Les chuchotis du lundi : Stéphanie le Quellec et son boy’s band, Marco Garfagnini quitte les Airelles pour le Six Senses à Crans-Montana, l’arrivée de Dominique Crenn chez Golden Poppy, Glenn Viel conseille le Clair de la Plume, Mélanie Serre ouvre au Cap Ferret, Matthieu Hervé perle de Montcaud

Article du 26 juin 2023

Stéphanie le Quellec et son boy’s band

Stéphanie le Quellec et son équipe © GP

On a salué son entrée en Scène, dans le sous-sol de sa table de l’avenue Matignon, bien vite laurée de deux étoiles. On l’a suivie ensuite, côté bistrot, au rez-de-chaussée de sa table, qui ravit sur le mode simple et frais. Et voilà qu’on l’a retrouve au mieux de sa forme, avec une équipe masculine rajeunie et renforcée. Le maestro de salle se nomme Joseph Desserprix, MOF maître d’hôtel et ancien de l’Abeille au Shangri-La et d’Alain Ducasse au Plaza-Athénée, le sommelier est le jeune et malicieux Matthias Maynard, ancien du Crillon, de Lasserre, du Meurice et également du Shangri-La, qui taquine les jéroboams avec ardeur, et le nouveau second de cuisine est l’alsacien Léo Daull-Ernwein, 26 ans, neveu de Jérôme Daull à la Wantzenau, ancien d’Olivier Nasti à Kayserberg mais aussi d’Alain Ducasse à Paris au Plaza-Athénée et aux Ombres. Que du beau monde ! Avec lequel, il est impossible de faire mal. Dans cette scène qui offre une cuisine dans le vent, et particulièrement le vent marin (avec une sacrée brioche mi-perdue, mi-soufflée au caviar), face aux labos ouverts, on goûte les belles idées du moment qui mixent la Provence, qu’aime Stéphanie et qu’elle pratiquait jadis à Terre Blanche dans le Var, avec la Bretagne chère à son mari David. On en reparle vite !

Marco Garfagnini quitte les Airelles pour le Six Senses à Crans

Marco Garfagnini © GP

Ce ne sera officiel qu’en fin de saison. Mais les gens du sérail ont été les premiers informés : Marco Garfagnini, qui entonne son chant du cygne aux Airelles de Saint-Tropez, dans le flamboyant château de la Messardière, entièrement revu, modernisé, bouleversé, enrichi, avec le rachat et la grande rénovation entreprise par le groupe de Stéphane Courbit, est sur le départ. Il sera en Suisse fin octobre, termine ici sereinement la saison, et sera désormais dans le Valais, à Crans-Montana, le chef exécutif du récent Six Senses dont on vous a parlé. Il vient pourtant de créer, aux Airelles du Château de la Messardière, « Carrara » en hommage à sa ville natale, avec son cadre élégant, ses tissus chamarrés, ses recoins douillets. Ce Toscan de Carrare, que l’on suit depuis le Four Seasons les Bergues à Genève, où il obtint une étoile avec Il Lago, en passant par le George du George V, où il imprima sa marque et son style, ses « crudo » et ses raviolis divins, ses idées créatives, sans omettre la tradition transalpine transgressée par ce chef frondeur et ambitieux qui a voyagé, en Anjou au domaine de Noirieux, puis à Dubaï, dans le groupe Jumeira, enfin à Courchevel, chez Piero, d’abord avec Pierre Gagnaire, puis sans ce dernier, enfin à Saint-Tropez, où il concevait l’été les cartes des tables du groupe « Lov Collection-Airelles », en tant que « culinary artist », comme la chic pizzeria Zetta et à l’ex-Dolceva du Pandei Palais, continue de nous surprendre…

L’arrivée de Dominique Crenn au Golden Poppy à Paris

Dominique Crenn avec Denis Rippa et Nicolas Brichet © GP

Elle a bien failli ouvrir « French Nola », une table dédiée à la cuisine de la Nouvelle Orléans. Mais voilà Dominique Crenn fidèle à elle-même, avec une partition sous son nom, son label et son style, mixant poissons, épices, algues et produits marin, mi-breton, mi-californiens. Française et première femme ayant décroché les 3 étoiles aux USA,  elle est encore méconnue dans son pays d’origine. Voilà qu’elle investit le tout neuf hôtel La Fantaisie du groupe Leitmotiv. Dégageant une énergie folle, elle s’apprête à déverser ses ondes positives sur Paris, glissant tout à trac : « je ne cherche à prendre la place de personne, je viens ici, à Paris, avec beaucoup d’humilité ». Entourée de ses adjoints Denis Rippa (qu’on connut jadis à « la Méditerranée  » dans le 6e, qui travailla chez le Divellec, au Taillevent et à l’Ambroisie et demeurera, aux fourneaux, ici même) et Nicolas Brichet (son adjoint toulousain de San Francisco, venu pour l’ouverture), Dominique Crenn, livre une partition végétale et marine mi-bretonne mi-californienne de haut niveau qu’on a pu goûter en avant première dans le nouvel hôtel la Fantaisie au 24 de la rue Cadet dans le 9e, à l’enseigne de Golden Poppy (le Coquelicot d’Or). Ouverture prévue : le 1er juillet. On vous en parle très vite !

