Le Patio au Yaca
« Saint-Tropez : quand Pantaleo de Pinto met l’Italie en VO »
Retour au Yaca pour notre notre correspondant de la Côte d’Azur, Alain Angenost, incollable sur la presqu’île tropézienne …
Au cœur du Saint-Tropez historique, le Yaca est un petit bijou hôtelier dont le discret écrin rappelle les années BB. C’est aussi le dernier hôtel de luxe et intimiste tropézien appartenant à une famille française. François Huret, qui a succédé à son père au début des années quatre-vingt, le gère, avec sa charmante épouse Laurence, d’une main de maître. Dans une approche néoclassique aux tons noirs et blancs avec marbre dans les salles de bain, les trente-quatre chambres et suites ont été toutes superbement rénovées jusqu’aux moindres détails.
Que l’on soit connu, reconnu ou non, on est sûr de retrouver dans cette adresse privilégiée la sérénité et la détente que tant de happy few cherchent loin des paparazzi. Les fameux cocktails de Christian Sauzeau-Bertin dans son bar repensé par le designer Matteo Gennari en sont le prélude avant de s’attabler au Patio, le restaurant maison élégamment rénové lui aussi ou sous les larges parasols en bordure de piscine, dans la fraîcheur de la soirée enluminée par les éclairages tamisés.
Depuis belle lurette, la cuisine transalpine, qui a tant de succès sur la presqu’île, fait ici le bonheur des habitués. Encore plus depuis l’arrivée l’an dernier du chef Pantaleo de Pinto dont le parcours professionnel parle pour lui avec force. Après s’être construit à l’hôtel Lotti à Paris, auprès de Gualtiero Marchesi, le Bocuse italien, qu’il suivra à Erbusco en Lombardie, il épaulera Philippe Labbé à La Chèvre d’Or d’Eze-village, Joël Robuchon à l’Atelier de Paris 7e et Christophe Cussac au Métropole de Monaco. Il partira ensuite en Grèce comme chef exécutif de l’hôtel Cavo Tagoo à Mykonos, puis à l’Opéra d’Athènes, avant de revenir faire une saison au Coucou de Méribel.
Avec un chef de cette pointure, on espère que le guide rouge va enfin se pencher sérieusement sur cette cuisine italienne pimpante, pleine de charme, originale et authentique, concoctée avec passion. On craque pour la tomate, eau de tomate en gelée, estragon, focaccia blanche, la fleur de courgette à la ricotta et melon, les savoureux spaghetti « Gentile » avec huile, ail croquant, piment, crevettes rouges, caviar et les succulents paccheri aux langoustines, tomates confites, céleri, marjolaine, jus de langoustine.
On aime tout autant le poulpe rôti dans sa présentation sur barbecue de table et son accompagnement, un houmous aux zestes d’agrumes et yaourt grec. Le filet de veau à la milanaise, fumé aux herbes, avec sa sucrine au sabayon d’herbes et anchois en escorte de grande classe, constitue, à l’évidence, un modèle du genre.
On ajoute que, depuis cette année, le maître ès douceurs est le très talentueux sicilien Marino Carlo, qui donne du tonus à une fin de repas ici même. Ainsi avec ses fins cannoli comme en Sicile à la ricotta et aux zestes d’orange ou encore l’épatant « Torino-Saint-Tropez » aux noisettes du Piémont, tous deux fort joliment troussés. Belle carte des vins en rapport (dont un superbe barolo Prunoto 2018) et service aux petits oignons.