Jean-François Piège - Le Grand Restaurant
« Paris 8e: Piège, la grande émotion »
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Il a pleinement réussi son pari, imposé sa marque, jouant les classiques rajeunis, prônant les mets bourgeois revus, vantant, plat en main, tournant dans la salle, le « mijoté moderne », sans omettre les chips en tout sens, dont il est fan, jouant la singularité en bannissant l’esbroufe, la modernité sans jamais renier la tradition. Le Grand Restaurant ? Sa chose, son temple, avec sa trentaine de places assises, sa salle modeste mais si chic, façon couloir élégant sous verrière en forme de diamant découpé en noir, gris, blanc, qu’on découvre après une cuisine de marbre apparente, où toute l’équipe vous souhaite la bienvenue. Il y a ces murs de béton élégant en grisé façon bois, ses appliques Baccarat, ce service policé, cette carte des vins propre à donner le tournis, ces menus malicieux, ces plats signatures qui indiquent bien que Piège est enfin Piège, et rien d’autre.
Une entrée en matière? Ce seront les préludes malicieux qui ont nom « air de baguette » au parmesan ou fine feuille de cacahuète au sésame noir et crevette à l’aubergine. Après, les choses sérieuses ne tardent pas à arriver – le personnel de salle, réglé comme un ballet, est prompt à la détente. Ainsi, l’incroyable pomme soufflée farcie de crustacé au caviar de Sologne, qui cache en sus une gelée de crustacé au caviar vous procure un grand moment d’iode comme un coup de fouet. On l’a bien compris. Le « truc » de Piège: c’est bien de provoquer la grande émotion sur chaque met, chaque instant gourmand choisi.
Sa version du gâteau de foies blonds selon Lucien Tendret, prince de la cuisine bressane, au pays du Bugey, avec ses écrevisses au jus, indiquent bien où le porte son coeur: du côté du regretté Alain Chapel en Dombes. Cette cuisine grande bourgeoise sublimée – qui fit jadis perler une larme au coin de l’oeil de ce grand sensible d’Henri Gault, lorsqu’il trempa sa cuiller dans la si fameuse « royale » à Mionnay – revit au 7 rue d’Aguesseau. On suggérera simplement que la nouvelle présentation mousseuse de ce gâteau, façon émulsion, ne rend pas justice à la réalité de ce plat grandiose et sublimé.
A l’inverse, la langoustine juste raidie avec ses feuilles de blé noir, sa nage de sucs concentrés ou le cabillaud nacré de Noirmoutier avec ses cèpes et son splendide condiment vert dit joliment « ciboulail » sont dignes de tableaux océaniques autant qu’ils constituent des monuments de fraîcheur marine. Un grand bravo encore aux formidables spaghetti cuits dans une eau de parmesan flanqués d’un jus truffé, mais aussi d’une splendide poitrine de cochon du Sud Ouest, avec la couenne soufflée et le museau en salade. Un plat de seigneur paysan pour hobereau gourmand en bottes de cuir !
Les desserts, comme le mystérieux et si joli blanc-manger délivrant une démoniaque crème très vanillée, le chocolat grand cru avec sa « neige » de framboises ou encore les fraises des bois, surmontées d’un palmier en dentelle et rafraîchies d’un « Perrier rondelle » façon sorbet à l’eau pétillante et citron sont tout de malice et fraîcheur mêlées, avec la complicité de la petite pâtissière Nina Métayer. Et, in fine, la crème aux œufs à la bergamote, servie dans une boîte raffinée avec sa cuillère délicate, comme le rond chocolat qu’on brise sur la table, livrant des fruits secs en surprise, participent de ce même bel esprit espiègle.
Bref, voilà un grand restaurant qui mérite son nom, mais qui oublie, heureusement, d’être guindé, où l’on ne s’ennuie pas un seul instant. On n’a d’ailleurs pas le temps. Cela tournoie, bouge, zigzague, la salle s’anime comme un théâtre, le service glisse avec élégance. Et les vins – on ne va pas les oublier! – participent avec une fière aisance à la fête: les chapitres sont passionnants dans tous les vignobles et à tous les prix, la Bourgogne étant particulièrement choyée.
Au verre, on se fera infiniment plaisir avec le très joli champagne de Ludes, franc, vif, noiseté, de chez Bérêche et fils « Terres de Montagne et Vallée », avec l’incroyable bourgogne blanc aligoté de Lalou Bize-Leroy au domaine d’Auvenay (en 2007!), très miel, vanille, cire d’abeille, pain toasté et beurré, sans omettre la grandiose côte rôtie de Mathilde et Yves Gangloff à Condrieu – du jus de violette façon syrah en mode majeur.
Bref, voilà une demeure nouvelle qui créée l’événement, impose son style, dans le ciel fort chargé de la rentrée, et un chef qui creuse son sillon comme on pose sa marque, en enfonçant le clou avec un talent rare et des idées tourbillonnantes. Le Grand Restaurant: c’est brillant, c’est gourmand et c’est … grand !
Une fois de plus Chef Piège m’impressionne.
J’en ai l’eau à la bouche
Respect pour Jean Francois pour son superbe combat à vouloir ouvrir son propre restaurant Haut au Niveau.
Le voilà maintenant installé …..je hate déjà voir la suite
Je suis certain qu’il va continuer à nous en mettre bientot plein la vu
avec du vrai Jean Francois Piège !
Un des plus beau répertoire de la cuisine francaise à lui tout seul
Je serais etre patient pour connaitre cela, avec je me l’espère la chance de gouter à ces plus belles créations abouties
Tout mes voeux d’encouragements
Merci
Merci GILLES pour ce superbe article sur Ce Chef de La Haute Gastronomie Française !!
Vous me mettez » l’eau à la bouche » et grâce à vous(entre autres!), je vais aller découvrir Cette Table au cours de l’automne.
BRAVO et MERCI pour votre SUPER Blog très enrichissant et plein de bons conseils !!
J’ai hâte d’y aller pour écrire une autre critique sur tripadvisor car c’est elle qui obtient toujours le plus de lecteurs. A juste titre vu la haute couture de la brigade qui oeuvre en cuisine. Du grand art, un futur tri étoilé en fait. Tanneguy Hellio Bruxelles
J’ai reservé une table pour mon prochain passage à Paris. J’ai toujours adoré les menus de JF Piège quand il était au Crillon. Espérons que Michelin lui donne cette fois ci les trois étoiles qu’il méritait déjà au Crillon
c’est beau comme du Verlaine,quel appétit,c’était le menu à combien,ras le bol de cette flagornerie.
Des vins à tous les prix ? On aimerait bien en savoir un peu plus… Par exemple, connaître les tarifs des bouteilles les moins chères de cette ‘carte propre à donner le tournis’.
Combien, au juste, pour les verres des trois vins cités dans ce coup de coeur ?
Je n’ai qu’une hâte, allez réserver une Table chez Jean François…
Et vivre un « Grand moment » de Gastronomie…
Chocolatement votre.°.