Xavier Mathieu fête les 40 ans du Phébus

Xavier Mathieu © GP

Il fête les quarante ans de sa maison à Joucas, non loin de Gordes, dans les hauts du Luberon. Sa maison a vue sur la montagne, les collines environnantes, les beaux villages alentour qu’il semble dominer. Xavier Mathieu, qui a vu passer ici les modes et les chefs, depuis belle lurette, fait désormais figure de sage de sa région. Il avait pris de l’avance pour les cheveux blancs, qu’il porte, depuis belle lurette, en poète, avec des airs de romantique à la Musset. Ce modeste est un obstiné qui défend sa région de naissance et de coeur avec un mélange de faconde et de retenue. Marseillais, formé chez Pierre Hiély en Avignon, Roger Vergé à Mougins en son Moulin alors si glorieux, Gérard Vié aux Trois Marches à Versailles, sans oublier le grand Joël Robuchon à Paris, a imposé sa son style, instillant sa marque avec précision : provençale nouvelle vague, légère, fraîche, savoureuse. Le premier grand menu est une ode à la Provence en général en particulier à ce grand Luberon qu’on observe depuis ses chambres superbes que de la vaste terrasse de sa table élégante et sobre. On vient là faire fête aux produits d’ici. Mais son « Café de la Fontaine », ouvert midi et soir, en terrasse comme dans un salon de sa demeure, propose également un échantillon de sa manière et séductrice, avec notamment un aïoli de derrière les fagots !

Glenn Viel conseille le Clair de la Plume

Glenn Viel, Cédric Perret, Benjamin Rielhes © Alain Maige

Nouvelle ère pour le Clair de Plume de Grignan qui constitue la belle et bonne table du beau village cher à Mme de Sévigné. Glenn Viel, le chef trois étoiles de Baumanière signe désormais la carte maison, servie le soir seulement en semaine, au déjeuner également les vendredi et samedi, proposée en menus séquencés. Les intitulés sont des indications amusantes (« Brasserie Chic », « Thon Thon » ou encore « Paris est Magic »), les produits sourcés aux grands environs, faisant fête à la Drôme provençale, les clins d’oeil à un ailleurs pas si lointain ne manquent pas ici et là. Aux commandes des fourneaux, le jeune Benjamin Reilhes, natif de Toulouse, ancien du Pressoir d’Argent à Bordeaux avec Gilad Peled, puis du Lausanne Palace avec Franck Pelux qui exécute une partition soignée et légère au petit point. On n’oublie pas les douceurs du pâtissier artiste Cédric Perret, déjà présent dans la maison avant l’ère « Viel ». Bref, la 2e étoile n’est guère loin…

Mélanie Serre ouvre au Cap Ferret

Bertrand Guillou-Valentin et Mélanie Serre © DR

On vous en parlait dès le mois d’octobre de l’an passé : c’est fait, nous vous annoncions ici-même son installation au Cap-Ferret avec son compagnon Bertrand Guillou-Valentin, en octobre dernier. Mélanie Serre, qui fut un temps la cheffe de l’Atelier Joël Robuchon Etoile, a racheté, sur un coup de coeur, l’ancienne Auberge du Bassin à Claouey, côté Cap Ferret, dont elle fera une table à la fois gourmande et conviviale. Pour l’heure, c’est la terrasse qui prime tout et les rénovations se poursuivent. Certes cette Ardéchoise bûcheuse, conserve ses activités de consultante : elle a permis au Donjon d’Etretat de décrocher son étoile et continue de signer la carte d’Elsa au Monte-Carlo Beach  à Roquebrune-Cap-Martin. Mais elle a décidé de changer de vie. Sa nouvelle table girondine, sur le mode gastronomique, mais décontracté, est l’un des événements gourmands de l’été sur le Bassin d’Arcachon. Le nom du lieu : l’Auberge du Bassin, tout simplement. L’adresse : 38 avenue du Général de Gaulle, 33950 Lège-Cap-Ferret

Matthieu Hervé, la perle de Montcaud

Matthieu Hervé © GP

Il s’appelle Matthieu Hervé, a 36 ans, est normand de Vernon, a travaillé à la Villa Madie avec Jean-Marc Banzo, puis au Il Vino à Courchevel avec Enrico Bernardo, avant le Negresco aux côtés du MOF Jean-Denis Rieubland qui fut son mentor. Il a voyagé ensuite à Montréal, puis à New-York avec Daniel Boulud. Enfin, il s’est retrouvé à Bâle en Suisse au Cheval Blanc du fameux hôtel des Trois Rois avec Peter Knögel, les trois étoiles hélvètes, dont il fut le second. Il veille désormais sur les destinées gourmandes du Château de Montcaud, près de Bagnols-sur-Cèze, aussi bien sur la table gastronomique du lieu (« le Cèdre », le soir, seulement, sauf dimanche, lundi et mardi), qu’au bistrot maison façon guinguette (dit « le Bistro de Montcaud »). Son morceau de bravoure à découvrir ? Le homard présenté comme un croque-monsieur ou comme un mini « club sandwich », enserré entre deux tranches fines de pain croustillant, plus une sauce bisque avec fenouil version matelote. Vaut le voyage à Sabran (Gard) !

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