La Table au Royal Mansour

Le chef Laurent Chancel © GP

Adieu Marrakech: il y a toujours un moment, ici, où le coeur s’arrache. Pour que l’adieu soit doux, on fait son dernier repas à la Table du Royal Mansour, dans ce jardin admirable et discret, à l’ombre des remparts où les mets délicats et maraîchers passent comme un souffle. Le chef Laurent Chancel, petit gars de Montélimar, passé à la Ferme de l’Hospital à Bossey près de  St Julien en Genevois, sous l’égide de Jean-Jacques Noguier, jadis, joue là une partition méditerranéenne, fine, légère et racée.

Aubergines © GP

Les aubergines tranchées, grillées avec leur mousseline de légumes à peines condimentées, les courgettes au chèvre, le vitello tonnato, la barre chocolatée au caramel ou encore la douce Pavlova à l’ananas vanillé sont d’une infinie douceur. Qu’on accompagne des nouveaux vins du Maroc en vogue: CB initiales en blanc, issu de sauvignon marié au bois neuf ou splendide Tandem à base de syrah, imaginé en coopération par Alain Graillot, le prince de Crozes Hermitage avec le domaine des Oued Thaleb.

Vitello Tonnato © GP

Le service est jeune, dynamique, empressé, sous la houlette du souriant Antoine Santini ou d’Erwann Lance. La cuisine, inspirée par Yannick Alleno, est légère, fine, digeste. Le lieu, presque secret, mais ouvert, est propice à la méditation comme à la songerie heureuse, sous l’égide du sourcilleux Jean-Pierre Chaumard, qui veille en père protecteur sur cette demeure qu’il bichonne avec ferveur. Bref, le lieu est là, magique et royal, complice et familier. La quiétude du Royal Mansour, c’est vraiment à sa table, le temps d’un déjeuner de soleil qu’il faut l’apprécier.

Jean-Pierre Chaumard © GP

Le lieu possède sa magie, garde son mystère, n’ouvre, on l’a dit, qu’en catimini. Y pénétrer c’est l’adopter. Le quitter, c’est forcément avec regret.

Barre chocolatée au caramel © GP