A la Fontaine Gaillon
« Chez Gégé de Néchin (la Fontaine Gaillon, Paris 2e) »
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La Fontaine Gaillon © GP
Il est le plus populaire de nos grands comédiens belges, le plus gourmand aussi. Propriétaire d’une poissonnerie rue du Cherche-Midi, d’un bistrot tout voisin (le Bien Décidé), Gégé Depardieu est également vigneron multi-carte, et bien sûr, depuis quelques années, le propriétaire associé et animateur de la Fontaine Gaillon, dans le bel hôtel particulier imaginé par Jules Hardouin-Mansart en 1672 pour le sieur de Frémont, gardien du Trésor Royal. Le lieu, qui fut aussi la demeure du Maréchal duc de Lorges, puis de la princesse de Bourbon-Conti, fille des amours infidèles de Louis XIV et de la duchesse de Vallières, abrita quelques films célèbres dont « l’Etau » d’Hitchcock, qui y tourna une scène capitale avec Philippe Noiret et Michel Piccoli en très dignes espions à la française, dans le beau salon de la Michodière…
Salon la Michodière © GP
On passe sur les légendes qui s’attachent à la demeure. Mais on n’oublie pas le salon décoré d’estampes chinoises fort grivoises, mises en place et en scène par Carole Bouquet. Ni le clin d’oeil amusant au maître de céans avec la figure géante d’Obélix veillant devant les toilettes au premier étage. On signale qu’une petite annexe se trouve juste en face, à l’enseigne de l’Ecaille de la Fontaine, sachant que, ici comme là, le poisson et les crustacés sont les rois du lieu, sous le sceau de Laurent Audiot, chef associé, qui fut jadis le maestro des fourneaux de Marius et Jeannette. Le beau produit marin témoigne d’une fraîcheur sans faille, d’une qualité au top, meublant une carte courte, qui ne triche pas.
Ravioles de crevettes au persil chinois © GP
Tartare de saumon aux huîtres © GP
Tourteau au pamplemousse © GP
Tourteau frais dans sa pureté au pamplemousse, tartare de saumon aux huîtres de Marennes, ravioles de crevettes à la pâte extra fine au persil chinois, coquilles saint-jacques sautées aux artichauts, filet de bar rôti aux légumes d’hiver sont nets, vifs, iodés et sans bavure. Pour un peu, et avec un brin d’imagination, on imagine le vent de la Mer du Nord frapper derrière les vitres…
Saint-jacques aux artichauts © GP
Bar rôti aux légumes d’hiver © GP
En dessert, millefeuille craquant à la vanille et cheese-cake framboise sont au sommet de leur registre. Et, là dessus, le pinot noir de Blanck à Kientzheim se boit comme un élixir de jouvence. Mais les vins du grand Gégé (blanc de Tigné en Val de Loire ou rouge d’entre les vignes de Meknès et de Bordeaux) figurent également à la carte. Cadre cosy, service affable et jolis salons.
Millefeuille à la vanille © GP
Cheese-cake aux framboises © GP
La terrasse est très belle et attirante par ces températures. Au delà le service assez moyen et le rapport qualité/prix dans l’assiette pas terrible ne donnent pas forcément envie de revenir…
Le tourteau au pamplemousse est parfait de fraîcheur, le merlan colbert accompagné de sa purée maison est d’une grande générosité, tout cela sans chichis ni fioritures. La carte des vins mériterait d’être étoffée, on peut toutefois se faire plaisir par exemple avec un suavissime cote-de-beaune de Chantal Lescure, tarifé ici plutôt raisonnablement, vu la qualité (56 €). Certes, on casse un peu la tirelire, mais si l’on ajoute le plaisir de la terrasse et le spectacle de la fontaine aux beaux jours, on se dit que l’on n’a pas vraiment perdu son temps…