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Les chuchotis du lundi : 3 étoiles pour Gagnaire et Momo à Londres, Marc Veyrat à Paris, David Toutain à Maurice, Stéphanie le Quellec entre en Scène, le Prince de Galles change de braquet, Amandine Chaignot lance Pouliche, la Corse selon Romain Barboni, le Moulin de Rosmadec redémarre avec Maxime Crouzil

Article du 14 octobre 2019

3 étoiles pour Gagnaire et Momo à Londres

Mourad Mazouz chez Sketch © GP

On posait crânement la question en mai dernier : « Question à 150 pounds (le prix d’un repas ici même): pourquoi le Sketch n’a-t-il pas trois étoiles ? Toutes les cartes sont là avec un service d’exception, un décor hors norme, avec  la « lecture room » et la « librairy » de l’ancien atelier de Christian Dior à Londres. La mise de table et la verrerie sont à l’unisson. On ajoute, bien sûr, la cuisine auréolée de trois étoiles à Paris du génial Pierre Gagnaire qui signe une carte renouvelée chaque saison et exécutée avec un soin d’orfèvre par le bon élève,  le tyrolien formé en  France, Johannès Nuding. » Le Michelin – une fois n’est pas coutume – nous a entendu offrant une 3e étoile, dans son tout neuf guide « GreatBritain » 2020, au restaurant (« The Lecture Room & Library ») créé dans l’immeuble de Conduit Street à Mayfair, le Sketch, avec sa brasserie, son tea-room, ses espaces ludiques. Derrière cette réussite, un homme, Mourad Mazouz, alias « Momo », qui a créé dans le Marais parisien le 404, le Derrière et Andy Walhoo. Et dont le Momo londonien, près de Picadilly’s, à deux pas de Sketch, continue de faire un tabac justifié. Bravo Momo! Plus curieuse, à 500 mètres du Sketch, la chute du restaurant japonais Araki, qui passe de trois étoiles à zéro…

Marc Veyrat à Paris, au Boeuf sur le Toit et à la Fontaine Gaillon

Marc Veyrat à Manigod © GP

Il continue son combat contre le Michelin (« je ne lâcherai pas et j’irai jusqu’au bout« ), sachant bien qu’il est le seul de son registre à oser défier ainsi le guide rouge. Il paye – ainsi que le lui a confié un de ses collègues trois étoiles – le fait d’avoir refusé de porter la veste blanche que lui tendait Michaël Ellis à la Seine Musicale de Boulogne, alors qu’il n’a jamais reçu le moindre avertissement de la nouvelle direction. Marc Veyrat qui ne mâche jamais ses mots et s’avoue ravi de voir que le public le plus gourmet du monde vient chaque semaine se faire fête dans son antre de Manigod, prépare ses deux prochaines ouvertures. Ce sera au Boeuf sur le Toit et à la Fontaine Gaillon, sous la bannière de Benjamin Patou du Moma Group. Le style sera « bistronomique ». La réouverture de la Fontaine Gaillon, qui appartint à Gérard Depardieu, est programmée pour janvier prochain. Ce sera plus long pour le Boeuf sur le Toit, où de grands travaux sont à l’oeuvre.

David Toutain à l’île Maurice, au château Héritage

David Toutain au château © DR

La botte quasi secrète du domaine Héritage, qui gère plusieurs hôtels de luxe à Maurice dans le sud de l’île à Bel Ombre, dont le Telfair et l’Awali : un château colonial du XIXe siècle, superbement rénové sur deux étages offrant déjeuner champêtre, dîner gourmand avec le conseil de David Toutain. Le magicien de la rue Malar à Paris 7e, qui fut le chef de l’année au Pudlo Paris 2017, a puisé dans la tradition mauricienne, avec les produits locaux, de quoi séduire l’estivant gourmet et gourmand. Une équipe 100% locale sous la conduite du chef à demeure Ram Appadoo et du chef exécutif Dany Lochoo, qui a travaillé avec Richard Ekkebus puis Michel de Matteis au Royal Palm, fait montre d’un vrai savoir-faire livrant des mets franco-mauriciens de grande qualité signés « DT » : cappuccino de pommes de terre et joue de bœuf confite, poulpe grillé en vindaye (ail, moutarde, épices, vinaigre), gueule pavée aux épinards et citron vert,  croustillant choco-banane séduisent en finesse. On en reparle vite.

