Le Laumière

Eddy Zouari © GP

Ne prêtez pas à attention à la terrasse de ce café anodin face au métro. Les choses sérieuses se passent à l’intérieur. Voilà la bonne pioche d’un quartier excentré qui n’en compte pas tant que ça: un lieu insolite avec sa déco kitsch années 1980, façon jardin, sa clientèle très province, ses menus-cartes à tarifs sages, ses plats généreux, ses vins au verre pas bêcheurs. Aux commandes du lieu: le très sérieux Eddy Zouari, qui oeuvra, dix sept ans durant, dans le groupe Flo, passant de chef de cuisine au Terminus Nord à chef de rang au Boeuf sur le Toit avant de diriger la Coupole – ça laisse des traces, et la carte, qui s’inspire des diverses maisons du groupe, le rappelle grandement.

Caviar d’aubergines © GP

Ce bon samaritain attentif et souriant anime la salle avec gentillesse, propose le cru de son coeur du moment (un chenin blanc de Marcel Martin en Loire Atlantique au nez fruité, un côtes de brouilly de Mylène et Daniel Bulliat à Beaujeu assez friand) avec des plats dans le vent. Le classique ici se porte bien. Ce dont témoignent les huîtres et farcies en amuse-gueule, le caviar d’aubergine à la provençale avec son oeuf poché, les sardines marinées au pistou ou les escargots persillés de la maison Valentin.

Quenelle de brochet façon Louis XIV © GP

Le met vedette de la maison? Une quenelle de brochet d’anthologie comme on la pratiquait le Louis XIV, l’institution marine années 1950 du boulevard St Denis (avant que Jean-Paul Bucher le rachetât pour en faire un Hipopotamus): moelleuse avec sa chair fine sans un gramme de farine, avec sa sauce bisque façon Nantua corsée à la carcasse de langoustine – qu’on vous sert avec sa carte postale numérotée, comme le canard à la Tour d’Argent. Il y a aussi le bar (d’élevage, mais label rouge) cuit entier à la plancha et servi avec son tagine de légumes confits à l’huile d’olive ou la belle tranche de foie de veau avec son vinaigre de framboise.

Bar et son tagine de légumes © GP

In fine, le parfait glacé aux fraises des bois avec son coulis de framboises constitue une plaisante gourmandise d’enfance. Mais le riche café gourmand ou les profiteroles au chocolat Valrhona ne sont pas mal non plus. Bref, un bon coût à retenir qui fait un oasis généreux dans un désert gourmand tout relatif.

Parfait glacé aux fraises des bois © GP