Le Petit Sommelier de Paris

L’équipe © GP

Le lieu ne paye pas de mine, avec sa façade de brasserie parisienne pour touristes, face à la gare Montparnasse, son cadre Art nouveau très néo, son air de Maxim’s pour budgets moyens. Pourtant le lieu mérite le détour et la halte, jouant le bon rapport qualité-prix. Le jeune patron, Pierre Vila Palleja, qui a fait se hausser du col l’affaire familiale, a travaillé dans de grosses maisons, Ritz, Crillon, Lasserre (avec Antoine Pétrus), a imaginé une cave immense avec de nobles flacons, sert au verre des choses exquises, pas toujours connues.

Tartare de dorade © GP

En cuisine, officie le modeste Nicolas Bouillier, qui fut, cinq ans durant, l’adjoint de Bernaud Pinaud au Etc de Christian Le Squer. Et tout ce que goûterez ici est d’un sérieux qui étonne: jolies présentations, alliances de goûts sages et sûres, fraîcheur assurée. Des idées de ce qui se propose: le tartare de dorade citron confit à l’émulsion de betterave, l’assiette du jardinier avec les légumes du moment, la rémoulade ce céleri aux pommes granny et maquereau mariné. Autant d’entrées esthétisantes, mais bien dominées.

Saint-jacques © GP

Qu’on chassagne-montrachet de Bernard Moreau ou un crozes-hermitage mettra en valeur, comme un Louro espagnol de Rafael Palacios. On ajoute les jolies Saint Jacques aux topinambours et châtaignes, le suprême de pintade avec sa pâte-riso  jambon blanc truffé et blettes, la fine pluma ibérique avec sa purée de patates douces, qu’un vacqueyras (sans bois) Montirus ou un viognier de chez Xavier Gérard à Condrieu escortent avec gentillesse.

Suprême de pintade © GP

La fin ne déçoit pas: glace artisanale vanille/pistache, tarte citron meringuée sur pâte sablée, baba au rhum en forme de bouchon avec sa crème fouettée et ses raisins secs, qu’un double magnum de porto Barao de Vilar met en valeur. On ajoute le service de briscards qui aurait pu figurer avec Yves Montand dans « Garçon! » de Claude Sautet. Bref, un lieu insolite, recommandable et savoureux…

Tarte au citron © GP