Stéphanie le Quellec entre en Scène

Stéphanie Le Quellec dans sa nouvelle Scène © GP

Elle démarre en fanfare dans sa nouvelle Scène. Quelques mois après avoir quitté le Prince de Galles, où elle venait de gagner la 2e étoile, Stéphanie Le Quellec remet le couvert avenue Matignon. En lieu et place d’une ancienne galerie, qui fut un restaurant dans une vie antérieure, elle a créé un lieu à part, avec son comptoir, son coin brasserie qui servira d’ici dix jours des plats au gré du marché et où l’on peut prendre café et croissant le matin, plus, bien sûr, la grande table en sous-sol avec sa trentaine de couverts face à une cuisine ouverte, dans un cadre très contemporain signé des designers à la mode Toro et Liautard. La tarte de foie gras au porto – en amuse-gueule-, les splendides grenouilles dorées ou les si jolis rougets « cuits de peur », qu’on avait adoré dans son ancienne Scène du Prince de Galles – elle y fut révélation de l’année au Pudlo 2014 -, figurent notamment, au programme. Cette ex-lauréate de Top Chef 2011 est devenue une toute grande. On vous en parle vite.

Le Prince de Galles change de braquet

Le bar les Heures © GP

C’est le zig-zag gourmand au Prince de Galles. Ce palace de charme au profil modeste, à côté de son grand voisin FS George V pourvu de trois belles tables étoilées mais, avec son beau bar dit « les Heures » et son joli patio Art déco, cherche encore sa voie et fait profil bas. Il y était envisagé la venue de Christophe Saintagne, l’ex chef du Meurice, désormais à son compte chez Papillon dans le 17e, qui devait y signer une carte de tapas. Cette idée semble aujourd’hui totalement enterrée et une nouvelle formule franco-asiatique sur le mode fusion moderne est à l’étude, avec un chef à venir, dans le cadre signé Bruno Borrione où jadis Stéphanie Le Quellec triompha sous le label la Scène. Cette dernière salle est actuellement fermée.

Amandine Chaignot lance Pouliche

Amandine Chaignot © DR

On l’a connue à Paris au Crillon avec Christopher Hache, puis à l’hôtel Raphaël avenue Kléber, toujours à Paris, avant qu’elle ne parte pour le Rosewood à Londres. Elle avait, entre-temps, signé la carte de L’Adjugé à Drouot et, plus récemment, du Jardin du Petit Palais avec Sodexo. Amandine Chaignot ouvre, avec un peu de retard sur son premier objectif de mi-septembre, « Pouliche » au  11, rue d’Enghien, dans le 10e. Elle y livrera une cuisine vive, fraîche, spontanée à travers une carte courte, ludique, raisonnée. Ses créations s’inspireront des ses expériences aux quatre coins du monde, mais également de la nature et des saisons, mettant à l’honneur le végétal dans ses plus jolis atours. Haloumi grillé au sésame toasté, carpaccio de grouse et gelée au whisky à l’orge torréfiée ou encore pagre saisi au jus de coques, mûres, haricots au beurre seront accompagnés d’une cinquantaine de références de vins hexagonaux, ainsi que de jolis cocktails maison. Ouverture officielle : le 21 octobre.

La Corse selon Romain Barboni

Romain Barboni © GP

Il chante, l’opéra ou les cantiques corses, avec sa voix puissante de stentor de charme. Romain Barboni, qui est toujours musicien et entonne, en fin de service, en grattant sa guitare, les belles chansons de son île, n’oublie pas ses racines de Calenzana en Balagne. Cet ancien directeur de l’Alivi, rue du roi de Sicile dans le Marais, vient de créer, avec Alma, son bar/trattoria/cantine, corse, bien sûr, et généreux, dans la passante et gourmande rue Mandar. Jouant les tapas, les plats rustiques, mais chics, relayé en cuisine par la douce Lydia Kebbi. Au programme, les croquettes de tomme et de prisuttu avec leur mayonnaise épicée, les beignets de courgette avec sauce yaourt, miel, nepita, les polpette sauce tomate, la planche de lonzu, la saucisse purée, les croustillants de chèvre au miel et sésame, la burrata et les tomates anciennes ou encore le tartare de loup aux herbes ou encore les gnocchi maison à la crème de truffe et parmesan font bel effet. On en reparle vite.

