Le Sancerre Rive Gauche
« Paris 7e : le retour d’Eric Lecerf au Sancerre »
La rénovation du bon vieux Sancerre de l’avenue, juste en face de l’immeuble historique Art nouveau à la façade un brin foldingue de Jules Lavirotte,avec ses tables en bois, son grand comptoir, son murs de cadres un rien british, on vous en avait déjà parlé. Anne-Cécile Faye, qui veille sur le lieu avec vivacité et bonhommie, conseillant les vins avec malice, les mets avec emphase, est tombé sur un cheval de retour de grand talent en la personne d’Eric Lecerf. Cet ancien chef de Joël Robuchon, qui travailla 30 ans durant avec le maître de la rue de Longchamp, de l’Astor à l’Atelier Saint-Germain, sans omettre l’avenue Raymond Poincaré, et que l’on connut au Chapon Fin des Marguerite du Park Hôtel à Perpignan, alors étoilé, mais aussi dans sa brasserie gourmande d’Orléans, montre qu’il n’a aucunement perdu la main.
Tout ce que touche cet artiste des fourneaux se transforme en or. Un « simple » oeuf mayo, qui ne l’est pas tant que ça, avec sa mayonnaise aérienne, son oeuf dur presque tendre, un pâté en croûte au foie gras d’une bouleversante acuité, sans omettre un splendide haddock au beurre blanc, et surtout un fameux chou farci, sans nul doute le meilleur de Paris, avec sa farce fine de foie gras, truffe, jarret de veau désossé, chair à saucisse, plus une réduction d’orange au zeste façon osso bucco, qui constitue un chef d’oeuvre du genre : voilà qui donne envie d’avoir là son rond de serviette.
On y ajoute des vins de qualité choisis par la pétulante Anne-Cécile et vantés avec verve : fringant sancerre blanc issu domaine de la Moussière d’Alphonse Mellot, séducteur et élégant bourgogne rouge Haute Côtes de Nuits d’Aurélien Verdet. Et on achève avec un dessert propre à vous faire retomber en enfance : clafoutis aux poires, flan parisien à la vanille, tarte au citron et divine crème brûlée aux gousses de vanille à racler à la cuiller. Une vraie bonne pioche !