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Les chuchotis du lundi : Garfagnini s’est envolé, Gagnaire se développe, l’imbroglio Taillevent, le Lutetia ouvre, Colin en Aveyron, Marion Bouillot au Crouesty, Gomez man of the year, Corderoch arrive, Miura japonise le Dôme, Dorol au George V, Seychelles déménage

Article du 4 juin 2018

Marco Garfagnini s’est envolé

Marco Garfagnini © GP

Il devait devenir le maestro italien du groupe Lov Collection, à Courchevel comme à Saint-Tropez. Marco Garfagnini ne répond plus. Il a fait disparaître son compte Facebook. Et se serait finalement envolé pour Abu Dhabi avec femme et enfants,  rejoignant José Silva, ex George V, du groupe Jumeirah, dont il pourrait être le chef exécutif. Le groupe, basé à Dubaï, présents entre les Emirats, Francfort, Londres, Shanghaï, Majorque et les Maldives, serait en passe de d’opérer d’importants investissements hôteliers, avec vingt quatre nouvelles unités dont l’une à Paris. On parle notamment du Westin rue de Castiglione qui pourrait devenir son porte-drapeau européen. Voilà qui pourrait permettre à Garfagnini, exfiltré jadis du George V pour le domaine de Noirieux, de revenir à Paris par la grande porte.

Pierre Gagnaire se développe

Pierre Gagnaire © GP

Il se joue autant qu’il se moque des rumeurs, tisse inlassablement sa toile, poursuit à Bordeaux comme à Paris, développe la ligne des Fouquet’s du groupe Barrière, a redémarré ce printemps à la Gordes, à la Bastide, au restaurant provençal Peir pour Lov Collection, a resigné, contrairement aux rumeurs, pour cet hiver aux Airelles, à l’enseigne du Piero, en version italienne. Son Piero parisien sera lui ouvert en octobre, dans le 7e arrondissement, comme initialement prévu, avec une duo de chefs toscans, rue du Bac, en lieu et place du Gaya. Quand à ce dernier, il devrait déménager quelques mètres plus loin, angle Saint-Simon/Bellechasse, dans le futur ex restaurant de Marcelo Joulia, la Ferme Saint-Simon. Mais chut! C’est encore un secret…

L’imbroglio Taillevent

Alain Soliveres ©  Maurice Rougemont

La rumeur a-t-elle tout faux ? Ou entièrement raison ? Elle donne l’arrivée de David Bizet et de ses quatre sous chefs venus de l’Orangerie au George V, prenant ainsi la place d’Alain Soliveres chez Taillevent, pour le mois d’août prochain. Si le deux étoiles de la rue Lamennais n’a aucunement démérité, les patrons, les frères Gardinier, jugeraient, officieusement, sa cuisine très bonne quoiqu’un « peu ennuyeuse » donc à renouveler si la maison veut espérer retrouver dans les temps prochains la troisième étoile. Bizet, bondissant, conquérant, actif sur les réseaux sociaux, serait donc le candidat idéal et constituerait, selon les observateurs du milieu, « le transfert de l’année« . « Mensonges », affirme tout bonnement Antoine Petrus, le directeur général de la maison, certifiant que Solivères est bien toujours en poste, et qu’aucune arrivée n’est programmée… même s’il glisse, en catimini, qu’une « procédure » est en cours.

Une date pour le Lutetia

Le Lutetia le 2 juin 2018 © GP

Certes, les retards (de construction, de matériel, de logistique) s’accumulent. Et la communication du palace (qui annonce une « ouverture au printemps« ) cafouille un peu. On a mis du temps à admettre que Gérald Passédat signerait la carte de la brasserie maison, à annoncer que Benjamin Brial, venu du Four Seasons, serait le chef exécutif de la maison. Jean-Luc Cousty, le directeur général du palace, un temps transféré au Palais à Biarritz, qui fut le directeur administratif et le directeur d’exploitation en charge de la restauration du Lutetia, brille surtout par sa discrétion. On sait cependant, même si la date n’est pas officielle, que Lutetia ouvre le 28 juin. Un dîner pré-inaugural, orchestré par la cuisine maison, va permettre de se faire une idée de ce qui se sera ici servi. Il s’agit non d’un repas de lancement, mais d’un banquet de prestige en l’honneur de l’Université de Tel Aviv, présidé par le PDG du groupe Alrov et fondateur de Set Hotels, propriétaire du Lutetia, Alfred Akirov, et parrainé par le ministre de l’économie et des finances Bruno Lemaire. Les places se sont arrachées un clin d’oeil au point que toutes les demandes n’ont pu être satisfaites. Signe que l’ouverture de la maison est vraiment très attendue.