Le Moulin de Rosmadec redémarre avec Maxime Crouzil

Le moulin de Rosmadec © DR

Les Ruello père et fils, René et Pierre, businessmen oenophiles et gourmets, qui ont ouvert récemment le « Paris-Brest » dans la nouvelle gare TGV de Rennes, viennent d’investir de belle façon dans l’historique cité de Pont Aven. Il ont repris le mythique hôtel des Ajoncs d’Or, qui vit passer les peintres impressionnistes ou proches de l’école dite de Pont-Aven, de Paul Gauguin à Emile Bernard, vont le rénover en trois étoiles de charme avec une table bistronomique. Mais le grand chic de leur présence là-bas est le rachat et la rénovation du Moulin de Rosmadec, qui fut longtemps étoilé sous la houlette des Sébilleau. Ils ont confié les fourneaux à Maxime Crouzil, que l’on connut jadis avec son père Jean-Pierre à Plancoët, qui y eut un temps deux fois étoiles. Maxime, qui travailla pour les Ruello à l’auberge Arduen dans les Côtes d’Armor, à Saint-Launais, a élaboré ici une carte gourmande de haut niveau. Objectif ici-même : récupérer l’étoile comme autrefois.

Maxime Crouzil © DR

Les chuchotis du lundi : 3 étoiles pour Gagnaire et Momo à Londres, Marc Veyrat à Paris, David Toutain à Maurice, Stéphanie le Quellec entre en Scène, le Prince de Galles change de braquet, Amandine Chaignot lance Pouliche, la Corse selon Romain Barboni, le Moulin de Rosmadec redémarre avec Maxime Crouzil” : 9 avis

  • PEINARD BED

    Anne, merci pour votre message… Oui comme vous quand on connaît des personnes qui ont travaillés pour ce Monsieur… C’est pas folichon. Il n’y a qu’à regarder le reportage d’un certain M. Froidevaux sur Bruit de table… Tout est dit !!! plus les autres qui gardent le silence… Comment peux-t-on cautionner de tels personnes ???

  • Bibi 22

    C’est ce qui es noté relisez bien

  • Anne

    Cher Monsieur,
    Comme d’autres, votre parti pris pour MV est insupportable. Il me mérite absolument pas un tel soutient.
    L’écolo de service avec ses grands discours…il suffit de connaître quelques personnes qui ont travaillé chez lui pour savoir que tout cela est mascarade et pipo, le tout arrosé d’un caractère effroyable…
    Donc ce soutien est indécent….

  • JEAN SANCHEZ

    Pauvre Michelin guides.. !..Grande Bretagne 2020 avec Gagnaire à 3 étoiles Pic a 2 étoiles quelle originalité!… Du travail facile sans fond sans prospection… la course au record d’étoiles dans le monde entre chefs !.. Ducasse, Gagnaire, Berasategui, Pic, Gordon R,… les grands influents du guide!… .Bibendum se dégonfle… triste…

  • PEINARD BED

    Bonjour, M. Pudlowski, c’est qui Marc Veyrat ??? Le vieux radote qui crache sur le Michelin après avoir mangé la soupe pendant des années !!! Quand il était au plus mal, il était content d’avoir le Michelin pour lui redonner un coups de pouce et lui remonter son CA, en gros ceux qui ont contribué à sa remontada… Il oublie le chef Veyrat, mais moi ce qui m’interpelle c’est comme Thomas, pourquoi votre parti prit pour ce monsieur ?? La table est bonne et peu chère ??? Bien à vous, et s’il vous plaît il y a tellement chefs qui méritent un papier dans vos excellents Chuchotis que ce chef sur la descente… A paris, il pourra pas couper d’arbre, ou arracher des pavés et puis la concurrence est plus rude que dans sa province, donc pas le temps de pleurer, et puis il sera plus près du Michelin…

  • Mike

    La chute du Araki est tout simplement incompréhensible tout comme généralement les étoiles au Royaume Uni… Indéniablement le niveau d’exigence est bien inférieur à celui de la France. Certes il est difficile de comparer des sushis à la cuisine 3 étoiles « traditionnelle » Française, mais comment ne pas reconnaitre le talent du protégé de M. Araki quand on assiste à une véritable pièce de théâtre ou le maitre vous prépare et vous tends de ses propres mains des Temakis de thon gras mariné à la truffe ou un inoubliable sushis de thon au caviar albinos ?

  • Quedubon

    C’est le restaurant de C. Saintagne qui s’appelle Papillon et non la rue.

  • thomas

    M Pudlo votre parti pris pour Veyrat l’ecolo qui rase la forêt de Manigod est pathétique. vous n’avez pas mieux que des racontards (c’est qui ce 3 macarons qui souffle à l’oreille du dit Veyrat?) .Quand on mangr avec le diable il faut une longue cuiller disait Talleyrand

  • HP

    Araki est retourne au Japon ce qui explique la perte des 3 etoiles.

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