La Retraite du Père Claude

Claude Perraudin au passe © MR

Il tenait avec fierté « le Père Claude », à deux pas de l’Ecole Militaire, qui était devenu la table favorite des hommes politiques, des gens de médias, comme des touristes en vacances. Jacques Chirac ou François Hollande y taquinaient la tête de veau, pas forcément ensemble, et toute la gastronomie française de l’Hexagone et de l’étranger (comme Michel Roux du Waterside Inn à Bray-on-Thames qui s’y attablait volontiers lors de ses séjours dans la capitale) s’y donnait rendez-vous.

Trio de terrines maison © MR

Claude Perraudin, né en 1952, passé – excusez du peu – chez Paul Bocuse, Michel Guérard, les frères Troisgros, avait pris une retraite bien méritée et le lieu était devenu une pizzeria ( » Claudia » ). Revoilà pourtant notre Père Claude fringant comme jamais, reprenant du service, rue de la Convention. Il a racheté l’ex-Etape, poussé par le maire de l’arrondissement, Philippe Goujon qui voyait d’un mauvais œil les belles tables françaises disparaître (juste à côté, au 121, jadis, trônaient les Moussié et leur délicieux Bistrot 121 estampillé Sud Ouest).

Terrine de tête et langue de veau ravigote © MR

La vraie raison ? « La retraite, ça m’emm… » confie l’ami Claude qui a le sens de la formule. « Ce qui fatigue, avait-il coutume de dire jadis, ce n’est pas le travail, mais la java avec les copains« . On pense à la formule célèbre de Jacques Chancel : « Comme Alex Ferguson, l’entraîneur de Manchester, je suis trop vieux pour prendre ma retraite, je laisse ça aux jeunes » Au programme du nouveau Père Claude, que du vieux, du bon, de l’éprouvé. Le sens de l’amitié en plus !

Le Père Claude en équipe © MR

Ainsi, sa belle terrine de campagne, celle au ris de veau au foie gras, celle encore de tête et langue de veau ravigote ou encore celle de foie gras de canard maison, plus le vénérable pâté en croûte, comme la salade de foie gras maison, les oeufs mayo aux poireaux, betteraves et carottes ou encore le gravlax de saumon aux queues d’écrevisses qui font des entrées en matière de qualité.

La tête de veau © MR

On y ajoute, au gré de l’ardoise du jour, le poulet aux écrevisses, la marmite de fraise de veau et, bien sûr, la monumentale tête et langue de veau sauce gribiche qui est là comme une relique intemporelle, un mythe vivant ou un symbole. Comme on voudra! Il y encore le rognon de veau aux champignons généreux et savoureux. On n’oublie pas au passage le feuilleté de cabillaud avec sa sauce crème du vendredi.

Souvenirs © MR

On l’a compris : tout ce que mitonne le père Claude (Perraudin) est frappé au coin du bon sens, du sérieux, de la régularité, de la qualité et le décor jadis inodore s’est agrémenté de jolies photos souvenirs où l’on peut admirer les Chirac, Jacques et Bernardette, mais aussi Jean-Paul Belmondo ou l’ami Géraud Rongier, symboles d’une France conviviale, franche, gourmande, sans oeillère. Bref, éternelle…

Tarte au citron © MR

Côté vins, on se ruine pas et on se régale avec le fruité chénas du domaine Anita 2022 ou le glorieux sancerre clos du Roy de l’ami Lucien Crochet 2018. Avant les douceurs que constituent l’onctueuse mousse au chocolat, le « délice du père Claude », un bien joli flan à la vanille ou encore la délicate tarte au citron. Voilà une adresse  de copains bâfreurs à ne confier qu’à vos amis chers.

Mousse au chocolat © MR