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L'Arnsbourg

« La meilleure table du monde? »

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Article du 8 août 2010

La salle à manger de l'Arnsbourg © GP

Est-ce la meilleure table du monde? La seule qui fasse l’unanimité autour d’elle? Le seul « trois étoiles » aux prix raisonnables, qui vous transporte et vous bouleverse, sans jamais peser? La plus modeste, la plus discrète, la plus isolée, la plus sympathique?

On est arrivé dans la clairière! © GP

On va dire que je radote. Alors j’arrête et je me concentre sur le vif du sujet. Voilà une table qui ne cesse de m’étonner depuis  de deux décennies. Je l’ai vu évoluer depuis l’époque de Maman Lily. Suis passé devant, en randonner aguerri, au fil des balises rouges du GR53. La maison qui fut un relais pour bûcherons, une table classique, un lieu accort, est devenu progressivement de la cuisine inventive sachant ne pas se couper de ses racines.

Jean-Georges Klein © GP

A la base, le travail en commun de Cathy et Jean-Georges Klein, leur curiosité, leur pugnacité, leur amour de la cuisine, mais aussi des autres, de clients souvent complices, avec qui on aime partager des émotions. Lorsque je reviens chez eux, au fil des saisons, c’est pour le laisser faire, enchanter, séduire, à feu continu.

Cathy Klein © GP

Ces deux autodidactes, frère et soeur, qui ont été voir ce qui se passait ailleurs, en ont ramené des idées en tous sens, pour construire leur propre style. Cathy raconte, veille sur la maison s’entoure d’un jeune service efficace et souriant. Jean-Georges travaille le produit de saison, reconstruit, réimagine, des textures, des parfums, des saveurs, des émotions.

Dampfnudel et cocktail Cardinal © GP

Un repas dégustation chez eux? Une symphonie d’où jaillit des étincelles. Il y a d’abord ces « petits savoureux apéritifs »: petit pain soufflé à la vapeur, genre dampnüdle alsacien, avec saumon et fenouil, le cocktail Cardinal, comme l’apéro du même nom, mais en texture (gel de griotte, sorbet pinot noir, mousse cassis), le croquant de parmesan (feuille de pomme de terre avec parmesan lyophilisé frite), le mini hamburger végétarien (à base de pastèque, ketchup frais, cornichon, tomate en rondelle, oignon rouge), les amandes, en crème enrobée de sucre, l’huître Gillardeau, avec gel orange amer, mousse kumquat, sorbet citron vert.

Déclinaison de tomates © GP

Puis, on commence avec les choses sérieuses. Et cette bouleversante déclinaison sur le thème de la tomate, si complexe, si savoureuse, avec cette assiette qui contient crème de basilic, gnocchi de mozzarella, marc de tomate jaune, eau de tomate Datterino, shizo et crème de basilic, gel de citron jaune, fleurs de bourrache et de serpolet, plus cette mousse yaourt, huile d’olive, sorbet tomate verte, gelée tremblotante de pomelos, et encore ce cornet de tomate avec pointe d’asperge verte, courgette jaune, lamelle de tomate noire marinée à la vinaigrette, copeaux de jambon Jabugo, dés de melon, fromage blanc. Une folie. Mais si joliment goûteuse. Où la saveur de la tomate explose de dix façons différentes.

Doux baisers de foie gras Ispahan © GP

Après cela, il y a les « doux baisers de foie gras Ispahan », hommage à Pierre Hermé qui a conçu le mélange litchie/rose ou au chocolatier Escriba de Barcelone qui affectionne le chocolat en forme de bouche rouge et gourmande, avec une mousse délicate de foie gras rehaussée de rose, jolie et bonne, comme un bonbon. Puis le homard bleu au sureau, avec bonbon de petits pois capucine, son émulsion de lait de coco, son gel de yuzu. Et cet incroyable bar à la plancha, cuit sans peau, flanqué d’huile à l’infusion d’angélique, et surtout cet épi de maïs en texture (oui, le maïs reconstitué avec un rien de crème, sa forme originelle, son goût puissant et si séducteur).

Capuccino de pomme de terre et truffe © GP

J’en oublie au passage? Mais il y les légumes dits d’un pique-nique au barbecue, surmontant, dans une assiette perforée, un sublime oeuf « parfait » (jaune et blanc d’égale cuisson et de consistance) piqué d’oxalis. Enfin, le fameux boeuf Wagyu, tendre et gras comme du Kobé (au degré 9, 10 étant le maximum), avec des frites de polenta genre Pont Neuf, une fine Choron, de l’ail noir. Et encore ce magnifique cappucino de pommes de terre aux truffes, mis au point ici même il y a belle lurette, mais dont on se lasse guère, où le fort parfum du diamant noir est exalté par celui de la pomme de terre comme un souffle.

