3

Les chuchotis du lundi : on n’arrête pas Jean Imbert, dans la famille Imbert on demande Léopold, Frédéric Doucet bourguignon magnifique, Thibaut Spiwack candidat Top Chef dans l’air du temps, Jean-Michel Carette le poète de Tournus, le Comptoir remplace les Fables, adieu à Anthony Hubault, les Bénard de père en fils

Article du 21 février 2022

On n’arrête pas Jean Imbert

L’arrivée de Jean Imbert au Plaza © JI

La rumeur Michelin lui attribue deux étoiles dans le prochain guide rouge France 2022. Le carnet de réservations de sa table gastronomique du Plaza Athénée ne cesse de se remplir. Le Relais-Plaza fait un succès à feu continu. Jean Imbert s’apprête à ouvrir, début mars, sa table au sein de la boutique Dior de l’avenue Montaigne, avec la complicité de son chef exécutif du Cheval Blanc Saint-Barth, Anthony Clémot, qu’on connut jadis aux côtés d’Antoine Westermann chez Drouant et ailleurs. Et pendant ce temps-là, il reçoit la belle récompense du Q d’Or, décernée par l’émission « Quotidien »de Yann Barthès à TMC, en étant le premier chef non étoilé à y avoir droit. Reste qu’on n’arrête pas Jean Imbert qui sera cet été à nouveau chez « To Share » à Saint-Tropez, et, très bientôt, de retour, par l’intermédiaire de son frère cadet Léopold dit Léo, rue La Fontaine, à Auteuil.

Jean Imbert reçoit son Q d’Or © GP

Dans la famille Imbert, on demande Léopold

L’ex Mamie en travaux © GP

Ce fut l’Acajou, puis Mamie, la table de Jean Imbert, au 35 bis Rue Jean de la Fontaine, à Paris 16e, côté Auteuil, dédiée aux plats de sa grand-mère. Ce sera bientôt le restaurant de Léopold, 25 ans, le frère cadet de Jean, à  qui ce dernier prête sa table, et qui a travaillé, en salle, aux « Bols de Jean », puis avec Laurent de Gourcuff pour Paris Society. Le nom du nouveau lieu, actuellement en travaux, n’est pas encore trouvé. L’ouverture devrait se faire dès le 7 mars, et la cuisine devrait être bistronomique, avec des idées de tradition revues au goût du jour. La galerie de Raphaël Imbert, l’autre frère de Jean, contigüe du restaurant, est transformée, elle, en espace de co-working.

Frédéric Doucet bourguignon magnifique

Frédéric Doucet © GP

Il est le fils de son terroir, de ses racines, le Charolais, en la capitale de cette région joyeuse et douce qui figure un pays de cocagne. A Charolles (Saône-et-Loire), la « petite Venise du Charolais », au confluent de l’Arconce et Semence, avec les canaux qui la sillonnent, enjambés par ses passerelles, non loin de la tour du château, il est un cuisinier à la fois royal et bourgeois, gentilhomme et modeste, comme l’était jadis Bernard Loiseau à Saulieu pour le Morvan et Marc Meneau à Vézelay près des monts de l’Auxois. Un bourguignon, fier de son pays, passé jadis chez Orsi, Bocuse, Troisgros, grands voisins roannais, puis, près d’Oxford, brièvement, au Manoir des Quat’Saisons  de Raymond Blanc, revenu tôt au pays, rénovant de fonds en comble la maison familiale, devenue sous sa gouverne un hôtel moderne et de grand confort, affilié aux Relais & Châteaux, rachetant le café d’en face devenu son bistrot gourmand et de charme. Frédéric Doucet? Un bourguignon exemplaire, côté Sud, mais qui rallie à lui seul toutes les vertus gourmandes de la région, mettant en valeur ses produits et producteurs, qui rend hommage aux traditions, les revivifie avec subtilité. Deux étoiles en ligne de mire… On en reparle vite.

Thibaut Spiwak concurrent Top Chef

Thibaut Spiwack © DR

Il est le candidat « éthique et éco-responsable » à Top Chef version 2022. 35 ans, ancien d’Alain Ducasse au Jules Verne, Philippe Legendre et Eric Briffard au V, Alain Senderens au Lucas-Carton, qui fut un temps chef de l’Hôtel Particulier dans le 18e, a fait d’Anona, sa table moderne, tendance, drôle, design, du boulevard des Batignolles à Paris 17ème, avec son cadre clair, pimpant, lauréée d’une étoile verte au Michelin. Son style? Tout réutiliser, ne rien jeter. Un exemple? L’agneau de Férolles et son assiette zéro déchet pour lequel il achète l’agneau entier et utilise l’intégralité de la viande. Les os et parures de viandes sont utilisés pour faire le jus, la côtelette est rôtie accompagnée d’une nougatine d’ail, la selle est farcie au pruneau et olive de Kalamata. Le gigot est confit et l »épaule d’agneau relevé de ras el hanout. Le tout est flanqué d’un pruneau farci aux abats, la garniture décline le butternut en palet, purée, émulsion et brunoise, additionné de graines de courge. Voilà un candidat Top Chef bien dans l’air du temps…

Jean-Michel Carette le poète de Tournus

Jean-Michel Carette © GP

Il est le petit prince de son village gourmand, a repris, tôt, la succession de son père Michel, déjà étoilé, décédé trop jeune,  après ses étapes gourmandes à Lyon, Londres, Genève et d’abord chez Troisgros à Roanne. Jean-Michel Carette, cuisiner artiste, cerne son territoire, mais sait s’en évader pour raconter sa propre histoire. Avec son épouse Amandine,  ex ingénieur agronome devenue aubergiste de charme, il a bouleversé l’auberge simple et ancienne, pour en faire un lieu vif et contemporain, avec son ambiance complice, ses belles tables en chêne, son air de vaste loft aux airs artistes. La cuisine? Elle lui ressemble. Poétique et franche, ludique et tendre, avec des produits magnifiques, un toucher léger, du doigté, de la délicatesse et des idées de mariage qui composent avec les racines bourguignonnes et l’air du temps.  Plus des vins en accords, jouant le bio, le nature, l’esprit de vérité. On en reparle vite.

