Les chuchotis du lundi: les Grandes Tables du Monde dament le pion aux Relais & Châteaux, Michael Ellis salue Bocuse, Le Squer fou de tweeter, Faye à Eze, Tabata chez elle, Anton chez Lasserre?, la guerre des bouchons n’aura pas lieu

Article du 11 avril 2016

Les Grandes Tables du Monde dament le pion aux Relais & Châteaux

JF Piège, A. Ducasse, M. Trama, D. Sinapian, S. Schaal © GP

A.Leanza, JF Piège, A. Ducasse, M. Trama, D. Sinapian, S. Schaal © GP

Elles viennent de lancer leur nouveau guide 2016, relooké façon objet pratique et élégant, avec leur couverture stylisée reprenant le fameux coq de Cocteau, en admettant huit nouveaux mondes en grandes pompes, dans le cadre du Four Seasons George V. Les Grandes Tables du Monde, avec leur président David Sinapian et leur communicant en chef Nicolas Chatenier, et aussi la présence de chefs stars comme Jean-François Piège, Alain Ducasse ou Yannick Alléno, ont mis sur orbite leur nouvel outil. Certes, l’ordre est alphabétique, la géographie un brin bouleversée et pour le moins confuse, mais la nouveauté est là. Et l’affirmation aussi, par rapport à la chaîne – en théorie voisine et amie – des Relais & Châteaux, à laquelle beaucoup de leurs membres sont affiliés et où qui abandonné le guide pratique au profit d’une double formule un peu batarde. David Sinapian a affirmé que le grand restaurant était un art proche du théâtre, affirmant vouloir redonner ses lettres de noblesse au service de salle. Annonçant leur prochain congrès mi-octobre à Venise. Pile un mois avant celui des Relais & Châteaux…

Michael Ellis salue Paul Bocuse

Paul Bocuse et Michael Ellis © Samuelle Dorol

Paul Bocuse et Michael Ellis, mercredi 6 avril © DR

Jeudi soir dernier, il était présent au lancement du guide 2016 des Grandes Tables du Monde. La veille, au déjeuner, Michael Ellis, le directeur des guides Michelin, était à Collonges-au-Mont-d’Or, pour saluer Paul Bocuse et ses 50 ans d’activité infatigable au service de la cause de la cuisine française, mais aussi de la gloire internationale du guide rouge. Big Boss du fameux guide, Michael Ellis a tenu à venir lui-même rendre visite à celui qui est le plus ancien chef trois étoiles en activité. « Si le corps ne suit plus toujours, la tête va fort bien », assure Michael Ellis, dont l’un des parents est également atteint de la maladie de Parkinson et qui a connu là « un grand moment d’émotion« .

Le Squer, fou de tweeter

Christian Le Squer avec Maryse Trama au lancement du guide des GTDM © GP

Christian Le Squer avec Maryse Trama au lancement du guide des GTDM © GP

Il y a trois ans, alors qu’il était chef trois étoiles chez Ledoyen, il ignorait royalement les réseaux sociaux et affirmait pouvoir s’en passer. Depuis son passage au Four Seasons George V, où il vient de de retrouver la récompense suprême, Christian Le Squer est devenu fan aussi bien de Facebook et d’Instagram que de Tweeter. S’il taquine avec habileté les deux premiers réseaux, réputés plus populaires, il s’affirme comme un maître du troisième, plus élitiste. Inscrit en juillet 2013, il atteint déjà le chiffre record de 113000 abonnés, davantage que Ducasse qui dépasse à peine les 10000 ou qu’Etchebest qui stagne à 5500 (les deux sont, eux, des champions de Facebook, avec respectivement 548000 et 580000 fans). Son secret: multiplier les abonnements (il en a plus de 3400) et les « retweets », tout en livrant, presque quotidiennement, de nouvelles recettes et de nombreux éclairages sur les produits de saison. Pour le Squer, qui recevait jeudi soir dernier, ses collègues des Grandes Tables du Monde, venus présenter leur guide 2016 au George V, c’est bien le signe que l’ère des nouveaux médias lui a fait accomplir un joli bon en avant.

Arnaud Faye à Eze

Arnaud Faye © GP

Arnaud Faye © GP

On l’avait découvert au Mandarin Oriental, avec Thierry Marx, dont il gérait la seconde table (le Camélia). Avait obtenu deux étoiles à la Table du Connétable à Chantilly, où il ne sera demeuré que quatre ans seulement. Arnaud Faye reprend la table laissée vacante à la Chèvre d’Or d’Eze-Village par Ronan Kervarrec – parti pour l’Hostellerie de Plaisance à Saint-Emilion. Avec pour mission celle de conserver les deux étoiles maison (où se sont succédé Philippe Labbé, Philippe Vullin, avant le dit Kervarrec). Bref, une mission tout à fait dans les cordes de cet Auvergnat discret de 37 ans, formé en Limousin (le Moulin de la Gorce), en Rhône-Alpes (la Pyramide à Vienne), dans l’Est (le Buerehiesel), en Bourgogne (au Relais-Bernard Loiseau), à Paris (le Ritz) qui réalise une cuisine de mesure non sans éclat.