Olivier Colin en Aveyron

Olivier Colin © GP

Creissels, le château du XIIe devenu un hôtel moderne, sa belle table voûtée, aux portes de Millau en Aveyron: voilà le nouveau domaine d’Olivier Colin, l’ancien chef du Castel Clara de Belle île en Mer. Ce Breton de Lorient, qui a pas mal voyagé (notamment à la Source des Alpes à Loèche les Bains en Suisse dans le Valais),  a repris les rennes de cette maison douce où faire étape sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Il y joue sa carte personnelle à la fois marine et terrienne, légère, fine, créative, sans négliger ses racines bretonnes ni le terroir aveyronnais. On vous en reparle vite.

Marion Bouillot au Crouesty

Marion Bouillot au BE ©  GP

Diététicienne et chef: il n’y a qu’au Miramar du Crouesty, au bout de la presqu’île de Rhuys en Morbihan, qu’on pouvait voir ça.  Marion Bouillet, c’est d’elle qu’il s’agit, titulaire d’un bac scientifique et d’un BTS,  devenue diététicienne à Lyon, décide de se tourner vers la cuisine gastronomique de haut niveau. D’abord, à Saint-Bonnet-le-Froid, aux Cimes chez Régis Marcon, ensuite, quatre ans durant,  chez Michel Guérard à Eugénie-les-Bains, aux Prés et Sources d’Eugénie, dont elle deviendra seconde pour la partie « cuisine minceur ». Elle exerce à présent à la table diététique du Miramar Crouesty La Cigale, hôtel de luxe abritant un institut de thalassothérapie. Au restaurant baptisé le BE, comme « bien-être », elle joue une carte à la fois marine, terrienne et végétale, mariant plaisir et santé avec dextérité.

Guillaume Gomez « man of the year »

Il ne cesse de faire parler de lui en pédagogue avisé,  voyageant partout (depuis le début de l’année, au Liban, en Israël, en Chine, à Guangzhou). Lui, qui maîtrise comme personne l’art du selfie et la très chronophage pratique des réseaux sociaux, ne néglige pas le bon usage de la chose écrite. La preuve : il vient de recevoir le prix du meilleur livre gourmand du monde pour son livre « Cuisine, leçon en pas à pas« , avec le titre remarqué de « Food Person of the Year », lors des « Gourmand World Cookbook Awards » qui ont été décernés la semaine passée à Yantaï en Chine. Bravo à Guillaume Gomez! On n’arrête pas le chef de l’Elysée toujours en marche…

Julien Corderoch arrive

Julien Corderoch © GP

Il s’appelle Julien Corderoch, a 28 ans, est natif de Plomeur, a travaillé, à Lorient à l’Amphitryon aux côtés de Jean-Paul Abadie, puis chez Henri & Joseph avec Philippe Le Lay, enfin à St Pol de Léon avec Jérémy le Calvez, sans omettre un passage à Saint-Barth au Toiny. Il vient de racheter la maison des Lelay, qui ont gardé leur boutique juste à côté (toujours à l’enseigne d’Henri & Joseph) mais ont voulu changer de vie (Philippe donne des cours de cuisine à domicile et gère un comptoir également aux Halles). La nouvelle maison s’appelle Louise. (avec un point, Julien y tient!). C’est encore un secret que partagent les Lorientais gourmets qui ont le choix désormais entre l’étoile de l’Amphitryon, désormais emmené par Olivier Burné et Anthony Rauld, et cette demeure-ci qui a revu l’ex-salle d’Henri & Joseph avec l’esprit de jeunesse, de la gaité et des menus à prix tendres (celui à 25 € au déjeuner est une affaire). On en parle vite.