Le Comptoir remplace les Fables

David Bottreau © GP

Il a vendu ses « Fables de la Fontaine », qui furent marines et étoilées, notamment avec Christian Constant et l’exquise Julia Sedefdjian, à son voisin Guido Beauvallet, du Bistrot Saint Dominique. Il est devenu le maestro de son Comptoir sis juste en face. David Bottreau, que l’on connut chez Christian Constant au Violon d’Ingres, et qui travailla jadis en salle à la grande époque de la Marée rue Daru, avec les Trompier, a choisi la « bistronomie » relaxe, mais soignée, dans un bistrot chic, où tout se grignote, se goûte avec joyeuseté en se partageant. Vins choisis avec malice, vieux apéros, jolis cocktails accompagnent des tapas piquants, salés, sucrés, épicés, excitants.

Adieu à Anthony Hubault

Anthony Hubault © GP

Il était le dandy du vin. Anthony Hubault est décédé la semaine passée d’une intoxication au monoxyde de carbone. Une mort stupide pour ce charmeur si séducteur. Sommelier expert, âgé de 43 ans, que l’on connut à l’Auberge du Jeu de Paume, puis un temps chez Jacques Faussat dans le 17e, il avait créé une cave chic à Chantilly, un lieu beau, hors norme, à son image. Ce Picard natif de Port au Prince en Haïti, qui mariait la mode, de la culture et les vins raffinés, avait fait de la plus ancienne demeure de Chantilly, datant de 1539, à deux pas de l’Auberge du Jeu de Paume et du château, un lieu d’élite pour les amateurs de grands crus. Il résidait au dessus de ce concept-store qui faisait boutique de déco, table d’hôte très gourmande, cave experte. Cet amateur de grands bourgognes, comme de champagnes rares, si discret, qui savait parler de tous les vins avec passion, nous manquera.

Les Bénard de père en fils

Marius et Gilles Bénard © GP

On a connu Gilles Bénard, en roi du bistrot parigot, chez Que du Bon, rue du Plateau, près des Buttes Chaumont, et, avant cela, chez Ramulaud, à deux pas de la place de la Nation, associé à Jean-Pierre Darroussin. On l’a immortalisé jadis dans « les Grandes Gueules et leurs recettes ». C’est désormais son fils Marius,  qui s’illustre à l’enseigne du Beaucé, rue Richer, dans ce qui fut Encore, sur un mode franco-japonais très gastro avec Yoshinori Morie. Marius, sage et discret, formé au Repaire de Cartouche avec Rodolphe Paquin, puis à la Marlotte avec Gilles Ajuelos, qui travailla notamment aux Côtelettes, impasse Guéménée près de la place des Vosges,  puis au Saint-Barth-Isle-de-France aux Antilles, a de qui tenir. Les jolis vins qui ont du caractère et une belle nature, les plats qui ont de la patte et de la tenue, les abats canailles, les idées de saison, celles de toujours : voilà sa marque. Dans ce bistrot charmeur, avec son comptoir, son mur de pierres apparentes, son ardoise géante, il démontre un indéniable savoir-faire. A suivre de près.

A propos de cet article

Publié le 21 février 2022 par

Les chuchotis du lundi : on n’arrête pas Jean Imbert, dans la famille Imbert on demande Léopold, Frédéric Doucet bourguignon magnifique, Thibaut Spiwack candidat Top Chef dans l’air du temps, Jean-Michel Carette le poète de Tournus, le Comptoir remplace les Fables, adieu à Anthony Hubault, les Bénard de père en fils” : 3 avis

  • Lentz Michel Louis

    Toujours de très bon commentaires ,qui donnent envie de découvrir ! Félicitations

  • Patrick De Wilde

    Vraiment… : Vous et Jean  » 6 étoiles … Avec Photos , pas des mets …

  • Robert Gerard

    La semaine dernière, nous avons passé deux jours fantastiques chez Doucet. Vous ne pourriez pas être plus correct à propos des deux étoiles !! De l’accueil chaleureux à l’hôtel, des chambres vraiment confortables (avec un éclairage si bon qu’on peut lire !!) et puis, la pièce de la résistance, la salle à manger !! La première vue est les beaux verres à eau Baccarat dans le style classique Masséna. Plus aucun endroit en France ne met le Baccarat sur la table. Ensuite, le premier goût est un bouillon de bœuf pur et léger. La véritable essence du Charolais. Quatre ou cinq amuse-bouche de plus, les uns plus intéressants les uns que les autres. Entrées d’escargots, œufs et champignons, brochet, le tout joliment présenté. Et, le bœuf charolais parfait, mariné de façon créative dans du whisky… Je pourrais continuer… Et le chef lui-même. Souriant, charmant et accueillant. L’expérience a été magnifique et nous avons hâte d’y retourner. Deux étoiles peut-être cette année, mais trois peut-être pas si loin. We ❤️❤️ Doucet !!

Et vous, qu'en avez-vous pensé ? Donnez-nous votre avis !