Aux Trois Cochons
« Lyon: le tout cochon façon Chabert »
Chabert père et fils ? On vous en parlera tout l’heure. C’est en tout cas, sachez-le, une des maisons vedettes de la mince rue des Marronniers où abondent les bistrots et bouchons en tout genre. Le rôle de star de cette venelle gourmande est tenue depuis un quart de siècle par la famille Chabert, alias Gillin, alias Midroit. Xavier le gendre et Stéphanie la fille de Jean-Pierre, le fondateur de la maison, hélas décédé, sont aux commandes.
Le nom, fictif, de Chabert ? Il vient d’une expression, lyonnaise, de joueur de boules, reprise tant et tant de fois par Jean-Pierre Gillin. « Bien tiré, Chabert, pointons! » Ce bistrot-ci, voué aux cochonnailles, avec ses fresques dans les salles du première étage, son rez de chaussée au plafond bas, ses nappes à carreaux, donnent l’idée d’une demeure intime. Même si on peut y accueillir quelques quatre vingt couverts.
Aux fourneaux, le chef Philippe Moy, passé notamment chez Orsi et Lacombe, cuisine simplement mais justement la tradition. Témoins, ces plats roboratifs, solides, généreux, qui ont nom salade aux oreilles de cochon confite, « cochonnaille géante », couenne, saucisson, queue et pied de cochon, boudin aux deux pommes, saucisson chaud et cervelle de canut, araignée de porc à la pointe d’ail et pommes sautées ou encore le gras double poêlé à la lyonnaise (oignon, ail, vin blanc) avec sa crique de pommes de terre.
Bref, si vous n’aimez pas le cochon, allez vous faire traiter ailleurs! Même si d’autres mets figurent sur la carte joyeuse: escalope de saumon à l’oseille fraîche et riz pilaf ou poulet à la crème comme en Dombes et son gratin dauphinois. Les escargots à la crème d’ail ou la salade de pousses d’épinard aux foies de volaille figurent également au programme. Il y a même un « menu guinguette », proposant la friture de jols comme en bord de Saône ou les grenouilles à la persillade. Même si l’esprit canaille de la demeure se comprend fort bien à travers ses « lyonnaiseries ».
On ajoute que le saint-marcellin de la mère Richard, le fromage blanc à la crème fraîche, comme la mousse au chocolat noir, la crème caramel et le vertueux « gâteau lyonnais » – un quatre quarts aux pommes et praline avec sa crème anglaise anisée -. Bref, avec toute la théorie des crus de beaujolais, on n’est pas malheureux aux Trois Cochons…