Le Comptoir du Monde

Bernard Fargeau au Comptoir du Monde

Il était l’aubergiste jeune, dynamique, bcbg des années 1980, avait racheté aux enchères les couverts en argent, ciselés et gravés, du fameux et défunt Villars-Palace de Villars-sur-Ollon en Suisse. Son idée folle: être le premier étoilé marin sur le Montagne Ste Geneviève. Le combat contre une voisine célèbre (Anne Gaillard, pour ne pas la nommer) l’a épuisé. Mais l’éclat du lieu reste en mémoire des gastronomes de l’époque.

Bref, si Bernard Fargeau tenait, il y a vingt ans, son Villars-Palace dans le 5^e, grande table marine, chic et bien mise., il a cédé, entre temps, à son « autre passion » : la danse et la musique, à l’enseigne du Divan du Monde à Montmartre. Le revoilà faisant son coming out gourmand, en baba cool assagi, livrant une partition neuve dans un lieu affable. La formule du midi (rillettes, cabillaud au beurre blanc, foie de veau à l’anglaise) est gentillette, pas chère, quasi donnée.

La terrasse sur la courette est dépaysante, la salle intérieure avec ses ajzulejos a le caractère andalou et les tapas (jambon ibérico, chorizo, pan con tomate pimenté, crevettes sautées, calamars poêlés, mais pas assez) mènent en Espagne, comme le délicieux Rioja el Coto (à 22 €: une affaire!). Le sandre est, lui, à la scandinave et la salade Melina Mercouri grecque. La glace à la noix coco rôti fait retomber enfance. A deux pas de la gare de l’Est, c’est une affaire qui déménage, à noter sur ses tablettes.