On épilogue sur les desserts, légers comme l’air (vacherin abricot et reine des près, gelée au xerès, cerises pochées, biscuit aux  noyaux, sorbet à la fleur de sureau, ou encore la tomate soufflée, le yuzu confit et la glace au serpolet). Sans omettre une coup de chapeau à un livre de vins immense, présenté avec science et conscience par un sommelier jadis passé au Buerehiesel, où l’Alsace (muscat de Dirler, pinot gris de Faller, gewurz vt de Trimbach) donne la main au meilleur de la Bourgogne (ah, le pommard les Jarollières 2002 du domaine de la Pousse d’Or!). Et l’on n’oublie pas, in fine, de louer le cadre de ce Relais & Châteaux sobre, blond, doux, boisé, ouvert, de ses grandes baies sur le dehors de la forêt.

Une grande maison, bien sûr. La meilleure du monde? A vous de le confirmer.

L'Arnsbourg

18 Untermuhlthal
57230 Baerenthal
Tél. 03 87 06 50 85
Menus : 65 (déj., sem.), 120, 150 €
Carte : 130-200 €
Site: www.arnsbourg.com

L'Arnsbourg” : 6 avis

  • Je confirme, l’Arnsbourg est certainement le meilleur 3 étoiles de l’hexagone. Créativité, diversité et rapport qualité/prix remarquable dont certains une étoile devraient s’inspirer. Et depuis l’arrivée de Nicolas Multon (ancien de l’Amphitryon de Lorient), la partie dessert a atteint une maîtrise inégalée.
    Mon exceptionnel déjeuner du 24 mars 2012, en voici le déroulé :

    Petits savoureux apéritifs :
    – Dans un panier de bambou, un Dimsun, petite raviole à base de persil garni de shiitake
    – Lait soufflé glacé, crème de cacahuète épicée, noix de coco
    – Petite madeleine aux saveurs de homard & tourteau
    – Last Tango : cocktail délicatement épicé autour d’un Sorbet mangue, mousse Mandarine Impériale & variété d’épices en palet meringué
    – Œuf de caille poché, sauce hollandaise au yuzu et variation de courge

    Cornet de chou rouge garni d’un tartare de saumon, crème épaisse et œufs de saumon – Spaghetti végétal de brocolis et de chou-fleur, saumon fumé enrobé de nori (algue rouge japonaise) – Choucroute, tartare de saumon, mousse de Sour-cream et sorbet moutarde

    Huître, granité de riz noir, émulsion de soja et poudre de cumin

    Ecume de noisettes fraîches, truffe noire & crème de Pierre-Robert, fleur de cacao

    Parfait de foie gras d’oie parsemé de poudre d’amande fraîche, betterave rouge et mûre, compotée au vinaigre balsamique et au miel

    Filet de sole poêlée au beurre noisette, comptée de mandarine et vinaigrette de tanaisie, filet d’anguille marinée au safran, crème de parmesan & purée de pomme de terre

    Émulsion de tiramisu, truffe noire, orge perlée et jaune d’œuf (plat offert par Cathy & JG Klein)

    Noix de St Jacques & différents coquillages et crustacées, fleur de bourrache, sauce hollandaise suivis d’un homard breton, algue tosaka, quelques champignons et huile à la camomille

    Dos de chevreuil et son jus réduit, risotto aux 5 graines et purée de potimarron, compression de cèpes et gel balsamique, sandwich à la mousse de foie de pigeon

    Cappuccino de pomme de terre et truffe noire

    Petites gâteries de fin de repas :
    Marmelade d’orange, gel d’églantine – Mousse de yaourt et croquant de chocolat blanc, crémeux aux agrumes – Sorbet églantine
    Citron meringué version 2012 (extérieur en chocolat blanc, intérieur avec mousse légère et meringue citronnée) sur une pâte sablée
    Meringue aux senteurs de sous-bois (infusion de sciures de bois de hêtre, sapin et chêne), glace aux cèpes, crumble noisette et « mousse de lichen »
    Beignet tiède aux agrumes
    Cinq éléments en découverte (Pâte de fleur de sureau – Chocolat au lait/yuzu – Ananas, gingembre & biscuit – Voiles de sucre aux cèpes et aux épices asiatiques)
    Caramel au beurre salé et truffe au whisky – Guimauve à la fleur d’oranger – Chocolat praliné/sésame et Ganache au yuzu

  • Mais n’oubliez pas d’aller voir Moshik Roth avant qu’il ne devienne célèbre et que le monde entier se rue chez lui!

    =>https://www.gillespudlowski.com/9493/restaurants/il-y-a-un-genie-a-overveen

  • Suis tombé sur votre article en me renseignant sur deux tables 3* que j’aimerai visiter en dehors de Paris: L’Auberge au vieux puits de Goujon et L’Arnsbourg. Deux choix qui cadrent dans la lignée cuisine Francaise Moderne / Fusion. Je dois avouer que L’Arnsbourg m’épate: chaque plat que je vois en photo est éclatant de créativité. Je pense que mon choix est fait.

  • dubuis

    La meilleure table du monde je confirme

  • mouais………

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