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Les chuchotis du lundi : Bourdain tire sa révérence, la guerre des sushis, Caroline Savoy se dédouble, Beaufour à Bordeaux, Marseault à Crillon, Hay à Orléans, Bazin à St Briac, Pape à Rennes

Article du 11 juin 2018

Anthony Bourdain tire sa révérence

Kitchen Confidential © DR

Il était le rocker de la cuisine américaine, un conteur magnifique, un vulgarisateur de génie, un maître ès communication, fameux pour sa belle voix rocailleuse, ex chef au Bistrot des Halles à New York, devenu animateur télé pour CNN à Toulon. Avec ses faux airs de crooner séducteur à la Leonard Cohen, mince comme un fil, élégant, body buildé et tatoué, Anthony Bourdain avait révélé, dans les années 2000 (« Kitchen Confidential » devenu en français « Cuisine & Confidences »), les coulisses de la cuisine new-yorkaise. Sexe, drogue et autres addictions: c’était, nous disait-il, le lot commun. Anthony Bourdin a été retrouvé, vendredi dernier, pendu dans sa chambre de l’hôtel Chambard à Kaysersberg – dont le propriétaire n’est autre que le MOF et deux étoiles Olivier Nasti -, par son ami Eric Ripert, le chef 3 étoiles du Bernardin new yorkais qui l’accompagnait dans ce voyage. Anthony Bourdin, qui avait 61 ans, était le compagnon d’Asia Argento, semblait brûler la vie par les deux bouts, trouvait sans nul doute que le monde n’allait pas assez vite pour lui. Mais il avait soif encore de découverte. Il était d’ailleurs sur la route des vins d’Alsace pour le tournage d’un nouvel épisode de sa série de CNN « Part Unknown », pour lequel il voyageait dans le monde en quête de belles découvertes, à la fois gourmandes et humaines. Sa devise? « I write. I travel. I eat. And I’m hungry for more. » (« j’écris, je voyage, je mange. Et j’ai encore faim…« ) Alors, pourquoi en finir au milieu d’une si belle aventure? Mais sait-on ce qui mûrit dans le coeur d’un homme?

La guerre des sushis est déclarée

Joël Robuchon à la dégustation © DR

En cuisine au Dassaï © GP

Cyril Lignac avait frappé très tôt avec son Bar des Près, contigüe de sa table de la rue du Dragon, mettant sushis et sashimis en valeur avec une équipe franco-nippone de qualité. Joël Robuchon qui a ouvert, il y a un mois, avec la maison de saké Dassaï, sa table japonaise, doublée d’une boutique-boulangerie-viennoiserie au rez de chaussée, ainsi qu’un bar à sakés (et à vins) au premier, fait un tabac discrètement (au 2e étage) dans ce qui fut la meilleure table thaï de Paris avec Oth Sombath, rue du Faubourg Saint-Honoré, mais qui fit un flop financier. Avec sa garde rapprochée, dont le MOF Eric Bouchenoire, plus un pâtissier exceptionnel, Tadashi Nakamura, il séduit sans mal un public de nouveautés et de gourmandises légères. 3e en date des grands français dans la course nippone à Paris, Yannick Alléno vient, lui, d’ouvrir, vendredi dernier, sa table à sushis (l’Abysse) dans son Pavillon Ledoyen des Champs-Elysées, avec le maestro japonais Tadashi Kawamata. Il joue déjà à guichets fermés, avec déjà deux services le soir (19h30 et 21h30). On attend désormais Ducasse et Gagnaire sur ce terrain là. Mais rien n’est encore annoncé…

L’entrée de l’Abysse © YA

Caroline Savoy se dédouble

Caroline Savoy © DR

Quatre enfants, une société dans le digital qui optimise l’image des chefs (Savoy Inside) , un restaurant qui marche du tonnerre près de  l’Opéra : rien ne suffit à Caroline Savoy, la fille du grand Guy du quai de Conti, suractive, joyeuse et pressée, qui ouvre un deuxième restaurant (V)ivre près du Canal Saint Saint-Martin, au 60 rue de Lancry, en lieu et place de la Patache. Le chef, Julien Didier, a travaillé chez Ripaille aux Batignolles et le menu-carte sera à 39 €. Ouverture prévue : autour du 20 juin.

