La Ferme Auberge Chantacoucou

Cette auberge ? Un pur bonheur. Autrement dit une ferme de rien du tout, perdue en montagne en lisière du hameau du Châtelard, dans la commune vaste de St Martin de Belleville. Les promenades proches sont balisées, les promeneurs de raquette nombreux l’hiver. Les Souchal, qui sont éleveurs, veillent sur leurs troupeaux de vaches et mitonnent des choses exquises à partir des produits de leur propriété. Il y a là les charcuteries maison avec saucissons et tête pressée, issus de leur propre bétail, des pommes de terre venues de leurs champs qui aident à composer des menus imposés qui sont comme des bénédictions.

Bernard, qui est un « étranger » à la vallée des Belleville, est natif de Moutiers. Il sert en salle avec une gentillesse non feinte et une vraie modestie. Josette, qui est fille de paysan d’ici, s’est mise aux fourneaux sans chichi ni prise de tête, cherchant à reproduire les gestes ancestraux : l’art du feu, de la juste cuisson, des mitonnages lents, des saveurs douces.

Ce midi, c’était saucisson de bœuf, fromage de tête de bœuf (ou hure) avec salade de mâche et bœuf séché, onglet au beurre persillé et aillé, plus un merveilleux gratin savoyard joliment crémé – dont René Meilleur le deux étoiles local, dira « je ne ferai pas mieux! » Demain, ce sera entrecôte et gratin de crozets. Et après demain les pormoniers – qui sont les diots, les saucissons du pays, aux choux et aux poireaux – ou le bourguignon braisé. On n’oublie pas les fromages du plateau (beaufort d’alpage, tomme rustique, tommachon tendre, fontine comme en Val d’Aoste) plus une tarte aux poires amandine à fondre sur place.

C’est là du cousu main, du sur mesure, pour quelques heureux entre deux randonnées ou deux descentes à ski. On boit, en outre, le petit gamay de Bouvet à 12 € fruité comme l’onde. Voilà un bonheur des Alpes comme on ne l’espérait plus trop.