Lyon, capitale gourmande, vu par Yves Rouèche
En ce temps-là, Curnonsky se levait de table, lors d’un banquet bien arrosé, en s’exclamant « Lyon capitale mondiale de la gastronomie« . En ce temps-là, les bouchons étaient des temples, le mâchon du petit matin une religion et Paul Bocuse régnait entre Saône et Rhône. Les choses ont-elles changé? Yves Rouèche se penche avec minutie et tendresse sur ce Lyon gourmand, généreux, éternel, sur lequel ni le temps, ni les modes ne semblent avoir de prise. De Tante Paulette à Jean-Paul Lacombe, de Renée Richard à Colette Sibillia, de Maurice Bernachon à Christian Têtedoie, de Bourillot à Nandron et de Marguin à Viola, le Lyon qu’on aime est là et bien là. Ce riche livre d’heures prend le tour d’un abécédaire, d’un album de contes, d’un ouvrage d’art. Belles photos, notices biographiques, savant index et historiettes contées en catimini contribuent à donner une image forte, en sépia ou grisé, de cette « Myrelingue la brumeuse » qui donne envie de tomber la cravate, d’ouvrir son col et de mettre la serviette là où il faut. Venez, entrez, quenelles, sabodets, saucisson pistachés vous attendent et les vieux amis, même les disparus, sont au rendez-vous. Voilà un beau livre comme une bonne action.
Histoire (s) de la gastronomie lyonnaise de Yves Rouèche (Libel, 262 pages, 35 €).