Guy Savoy

Tout ce que dit Christian Millau nous passionne. Celui qui fut mon « demi père » en gastronomie (l’autre fut Henry Viard) fêtait ce midi, de fort brillante façon, la sortie de son « petit roman du vin » au 18 de la rue Troyon. Jean-Pierre Gené dont je vous parlais, hier soir, était à mes côtés, François Cérésa non loin, tout comme Bertrand de St Vincent, Philippe Bouvard, Claude Imbert (mon demi-père en journalisme, les deux autres étant Jean-François Kahn et Philippe Tesson), Nicolas d’Estienne d’Orves, Michel Creignou (que je connus chez Gault-Millau il y a plus de trente ans, en même temps que François Simon, et fut, avant celui-là, rédacteur en chef de Cuisine et Vins de France), le tout sous l’égide de Jean-Pierre Tuil, sans qui les dînettes gourmandes et mondaines de Paris n’auraient pas le brio qu’elles ont. Bref, du beau monde. Pour un fort beau repas.

Rouget rôti/farci © GP

Nous étions chez Guy Savoy (« Ce n’était que Molière », aurait dit Musset). Qui avait joué la carte bourgeoise avec brio. Le rouget comme un gratin (presque dauphinois, région native du grand Guy), la déclinaison de veau (filet, jarret) et des cèpes, le dessert exotique,  in fine, s’harmonisaient sans couac avec les vins de l’ami François Audouze, excentrique et passionné collectionneur, dont le Laurent Perrier années (s) 1960 avait un air de savagnin aux arômes noisetés, le château Yquem 1970 une somptuosité enveloppante très grain de vanille et cire d’abeille, plus les crus de Catherine Pergé-Vergé, dont le chardonnay argentin Lindaflor 2009, vif et frais, et le très séducteur pomerol Château Le Gay 2003, avec notes de fruits rouges et de sous bois savamment mêlées, montraient la patte technique (et non maléfique!) du fort habile Michel Rolland.

Décinaison autour du vin et des cèpes © GP

Bref, du beau, du bon, du très bon, dans une grande maison. Pour écouter les belles histoires de vin de l’oncle Christian. Celle du curé St Emilion, qui, pour une absolution, demandait trois Ave, deux Pater et … une caisse de vins. Des Américains saisis par le démon du pommard, du Belge amoureux d’Yquem ou d’incroyables ventes aux enchères sans prix de plafond qui donnent lieu à des contes truculents où l’humour et la cocasserie ont toujours le premier rôle. Voilà un petit livre de convivialité et d’amitié qui fait du bien. A consommer sans modération.

Christian Millau, GP, Guy Savoy, JP Tuil © DR

Le Petit Roman du Vin, de Christian Millau (Editions du Rocher,125 pages, 9,90 €).