Fabien Beaufour à Bordeaux

Emilie et Fabien Beaufour © GP

Grenoblois voyageur, passé notamment à New York au Madison Eleven Park de Daniel Humm, mais aussi à Valence chez Anne-Sophie Pic, Fabien Beaufour fut vite étoilé en Poitou-Charentes, à Massignac au Domaine des Etangs, dans un lieu superbe entre parc, étang, forêt, sur 1000 ha. Voilà qu’il s’installe en ville, à Bordeaux, entre quai des Chartrons et Jardin Public, dans un cadre moderne, façon loft contemporain, baigné de lumière naturelle. Nom de code du lieu: le Cent33 Bordeaux. L’adresse: 133 rue du Jardin Public. Ouverture prévue: novembre 2018.

Julien Marseault à Crillon

Julien Marseault © GP

Breton du Finistère, formé à l’Agape de Sainte-Marine, un temps émigré en Corse, sur la baie de San Giula, près de Porto Vecchio,  revenu en pays breton au château de Sable, où il a obtenu une étoile, Julien Marseault repart pour un tour. Manque de moyens dans un bel hôtel de bord de mer, dans une ancienne école où la table gourmande joue « bande à part »? Besoin d’un nouveau challenge? Le voilà en tout cas qui part fin août en Provence. Direction les abords du mont Ventoux et l’approche du comtat Venaissin, avec la reprise en mains de la magnifique demeure créée jadis par les canadiens Peter Chittick et Craig Miller, comme un balcon sur la plaine de Sault. Un beau challenge à défier: celui de retrouver son étoile.

Christophe Hay à Orléans

Christophe Hay © DR

A Montlivault, face à l’église du village, il multiplie les repas à quatre mains (dernièrement avec Edouard Loubet du domaine de Capelongue à Bonnieux), court sur les deux étoiles avec sa belle table dite « la Maison d’à Côté« , tout en surveillant sa table relaxe et contigüe dite Côté Bistrot. Christophe Hay ouvre une 3e maison à quelques kilomètres d’Orléans, à Ardon, qui se nommera la Table d’A Côté. Aux fourneaux, l’un de ses lieutenants de cuisine, le jeune Aurélien Largeau, livrera une cuisine maraîchère et poissonnière au goût du jour. Ouverture programmée le 18 juin.

Martin Bazin à St Briac

Martin Bazin au château du Nessay © GP

Martin Bazin, hôtelier-aventurier – il a participé à l’aventure de Koh Lanta -, fils aîné de Sébastien Bazin, PDG du groupe Accor, qui a créé une petite chaîne d’hôtels de charme – Kraa – bichonne ses ouvertures. Après le Savoy à Méribel et la reprise de la Maison du Bassin au Cap Ferret, il s’apprête à ouvrir les portes du château du Nessay, à Saint-Briac. Vingt chambres toutes différentes, entre l’ancien et le contemporain, donneront un aspect jeune à la demeure. Si les travaux ne sont pas terminés – on a recouvert d’un monticule de terre le blockhaus en béton qui défigurait le jardin-, ils devraient achever pour une ouverture à la mi-juillet.

Guillaume Pape à Rennes

Marlène Breton et Guillaume Pape © GP

La Fontaine aux Perles, dans le quartier de la Poterie à Rennes? Un manoir XVIIIe et ses appendices modernes, comme un îlot champêtre au coeur de la capitale bretonne, qui célèbre grâce à Rachel Gesbert, étoilé et haut en couleur. Alain Nouveau, promoteur immobilier, a racheté la maison, confiant les clés Marlène Breton et Guillaume Pape, tous deux natifs du Finistère, qui se connurent chez Olivier Bellin aux Glazicks de Plomodiern, dont Guillaume fut le second – après le Kilimandjaro à Courchevel et les Pyrénées chez Arrambide. Jean-Yves Crenn, qui tint le Temps de Vivre, à Roscoff, joue là le rôle de conseiller occulte. Et tout ce qui se livre ici dans une salle rajeunie, sous l’égide d’un service motivé, possède du tonus. Araignée de Loctudy, avocat et passion, poireaux et coquillages ou saint-pierre au beurre noisette, artichaut et ravioles d’oignons au cerfeuil sont largement au niveau de l’étoile. On en reparle vite.

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  • Corentin

    Juste une petite correction: La chaine d’hotels de Mr. Bazin est Kaa et non Kraa

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