La Rotonde

Gérard et Serge Tafanel © GP

« L’Auvergne, disait Vialatte, produit des fromages, des ministres et des volcans« . Mais elle produit aussi des restaurateurs, notamment les Cantalous. Voilà donc les Tafanel qui sont des Auvergnats de la 3e génération, celle déjà bien enracinée à Paris, qui vous accueillent à la Rotonde comme s’ils étaient à la ferme, mais une ferme sophistiquée, revue popu chic, façon velours rouge un tantinet 1900 façon néo-Maupassant.

Le service © GP

Le service est amical, vite complice. Le lieu, qui fut l’un des QG de l’école de Paris, accueillit, en leur temps, Vlaminck et Soutine, Chagall et Braque, Apollinaire et Cocteau, Trotski ou Modigliani, mais aussi Darius Milhaud, André Breton, Louis Aragon, Mac Orlan et Scott Fitzgerald, Ernest Hemingway et Kiki de Montparnasse. Bref, ce n’est plus une table, mais une double page d’histoire. C’est désormais le tout Paris de la politique et de l’édition qui est là aux premières loges.

Saumon façon hareng © GP

Le soir des primaires socialistes, François Hollande vint ici fêter, avec ses amis, sa victoire sur Martine Aubry. Ce midi, c’est Ségolène Royal, rieuse, apparemment ravie, qui descendait les escaliers en habituée des lieux. Ce que l’on trouve là? La franchise du bon produit, la sincérité de l’accueil et un menu-carte à 42 € qui ne triche pas. Gérard et Serge Tafanel, qui ont repris la succession de l’oncle Georges, mènent le lieu avec prestance. Bref, tout ce qu’on aime en Auvergne et que prônait l’ancêtre paysan, Jean, natif de Raulhac, Cantal, et qui n’est point si loin de la Corrèze…

Émincé de pied de porc aux lentilles © GP

On vient là pour les plats du jour changeants, les formules sympas, les vins choisis, les hors d’oeuvre rustico chics: salade de saumon façon hareng avec ses pommes à l’huile, feuille à feuille de chèvre à la niçoise, terrine de pot au feu de Gilles Vérot, joli émincé de pied de porc poêlé aux lentilles vertes du Puy. Il y a aussi l’aïoli de cabillaud, le filet de bar confit au riz sauvage, le gigot d’agneau de Lozère de Desnoyer, le mille-feuille craquant, le vacherin glacé aux framboises et le parfait glacé sauce caramel.

Filet de bar au citron et riz sauvage © GP

Que du sûr et du sérieux sur lesquels le gamay de Marionnet, le pouilly-fuissé de Laurent Gerra (lui-même natif de Bresse!) ou le pinot noir de Lucien Albrecht à Orschwihr font tranquillement merveille. Un détail qui a son importance: on sert doctement le petit déjeuner en formules variées et la terrasse sur le boulevard est vite prise d’assaut aux beaux jours. Qu’on se le dise!

Parfait glacé au café © GP