Lyon: Tabata chez elle

Tabata chez Marguerite © GP

Tabata chez Marguerite © GP

Tabata Bonardi, ça vous dit quelque chose? Cette jolie et talentueuse brésilienne devenue lyonnaise, passée chez Nicolas Le Bec puis le groupe Bocuse, chez Marguerite, ex candidate Top Chef, vient d’ouvrir, sous son nouveau nom – Tabata Mey – une table modeste, dynamique, drôle, savoureuse, 23 rue de Sèze, toujours à Lyon, avec son tout neuf mari, le savoyard Ludovic Mey, rencontré dans les cuisines de Marguerite, passé lui à la Maniguette à Chambéry et chez Têtedoie. Les menus de midi (20 et 24 €) font un tabac  légitime, ceux du soir (à partir de 39 €) proposent une cuisine à quatre mains pleine de malice, vive, métissée, inspirée de leurs voyages. La maison fait le plein. Les réservations sont difficiles. Bref, c’est « le » succès de la ville des Gones qui se renouvelle. Tentez votre chance au 04 26 02 25 09.

Ludovic Mey © GP

Ludovic Mey © GP

Lasserre: Anton pose ses conditions

Frédéric Anton © GP

Frédéric Anton © GP

On glissait la semaine passée que le torchon brûlait entre Sylvie Buhagiar, la patronne de Lasserre, et Alain Ducasse. Au lieu de démentir, ce dernier nous rétorquait qu’on oubliait l’essentiel: l’arrivée imminente de Frédéric Anton qui quitterait Le Pré Catelan pour la grande maison de l’avenue Franklin Roosevelt. Information confirmée presque aussitôt par deux autres grands chefs de la capitale. Aussitôt interrogé, l’intéressé ne dément pas, mais pose ses conditions: s’il doit quitter sa maison du Bois du Boulogne où il est présent depuis dix neuf ans, couronnée de trois étoiles, ce n’est pas pour se glisser dans un habit taillé pour d’autres. Manière de dire que le canard à l’orange et le pigeon André Malraux ne sont guère son genre. Rien ne lui aurait été proposé. En revanche, il n’exclut de créer sa propre maison. Itinéraire à suivre…

La guerre des bouchons n’aura pas lieu

Sur la vitre du Café des Fédérations © GP

Sur la vitre du Café des Fédérations © GP

Certains sont « labellisés » d’autres pas: il y a des centaines de bistrots entre Ainay, Fourvière, le Vieux Saint Jean et la Croix Rousse. Si tous ou presque se veulent « bouchons lyonnais », certains sont évidemment plus anciens, plus savoureux, plus chaleureux que d’autres. Pierre Grison, réputé chroniqueur local, avait jadis initié un groupement des « véritables bouchons lyonnais ». Une association s’est mise en place sous la houlette de la chambre de commerce et de l’Office de Tourisme de la ville de Lyon, initiée par Joseph Viola de Daniel et Denise et Christophe Marguin des Echets, président de la Commission Tourisme de la CCI de Lyon, inscrivant un cahier des charges précis, pour créer un « label officiel » des bouchons lyonnais. A son tour, Alain Vollerin, chroniqueur lyonnais franc-tireur et partisan, a publié son « guide officiel des bouchons lyonnais (non labellisés)« , s’y prenant, en terme assez violents, au duo Marguin-Viola, et en proposant « sa » sélection. Si l’on s’y perd un peu, on s’aperçoit que jamais la notion  de « bouchon lyonnais » n’a jamais été aussi dynamique. On piochera donc ici ou là pour retrouver les classiques du genre ou les valeurs du jour, qui, du Café du Jura à celui des Fédérations, du comptoir Brunet à celui de Sylvie, du Petit Bouchon-chez Georges à Chabert Père et Fils en passant par le Sathonay, la Tête de Lard, le Vivarais, le Mercière, Hugon, le Val d’Isère ou les Fines Gueules, font la gloire des bouchons éternels. Une seule fausse note dans ce dissonant concert: l’absence volontaire du Garet, maison historique, sise dans la rue du même nom, qui réfute la première association tout en refusant de figurer dans le second guide…

Ambiance au Garet © GP

Ambiance au Garet © GP

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