Les chuchotis du lundi : la famille Troigsros au cinéma, l’événement Gentil à la Confluence, qui pour remplacer Pierre Orsi ? Paul Bocuse chez Paul Bocuse, la Mère Brazier au marché, Emmanuel Kouri sur la presqu’île de Rhuys, Flora Mikula à Courchevel, les Saturnales de la pizza

Article du 18 décembre 2023

La famille Troigsros au cinéma

Frederick Wiseman et Michel Troisgros chez Oh Vin Dieu © GP

Ils étaient présents l’autre jour à Paris au restaurant Oh Vin Dieu de Sébastien Mayol, rue Treilhard dans le 8e. Frederick Wiseman, cinéaste, natif de Boston (en 1930!), auteur de 43 films documentaires, et Michel Troisgros, mais aussi Marie-Pierre, César et Léo, là pour célébrer la sortie (ce sera le 20 décembre prochain en salles) de « Menus Plaisirs« . Durant un an, Wiseman a filmé les Troisgros au quotidien à Ouches, Roanne, Iguerande, entre le Bois sans Feuilles, le Central, la Colline du Colombier, la famille, les employés, soudés comme un pack de rugby, évoquant la gourmandise et le labeur au gré des mets et des idées comme les humeurs du moment autant que les bonheurs et les aléas de la transmission dans une maison qui fête ces temps ses 53 ans consécutifs de trois étoiles. Pas de cinoche chez les Troigros, mais de la vie, telle qu’elle s’écrit jour après jour…

L’événement Gentil à la Confluence

Gaëtan Gentil au nouveau Prairial © GP

Gaëtan Gentil? On l’a connu chez Agapé substance quand il succédait à David Toutain puis à l’Instant C après Frédéric Duca. Ce Manceau, passé par de grandes maisons alpines (le Cheval Blanc de Courchevel avec Yannick Alléno, Les Flocons de Sel d’Emmanuel Renaut, le K2) ou d’ailleurs (la place de Mougins avec Denis Fétisson, le Crillon époque Piège) est devenu lyonnais après avoir été parisien. Ce passionné qui use aujourd’hui des meilleurs produits de la région rhônalpines pour composer des menus comme des symphonies légères créée l’événement du moment dans la ville des gones. Voilà qu’il installe son Prairial dans le quartier d’affaires de la Confluence, au rez de chaussée d’une tour moderne et qu’il nous éblouit avec une suite de mets savoureux et savants, servis avec délicatesse par une équipe motivée dans une salle futuriste avec sa cuisine ouverte, placée au milieu comme dans une sorte de théâtre permanent, délivrant ses cuissons justes, ses saveurs précises et ses jus nets. On y revient vite…

Qui pour remplacer Pierre Orsi ?

Christophe Roure en cuisine © GP

C’est la question qui agite le tout Lyon en ce moment : qui reprendra la table de Pierre Orsi, MOF institutionnel de la ville, qui eut une étoile ici puis deux, puis à nouveau une, avant de perdre cette dernière, il y a quatre ans, et de mettre la clé sous la porte en avril dernier? Le nom du repreneur est encore inconnu au bataillon, mais les rumeurs, nombreuses, vont bon train. On parlait d’abord d’une offre du groupe McDonald’s … vite démentie. On parle également de Tabata et Ludovic Mey, qui ont vendu leur Apothicaires, alors étoilé, en avril dernier et se cantonnent aujourd’hui à leur stand de « Food Traboule » dans l’ex Tour Rose du Vieux Lyon. On suggère également le nom d’un mystérieux homme d’affaires qui aurait fait une proposition financière supérieure à celle des Mey et pourrait installer dans le cadre très bourgeois de l’ex Orsi, place Kléber, le deux étoiles – et MOF 2007 – Christophe Roure, un peu étriqué dans sa maison d’angle de la rue Cuvier, dans le 6e arrondissement . Ce que l’intéressé  dément formellement… Affaire à suivre…

Paul Bocuse chez Paul Bocuse

Le stand Paul Bocuse aux halles PB © GP

Paul Bocuse chez Paul Bocuse ! Voilà, enfin, la maison du grand Paulo des bords de Saône présente aux halles de Lyon, côté Part Dieu, qui portent désormais son nom. De son vivant, M. Paul sillonnait les halles avec gourmandise, saluait les mains ici et là, venait goûter quelques rondelles de saucisson chez Sibilia ou chez Gast, croquer un saint-marcellin chez sa copine Renée R., tâter un omble chevalier chez Pupier ou une volaille de Bresse chez Clugnet, et allait le plus souvent rendre la justice, comme Saint-Louis sous son chêne, au Val d’Isère – lorsque des chefs avaient un différent, ils venaient le consulter – juste en face. Bref, il n’était nullement présent en tant que tel. Le voilà désormais là sous forme d’enseigne et d’étal, avec une équipe aguerrie proposant, sous son fameux portrait de Stéphane de Bourgies, les produits, plats et desserts de ses brasseries, en compagnie de condiments, chocolats, terrines et divers produits d’épicerie fine.

