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Baudoin Arnould et Bernard Pinaud © GP

C’est l’une des bonnes pioches méconnues du 16e arrondissement à deux pas de l’Etoile. C’est à la fois chic, beau, minimaliste, moderne, sans tapage: une sorte de symphonie discrète en gris caviar. C’est signé du groupe Epicure, derrière lequel se cache le maestro Christian le Squer. Le chef trois fois étoilé de Ledoyen  a délégué une partie de son équipe complice avec des jeunes filles souriantes qui donnent un côté pimpant à cette maison sérieuse et très BCBG.

Le jeune service souriant © GP

En salle, le directeur doué d’humour Baudoin Arnould fait merveille, se glissant d’une table l’autre, jouant les conseillers, les confidents, pour un parterre complice. En cuisine, Bernard Pinaud, qu’on connut jadis à la Marée rue Daru, puis chez Marius et Janette, connaît la musique, travaille le poisson comme les produits plus terriens en finesse et fraîcheur. Il y a là un style primesautier, habile, juste, leste, sans chichi d’aucune sorte, mais puisant dans des bases solides et exactes, excluant toute mauvaise surprise.

Crème d'asperges et sa royale © GP

La bonne idée, au déjeuner? Un impeccable menu à 45 € qui fait figure de belle affaire. Le public sage d’avocats, notaires et autres conseillers financiers, abondants dans les parages de l’avenue Kléber, est là aux anges, se régalant sans se ruiner de choses fines et légère. A ce tarif, la crème d’asperges avec sa royale de foie gras, le cabillaud ou le merlu mariné à cru avec ses feuilles de tétragones, ses quelques grenades et un brin de soja pour la note aigre-douce (un peu trop?) se goûtent avec aisance. Il y a encore le joli soufflé pistache avec sa glace chocolat (qu’on aimerait sans doute un peu plus amer) en issue.

Ravioles d'huîtres au foie gras © GP

Mais la carte est également bonne conseillère,  avec un joli saumon cru et mariné, des ravioles d’huîtres au foie gras avec son coulis de cresson absolument superbe de vivacité à la fois maraîchère et iodée, le turbot aux poireaux en grenobloise aux câpres, sans omettre, in fine, le classique caramel au goût de Carambar glacé (et un brin fumé)  qu’on découvrit jadis chez Ledoyen.

Merlu mariné à cru, tétragone © GP

Le soir, le menu est à 62 €. Mais c’est une escapade de six plats, tous excitants (dont le boudin e soufflé au jus de passion, qu’on goûta là au déjeuner il y a deux saisons).Un dernier coup de chapeau à la carte des vins, extraite des belles idées de la cave de Ledoyen, gérée par l’épatant Géraud Tournier, dont un Château Bellevue de Tayac signé Thunevin (à 60 € le 2007) qui fait une grande bouteille à prix de raison.

Soufflé pistache glace chocolat © GP