Yoshihiko Miura japonise le Dôme

Edouard Bras et Yoshihiko Miura © GP

Yoshihiko Miura? On l’a connu à l’Auberge Templiers des Bézards. Ce natif de Sapporo, qui apprit la cuisine au Japon, en rêvant aux recettes de gibier dans les pages des magazines gourmands, a prolongé sa formation à La Napoule à l’Oasis, à Saulieu au Relais Bernard Loiseau, à Vézelay chez Marc Meneau. Le voilà désormais au Dôme du boulevard Montparnasse, remplaçant au pied levé Franck Grault, longtemps chef ici, qui a pris sa retraite fin avril dernier. Depuis un mois, Yoshihiko « japonise » la cuisine du Dôme à coup de sashimi de daurade, de thon en tataki, de raie au gingembre, lotte au sésame, insufflant un esprit nouveau, un brin exotique et plus léger, à cette institution du poisson de la rive gauche. Explication sur son transfert : la famille Dépée, le patriarche Philippe en tête, est habituée et amie de longue date de la maison tenue par la famille Bras. La neuve génération, Edouard et Maxime, à la tête de la demeure, relance leur enseigne porte-drapeau (ils possèdent également le Zeyer et le Bistrot du Dôme). On vous en dit plus assez vite.

Samuelle Dorol au Four Seasons George V

Samuelle Dorol © Stéphane de Bourgies

« Foodlover biberonnée à la politique« , comme elle se définit elle-même, Samuelle Dorol quitte les relations presse du Guide Michelin pour prendre en main la communication du Four Seasons George V. On sait que cette trentenaire, diplômée de Sciences Po et du Celsa, formée dans les cabinets ministériels, passée chez Valérie Pécresse et François Baroin, fan de Jacques Chirac, a contribué à rajeunir l’image du guide rouge, en organisant notamment l’exposition des chefs trois étoiles signée de son photographe fétiche, Stéphane de Bourgies, mais aussi les tournées mondiales du guide avec Michael Ellis. Après avoir mis en scène l’avant-dernière conférence de presse de la sortie du Guide France 2017 au Palais Brongniart, en direct sur Facebook, elle s’est mise en retrait. Elle était, ces temps-ci, moins active sur Instagram alors qu’elle y relatait volontiers ses sorties en compagnie de ses copines influenceuses Raphaëlle Marchal ou Hélène Luzin. Avec son départ pour le George V, quelques semaines après l’exfiltration de la dirigeante Claire Dorland-Clauzel (officiellement, pour rejoindre « un projet entrepreneurial », et devenir propriétaire récoltant au château La Tuilière en côtes de bourg) et l’arrivée à la direction des marques de la nouvelle venue Adeline Challon-Kemoun, ancienne de France Télévisions et d’Air-France, côté digital et communication, une nouvelle page se tourne au guide rouge.

Thierry Seychelles déménage

Thierry Seychelles entre l’ancien restaurant et le nouveau © GP

Jeune et brillant étoilé de Vannes, Thierry Seychelles et ses deux associées de salle, les soeurs Carine et Sarah Kaczorowski viennent signer de l’achat d’une demeure nobiliaire, contigüe de leur maison dans son jardin, appartenant jadis au sire de Roscanvec. Ils vont y établir l’an prochain leur restaurant du même nom. Montant de la transaction auprès de la ville: 600000 euros. A cela s’ajoute près de deux millions d’euros de travaux pour mettre le bâtiment en conformité, imaginer de nouvelles structures modernes, avec une nouvelle salle à manger de 50 couverts, quatre chambres d’hôtes de luxe, une salle de séminaires. L’ancien Roscanvec, sur la rue, devrait être transformé en boulangerie-pâtisserie. Pour l’heure, Thierry, passé chez Gagnaire, Ducasse,  Passard, les Pourcel, et son équipe jeune et dynamique sont toujours à pied d’oeuvre, faisant feu de tout bois sur deux étages, au 17 rue des Halles. On vous en reparle très vite.

Le nouveau Roscanvec (projet) © GP

Les chuchotis du lundi : Garfagnini s’est envolé, Gagnaire se développe, l’imbroglio Taillevent, le Lutetia ouvre, Colin en Aveyron, Marion Bouillot au Crouesty, Gomez man of the year, Corderoch arrive, Miura japonise le Dôme, Dorol au George V, Seychelles déménage” : 1 avis

  • Gérard Poirot

    Le Pudlo 2007 mentionne le menu déjeuner du Taillevent à 70 euros… Il est aujourd’hui à 88 euros. Hors vin.

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