Mosconi
« Luxembourg: Mosconi revient en scène »
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Si vous suivez fidèlement ce blog, voilà une table italienne qui n’a pas de secrets pour vous, qu’on suit depuis l’origine, que le Michelin a secoué il y a trois ans en lui enlevant une étoile et qui a retrouvé aujourd’hui la 2e. Ce qui a changé? Rien, à dire vrai. Sinon que les inspecteurs ont fini par se rendre compte de leur bourde, en se disant que cette maison ne joue depuis belle lurette que la compétition au sommet.
Campionissimo, Ilario! Qui joue la simplicité en majesté, la qualité des produits au superlatif, la justesse des goûts avec raison, sobriété, efficacité, talent. Ce que nous donne cet ancien homme de salle mué depuis trois décennies, depuis ses années au Domus à Esch, rue Brill, en maestro de cuisine de haute lignée? Les meilleurs produits de toute la Botte au service d’une cuisine de saveurs et de goûts nets: voilà sa méthode. Relayé en salle par la drôlatique Simonetta et par un personnel de salle aux aguets, avec une cave adéquate, dans un cadre de demeure particulière d’un grand raffinement, sa manière flirte avec les sommets.
La meilleure table italienne hors la Péninsule, c’est bien ici qu’on la trouvera, rue de Munster, dans l’historique quartier du Grund, là où la Pétrusse rejoint l’Alzette et son cours bouillonnant, qu’il faut la chercher. Les abords sont « ingarables », on peut venir directement en ascenseur depuis le coeur de ville ou laisser son véhicule au voiturier que la maison partage avec son (exquis) voisin japonais Kamakura et se laisser faire. Les grands émois vous sont alors promis. Un repas ici ressemble à un voyage.
Si Ilario est originaire de Lombardie et Simonetta des Marches, ils savent emprunter à toute l’Italie, de Calabre en Piémont, en passant par la Toscane et la Sicile, le sens des saveurs justes, de ses belles pâtes, de ses huîtres, de ses viandes, de ses truffes, de ses inspirations maritimes ou végétales, légères et rustiques-chics, avec des produits cherchés en direct ici et là . Des idées de ce que vous allez trouver là : de savants amuse bouches avec des gnocchis minute (frits au cabillaud et olives taggiasche) à fondre, des classiques malicieux déjà entrevus dans la maison, comme cet exquis « fritto » un « po misto« , unissant langoustine, calamaretti, rouget et sole, à peine frits, à plonger dans une sauce aigre douce et mayonnaise à l’origan.
Ensuite? Un plat de pâtes à se mettre à genoux en saison de « tartufi d’Alba »: les tortellini à la fonduta de parmesan et fontina, truffes blanches et tartare de veau fassonne. Et aussi le poulpe à la plancha, crème de pois chiches, noisettes du Piémont, oignons et mayonnaise au romarin. Et puis les conchiglioni (ces pâtes façon coquillages) à l’aubergine parmigiana, tomate ultra fraîche et pince homard. Et encore les fiochetti – ces « pompons » de pâte – à la farine de châtaigne, faisan, girolles et marrons, qui font un grand plat d’automne.
L’entrecôte de veau « sanato » du Piémont à la milanaise, sa fine chapelure, ses endives à l’orange, son parfum de truffe blanche s’imposent ensuite. Avant que n’arrivent les douceurs comme la passata de kaki avec sa crème glacée au gorgonzola, puis le fin Mont-Blanc avec sa sauce mandarine, sa glace châtaigne. Là dessus, des vins superbes viennent en orchestration légère, comme ce pinot blanc Vorberg du Haut Adige de la Cantina Terian et le Brunello di Montalcino de chez Casanova di Neri, comme un hommage rubicond à l’Italie heureuse, celle fêtée ici avec superbe et sans fausse note.