Chez Géraud
« Paris 16e: Géraud, l’aubergiste de cœur »
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Géraud et son équipe © Maurice Rougemont
Il était le bistrotier de charme du Val d’Or, avenue Franklin-Roosevelt, Géraud Rongier est devenu l’aubergiste de coeur de la Muette, faisant de sa table discrète un lieu à part. On aime tout chez lui: l’ambiance calme, rassurante, provinciale et débonnaire, le décor simple, mais chic, avec sa fresque de Sarreguemines, inspirée d’une scène fameuse du montmartrois Steinlen, le bon sourire de Marcelle, la carte sans chichi qui propose les mets bourgeois de toujours, mais n’exclue pas les suggestions du jour. Plus les vins que propose, au bouche à oreille, Géraud soi-même, avec des mines chafouines de gamin réjoui ou de moine gobichonneur, heureux de ses trouvailles finaudes.
Aujourd’hui, avec la fine tranche tranche de foie gras de canard, proposée en amuse-gueule, il y a l’heureux château de Fesles de 1989, qui appartenait encore au sieur Boivin. Puis le frais mâcon de Michel, parfait sur les grenouilles en persillade (une merveille) ou la poêlée de cèpes. Et puis les Carruades de Laffite dont on arrosera doctement le lièvre juteux, chassée avant hier en Sologne ou en forêt d’Orléans, qui a gardé le goût du frais, avec sa sauce sapide, ses girolles, sa tendreté, ses pommes fruits, plus ses fines pommes de terre croustillants en lamelles façon Maxim’s. Une cuisine de vérité? C’est cela même.
Poularde au vin jaune et aux morilles © Maurice Rougemont
Bien sûr, chez Géraud, on pourrait tout goûter et regoûter à l’envi. Revenir pour les jeunes poireaux vinaigrette aux copeaux de foie gras, les escargots de Bourgogne avec son embeurrée de choux, le croustillant de pied de porc comme le plus léger tartare d’avocat ou les langoustines du jour. Il y a encore le pavé de cabillaud sauce vierge, le ris de veau, la volaille de Bresse au vin jaune et aux morilles ou la tête de veau aux herbes ou pochée sauce crème. Comme une anthologie du bon goût de toujours à la française.
Géraud Rongier © Maurice Rougemont
J’oublie de louanger les desserts d’enfance, comme la poire pochée avec sa fine crème pâtissière, le paris-brest d’anthologie ou le vrai et si moelleux nougat glacé maison. Vous savez quoi? On regrette juste de ne pas venir plus souvent. Pourtant le menu servi tous les jours (sauf le vendredi soir) et tarifé 30 € est là comme une invite. Dites, on y va ensemble?
