion thym/citron ou encore araignée de mer décortiquée en carapace rafraichie d’une émulsion crémeuse liée au corail, n’ont jamais été aussi savoureux. On en reparle vite.

Un bébé pour Stéphanie

Stéphanie Le Quellec © GP

Les mauvaises langues qui susurraient que le départ de Stéphanie Le Quellec du Prince de Galles était acté en seront pour leurs frais: la patronne des fourneaux de la Scène, ex lauréate Top Chef, s’est contenté de prendre un congé maternité pour la naissance de son troisième fils, Arthur, né la semaine passée. Elle veille, du coin de l’oeil, son second qui l’a remplacé, sous sa gouverne, pour un bref laps de temps. Brillante sur tous les sujets, du salé au sucré, Stéphanie sera présente en chair et en os à la rentrée, amincie et fin prête pour reprendre la course à la seconde étoile. Que sa cuisine fine, brillante et créative sur des bases classiques mérite déjà.

Du mouvement au Peninsula

Sidney Redel © GP

Redistribution des cartes au Peninsula où Sidney Redel, le chef du gastro et panoramique l’Oiseau Blanc s’en va. Motif: il a refusé de descendre au rez de chaussée comme l’y invitait Christophe Raoux, le MOF chef exécutif de la maison, qui a pris en main les destinées gourmandes du palace de l’avenue Kléber. Le changement devait se faire avec le chef du Lobby, la brasserie chic et gourmande du rez-de-chaussée, Laurent Poitevin. Ce dernier, ancien des Elysées du Vernet, du Bristol et du Taillevent, qui obtint jadis une étoile à l’Angle du Faubourg, devait lui monter au dernier étage. Pour l’heure, on ne sait pas qui va remplacer Sidney, formé au Cerf à Marlenheim, dans son Alsace natale, et marqué par dix ans de travail chez Pierre Gagnaire, à Paris puis aux Airelles, qui réalisait là une cuisine sans doute trop créative et acrobatique au goût de la direction. Départ de Sidney Redel le 12 août prochain.

Les chuchotis du lundi : la guerre de la Tour Eiffel, Yoshi Morie s’installe, 3 étoiles pour Coutanceau, le Michelin en Corse, le boom de Pink Mamma, les mystères de la Samaritaine, la forme de Le Squer, le bébé de Stéphanie, ça bouge au Peninsula” : 2 avis

  • Merci!

  • Serres

    Bravo à Yoshi Morie, pour le reste que Mme Hidalgo s’occupe de ses casseroles.

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