Les chuchotis du lundi : Alléno joue la bistronomie, Georges Schmitt rempile, connaissez-vous Bourdoncle? Denz vise 3 étoiles, Giesbert et Ross changent de braquet, Gordon Ramsay à Jérusalem, adieu à Marchesi

Article du 1 janvier 2018

Yannick Alléno joue la bistronomie

Yannick Alléno © Maurice Rougemont

Yannick Alléno s’apprête à faire le buzz parisien en 2018 avec un tout nouveau bistrot sis dans le 7e arrondissement, au sein d’un neuf îlot de luxe, situé entre le 53-57 rue de Grenelle et le 83-85 rue du Bac, à la hauteur du 14 boulevard Raspail. Ce passage très contemporain, jouant sur le verre et la pierre, bâti par le groupe Emerige et l’architecte Franklin Azzi, abritera notamment des échoppes gourmandes de qualité, dont l’une signée Pierre Hermé. Le double trois étoiles de Paris (au Pavillon Ledoyen) et Courchevel (au Cheval Blanc), qui a été quelque peu échaudé par l’échec, sinon critique, du moins commercial, de ses deux « Terroir Parisien », remplacés l’un par un Spoon de Ducasse à Bourse, l’autre par un bistrot moderne plus classique à la Mutualité, alors que son concept était affiné, sa formule rodée, le tout appuyé par un livre manifeste plein d’esprit, fera, cette fois, « bistronomique« , à la fois simple, bon, relax et moderne. Ouverture prévue: mi-mai 2018.

Georges Schmitt rempile

Georges Schmitt © GP

Il était jadis l’autodidacte de charme,  ancien antiquaire et herboriste, devenu le plus malicieux des cuisiniers lorrains étoilés et membre des Relais & Châteaux au Soldat de l’An II de Phalsbourg. Il est devenu, à l’insu de son plein gré, le doyen des bons chefs du Grand Est. A 75 ans, Georges Schmitt, qui avait mis sa maison en vente et assuré qu’il fermerait le 31 décembre 2017, reste fidèle au poste en ce début de 2018, en attendant un repreneur de qualité. Actuellement, Logan Laug, ex restaurateur à Colmar (le Frichti’s), créateur d’une agence spécialisée dans l’événementiel gastronomique (Act’2 Gastronomik Events), proche d’Olivier Nasti du Chambard à Kaysersberg serait sur les rangs pour prendre la suite. Mais rien n’est fait…

Connaissez-vous Thierry Bourdoncle?

Thierry Bourdoncle © GP

Voilà un inconnu célèbre. A moins de cinquante ans, Thierry Bourdoncle, aveyronnais bûcheur – un pléonasme!- qui possède une vingtaine de brasseries bien placées dont Sénéquier à Saint Tropez, la Californie à Cannes,  Paris-London place de la Madeleine à Paris, l’Atlas rue de Buci dans le 6e, le Mabillon boulevard St Germain,  la Palette rue de Seine, l’ex Pub Saint-Germain transformé en pizzeria, sans omettre le Café Charlot rue de Bretagne, le Brébant sur les grands boulevards et le Hibou au carrefour de l’Odéon, vient de créer l’événement à Megève en reprenant l’ex Café Central le transformant en lieu de charme sous le sceau de sa décoratrice fétiche Marie-France Cohen, fondatrice de Bonpoint et de Merci, animatrice de Démodé. Cet hiver, avec cette dernière pièce de son empire, ce Tonton Flingueur de la brasserie, qui adore Saint-Germain-des-Près et aime sentir la mode,  fait un tabac justifié au coeur de Megève . Il sait s’entourer, avec un personnel de sa salle qui sourit et des chefs sérieux drivés par Maurice Guillouët, ancien du Ritz et de Joël Robuchon. Pour tout savoir sur son petit dernier cliquez .

