Erawan

Chez Erawan © GP

Ce fut, il y a trente ans, l’un des premiers thaïs de Paris. C’est devenu une bonne table de quartier, à l’allure gentiment banale. La maison est tenue par les Tavand, qui, comme leur nom ne l’indique pas, sont des Chinois du Laos. Le fiston Alexandre, sorte de grand Duduche asiate, amical et nonchalant, veille un service, lui, 100 % thaï. La cuisine, faite par papa Tavand, s’est adaptée au goût français avec son tom ka gaï (soupe de poulet au lait de coco) ou son son tom yam koung (soupe de crevette à la citronnelle) qui semblent délibérement ignorer les vrais degrés du piment symbole (chacun de ces hors d’oeuvre en possède un sur la carte).

Tom Ka Gaï © GP

A part ça l’homok plad (cabillaud en feuille de bananier) est joli et bon, quoiqu’en limite de la fadeur, comme le cabillaud au taro, au goût de châtaigne d’eau, ou le poulet au curry thaï jaune, sans omettre les pâtes de riz sauté. Le service est appliqué. La salle, genre pagode indochinoise très vaguement thaï dans les tons jaunes, rassure. Les habitués du 15e, quartier anonyme, ou grande ville de province égarée en Ile de France, sont ici chez eux. Roger Caillois, l’homme des pierres, avait écrit un « Guide du 15e à l’usage des fantômes ». Il y a plein de fantômes gourmands chez Erawan. Et économes aussi, car l’addition est douce.