Locanda Cipriani
« Venise: pauvre Locanda de Torcello! »
Le lieu est sublime, l’île magique, avec ses deux églises, son pont du diable, ses jardins. L’hôtel a gardé le charme du passé avec ses cinq chambres simples, mais coquettes. Le cadre enchante. Hemingway l’aima, tant la profusion de clientèle américaine prête à tout pardonner.
Les descendants de Giuseppe Cipriani – qui créa la demeure dans les années 20 et la laissa à sa fille, Carla, la soeur d’Arrigho du Harry’s Bar -, Sabrina Pasini et son mari Bonifacio Brass, gèrent la maison sans être toujours présents sur l’île qui se désertifie. On les comprend. On cherche là – et on trouve – la quiétude absolue, à 45 mn de la place St Marc.
La cuisine ne fait pas dans le génie. Les bigoli aux scampi et artichauts comme gnocchi de pommes de terre au ragoût de sanglier sont tout à fait acceptables. Le loup, en revanche, avec sa sauce safran un peu diaphane et ses chips de courgettes ne fait pas rêver. Comme le foie de veau vénitienne en fines tranches un peu nerveuses, avec ses oignons sautés et sa polenta fadasse, sous-cuite et carbonisée sur le dessus.
Le semi-freddo à la mandarine est gentillet et la glace vanille au goût chimique avec sa sauce chocolat assez médiocre. La gentillesse du service qui a les égards d’un autre âge, la modération des prix et le frais soave de Pieropan fait pardonner bien des choses.
Ma soeur a inauguré une tradition familiale : se retrouver tous les ans (ou presque) à Venise et, au cours de ce voyage, nous allons évidemment à Torcello. La Locanda Cipriani est plus qu’un restaurant (excellent, au demeurant, n’en déplaise à ceux qui n’ont de la cuisine vénitienne qu’une connaissance récente ou la confondent avec ce qu’elle n’est pas). C’est un endroit magique, avec un accueil parfait et des intentions non moins rares : nous y fêtions, il y a un an, un anniversaire et un immense gâteau nous y a été offert. Les enfants – chose rare – y sont les bienvenus. Allez-y !