Brasserie Balzar
« Paris 5e : Balzar est toujours Balzar »
Balzar ? Une brasserie institution voisine de la Sorbonne, qui sert, depuis des lustres, le meilleur monde des lettres de la rive gauche comme les touristes américains en quête de l’authenticité frenchie. Le lieu a du chic, dans le goût art déco. Alain Grandière, boucher de son état et fournisseur de nombreuses brasseries en viande, qui l’a reprise, a su la conserver dans son jus en lui donnant un p’tit coup de neuf. Les banquettes sont désormais en velours, les plaques de marbre et les barres en cuivres sont toutes récentes.
L’affiche de « Champions de Monde » de Paul Morand, paru chez Grasset en 1930, se trouve toujours à fond de salle. Le service, sous la houlette de Gabriel, natif de Catane, aux moustaches en guidon de vélo, qui a un quart de siècle d’ancienneté, demeure civil. Et la maison, qui a moult fois changé de groupe (Flo, Blanc, Bertrand) après avoir été l’annexe de Lipp conserve sa personnalité attachante.
La cuisine, certes, n’a jamais été génial. Et, du reste, ce n’est pas ce qu’on lui demande. On pardonne les poireaux vinaigrette (servis sans vinaigrette et sans assaisonnement), car les harengs fumés de JC David à Boulogne-sur-Mer avec ses pommes de terre tièdes ont de l’esprit. Le foie de veau est moyen (le patron devrait surveiller ses approvisionnements de viande!!!), un brin nerveux, mais le tartare de bœuf est, lui, fort correct, et bien assaisonné, les frites craquantes, l’andouillette de Troyes, estampillée 5A, servie avec sa sauce moutarde, parfaite.
Quant aux profiteroles au chocolat, elles sont assez rassurantes. L’addition est tendre, la réserve de bordeaux supérieur maison château la Brague se boit sans soif et la bière Météor tirée à la pression fait un apéritif plein de fraîcheur. Voilà qui a un air de revenez-y…