Silvio Denz vise 3 étoiles

Paul Stradner, Silvio Denz, Jean-Georges Klein © GP

Le buzz Michelin 2018 donne sa maison alsacienne gagnante pour la course à la 3e étoile, dont on dit qu’elle pourrait voir la victoire de deux tables en province. Silvio Denz, l’investisseur helvète de la maison Lalique à Wingen-sur-Moder, qui a développé la prestigieuse marque de cristal dans le monde entier, peut en tout cas se féliciter d’avoir créé en lieu et place de l’ancienne villa personnelle de René Lalique, très années 1930, augmentée d’une aile moderne par l’architecte tessinois Mario Botta, un hôtel affilé aux Relais & Châteaux et une grande table drivée par Jean-Georges Klein, venu de l’Arnsbourg à Baerenthal, où il détenait trois étoiles. La maison vient d’accueillir Paul Stradner, l’ex cuisinier deux étoiles du Brenner’s à Baden-Baden, comme nouveau chef exécutif de la maison. Clins d’oeil artistiques (à Damien Hirst, pour un damier de saint jacques aux truffes, à Arik Lévy, pour un « rock stone » en foie gras d’oie), exercices stylés sur des produits de haute volée, quoique pas toujours usité (comme un superbe lapin confit 20 heures) donne de nouvelles couleurs à cette demeure qui fêtera ses trois ans. Le chiffre trois lui sera-t-elle bénéfique? On vous en parle vite.

Alexandre Giesbert et Julien Ross changent de braquet

Alexandre Giesbert et Julien Ross © GP

Ils ont créé ensemble Roca, Roco, Rococo, Daroco, viennent de vendre leur première demeure (sise dans le 17e à Yoann Gerbout, ancien de Guy Savoy et du Ritz, qui y joue la « cuisine d’auteur ») et qui s’avérait trop petite pour leurs ambitions nouvelles. Alexandre Giesbert et Julien Ross, le premier, fils de FOG, cuisinier passé notamment chez Briffard au Vernet et Gagnaire, le second, manager, se sont adjoints les services d’un troisième associé, Romain Glise, chargé de l’opérationnel, qui devrait leur permettre de développer leurs projets. Le premier en date: un tout neuf Zebra, ex Zebra Square, revu en brasserie à la fois ancienne et moderne. Le répertoire sera traditionnel (« façon Lipp ou Galopin« , précise Alexandre), la déco contemporaine, sous le sceau d’Olivier Delannoy à qui l’on doit le style coloré et très tendance de Daroco, dans l’ancien show-room de Jean-Paul Gaultier. Le Zebra nouveau style ouvrira en mai prochain. En attendant tout a été rasé de l’ancienne brasserie d’hôtel, voisine de la Maison de la Radio, signée Patrick Derderian et qui cherchait sa voie nouvelle. Le lieu, en travaux, a été, provisoirement, recouvert de bâches noires avec de grandes photos de produits.

Le nouveau Roca © DR

Gordon Ramsay bientôt à Jérusalem ?

Waldorf Astoria Jérusalem © GP

Propriétaire de la Financière Immobilière Bordelaise, du Trianon Palace à Versailles et du Grand Hôtel de Bordeaux, Michel Ohayon vient d’acquérir le Waldorf Astoria à Jérusalem, bâtiment historique de style ottoman, rénové il y a quatre ans, pour une somme avoisinant les 160 millions de dollars. On sait que ce roi discret de l’immobilier, qui a acquis dans le vignoble bordelais, côté saint-émilion, le château Trianon, où il projette de créer un hôtel de luxe, a des ambitions gourmandes. Son chef « signature » n’est autre que l’écossais bondissant Gordon Ramsay, qui détient une étoile au Trianon Palace de Versailles – qui arbore le pavillon Hilton Waldorf Astoria – avec Frédéric Larquemin et deux étoiles à Bordeaux avec l’israélien Gilad Peled. On se doute alors qu’une table gourmande sous la signature de « GR » sera envisagée rapidement dans le nouveau palace made-in-Ohayon de la ville sainte. Le Waldorf Astoria Jerusalem jusqu’ici jouait les saveurs italiennes anodines dans une table (« The Palace ») chic mais sans panache.

Adieu à Marchesi

Gualtiero Marchesi © DR

Il avait tout inventé, dans la cuisine italienne moderne: les spaghetti froides, le risotto or et safran, le « dripping » de coquillages et de légumes. Premier trois étoiles d’Italie, artiste débridé, professeur souriant, pédagogue agile, créateur inspiré, visionnaire, gestionnaire, homme du monde, Gualtiero Marchesi tire sa révérence à 87 ans. A Milan, comme dans les vignes de Franciacorta, à l’Albereta, il était le Jackson Pollock de son milieu, futiriste comme Marinetti, jamais en retard d’une mode, transmetteur d’idées et passeur d’émotion, formateur de si nombreux chefs, typiquement italien et créatif en diable. Il était à la fois le Senderens transalpin toujours en quête de nouveautés, une sorte de Gagnaire piémontais qui avait toujours le souci de démontrer, doublé d’un charisme à la Bocuse et d’une élégance à l’italienne, Gualtiero Marchesi avait le souci de sauvegarder ses racines. Addio professore!

 

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