La Mère Brazier au marché

L’accueil de la Mère Brazier aux halles © GP

Comptoir gourmand, boutique exquise, magasin souriant : il y a tout cela chez « la Mère Brazier » portée au pinacle par Mathieu Viannay qui, associé à l’homme d’affaires lyonnais Matthieu Gufflet, multiplie les enseignes, est désormais installée sous la halle Paul Bocuse. Juste derrière la Mère Richard – une référence ! – , l’étal à son enseigne propose vins, plats, charcuteries maison comme ces exquises rillettes de canard au piment, cette savoureuse terrine de campagne et son  légendaire pâté en croûte, sans omettre une tarte aux pommes caramélisées d’une vraie finesse. Casse-croûte sur place avec des planches canailles et des beaujolais en pot au rendez-vous. Accueil tout sourire.

Emmanuel Kouri sur la presqu’île de Rhuys

Emmanuel Kouri © GP

On l’a connu il n’y a guère, aux Climats, dans le 7e arrondissement, où il succédait avec efficacité  Julien Boscus parti créer sa propre table, tout près des Champs-Elysées. Emmanuel  Kouri, passé dans de grandes maisons, comme Pierre Gagnaire, le Meurice à l’époque de Yannick Alléno et le Bristol cinq ans durant avec Eric Frechon, mais aussi avec Thibault Sombardier, qu’il côtoya au Meurice, chez Antoine avenue de New York. Voilà que ce natif du Périgord, qui raffole des produits marins, quitte Paris pour s’installer en Bretagne, en Morbihan, côté Sud. Il a racheté l’ancien Kerstéphanie de Sarzeau, devenu les Jardins de Kerstéphanie sous sa gouverne, ouvrant table à son nom et promouvant « sa » cuisine bretonne avec les produits terre/mer d’ici même. A son programme: 3 menus : Le 3 temps à 42 €, le 5 temps à 59 €, le 7 temps à 79 €. Etoile en vue.

Flora Mikula à Courchevel

Flora Mikula © GP

Elle est partout : à Bordeaux, Reims, Biarritz, Megève (au Soleil d’Or), Théoule-sur-Mer ou Paris. L’hyper-active Flora Mikula, conseillère multi-cartes, qui conseilla notamment le groupe Millésime, mais aussi au Café de l’Alma dans le 7e pour ses amis Boudon de la Fontaine de Mars, sans omettre la Belle Juliette pour le groupe Rive Gauche Paris, continue de sillonner la France, livrant ici et là le bon conseil gourmand. Cet hiver, Flora sera également présente à Courchevel, imaginant les deux offres de restauration du Pralong 2000. Cet ex relais & châteaux moderne, jadis administré parla famille Parveaux du Castel Novel à Varetz près de Brive, a été entièrement rénové de façon luxueuse et contemporaine par le groupe Dokhan Luxury Hotels (qui possède, notamment, à Paris le Dokhan, le Metropolitan, le Belgrand et le Berri). Au Pralong 2000, Flora a imaginé deux restaurants complémentaires : le Musher doté de 100 places,  qui proposera des plats traditionnels de montagne (fondue, raclette, tartiflette)  et d’autres de cuisine bourgeoise (artichaut vinaigrette, pot-au-feu, blanquette, filet au poivre) et le Grill avec sa terrasse panoramique de 150 places et son brasero géant au feu de bois. Il y a aura aussi – Courchevel oblige…- un bar à champagne, saumon et caviar avec quelque 80 places. On n’arrête pas Flora…

Le Pralong 2000 © GP

Les Saturnales de la pizza

Jean de Saulieu chez Prima © GP

Le nouveau roi de la pizzeria parisienne, c’est Jean de Saulieu qui anime Prima, dans la gourmande rue des Dames dans le 17e, avec son maître d’hôtel natif des Pouilles et Marco de Cristofaro, son pizzaiolo napolitain. Il y propose des classiques du genre (Margherita, Napolitaine aux anchois, Diavola pimentée avec nduja calabraise) ou originales ( « Norma » aux aubergines,  » Tartufo » aux champignons et truffes d’Ombrie, »Bottarga » avec poutargue et ventrèche de thon) accueillera en janvier de grands chefs amis pour des Saturnales autour de la pizza. Au rendez-vous, Julien Serri qui sera présent avec le caviar Kasnodar du 9 au 13 janvier, Yoann Mormile, ancien rugbyman professionnel, devenu champion du monde de la pizza à Las Vegas en 2003, autour de la truffe, du 16 au 20 janvier, enfin la cheffe pâtissière du groupe Bagatelle, Manon Santini, avec crème pâtissière au marron, vanille et confit de clémentine (« soleil d’hiver »).

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