L'Essentiel

Laurent Ritter et Thomas Koebel © GP

L’Essentiel est la table branchée d’Haguenau. Ce petit Strasbourg du Nord de l’Alsace, jamais pressé de se mettre à la mode, n’est guère abondant en lieux tendance. Son bistrot chic et bon est, on ne s’en étonnera guère absent du Michelin, après quelques années d’ouverture sur une placette reposante. On aime le lieu pour sa gaieté, son aspect de bistrot parisien au coeur d’une place historique veillée par une tour ancienne et dédiée à l’Alsace de toujours. Il y a les tables hautes ou basses, le comptoir, les banquettes, les photos de Doisneau version noir et blanc, qui tranchent sur les murs rouges.

Thon mi-cuit et guacamole © GP

Laurent Ritter, beau-frère Pierre Weller de la Source des Sens à Morsbronn, ici associé, veille le lieu avec prestance et promptitude tandis qu’un tout neuf chef, frais émoulu de ses classes dans de belles maisons, cuisine au gré du marché du jour. Le jeune Thomas Koebel, natif de Brumath, c’est de lui qu’il s’agit, a travaillé au Cygne à Gundershoffen, au Crocodile à Strasbourg, chez Hubert Maetz au Rosenmeer de Rosheim, enfin, chez Blanche-Neige à Labaroche. D’où ce registre frais et bien tenu sous une apparence simplette et des menus bienvenus.

Sashimi d'espadon à l'huile d'olive citronnée © GP

Pavé de thon mi-cuit sur guacamole, sashimi d’espadon à l’huile citronnée et mesclun de salade (même si huile et citron, trop abondants, « détrempent » un peu la salade), fine tartelette de chèvre à la compotée de betteraves et de roquettes font des entrées fraîches, légères qui constituent de bonnes introductions aux plats sérieux et généreux qui viennent ensuite. Ainsi le filet de bar à la plancha servi avec son duo de panais et un jus de viande au balsamique, l’onglet de veau, bien tendre et savoureux, avec gratin dauphinois tranché en rectangle, sa sauce morilles, ou l’entrecôte Black Angus, bien épaisse et joliment persillée, servi avec de bonnes frites croustillantes et des légumes du jour, qui fait partie de mets du jour écrits sur la vitre.

Onglet de veau aux morilles © GP

On ajoute les malicieux desserts (amusant vacherin glacé minute, frais entremet à la pomme avec sa jolie crème glacée au sablé breton, venue de chez Pôle Sud à Lezignan-Corbières, insolite fraîcheur d’agrumes et de carottes confites avec sorbet litchie) plus l’un des plus de la demeure: de jolis vins de partout qui sont souvent des pépites à choisir, de la vallée du Rhône (séducteur st joseph de Courbis), d’Italie ou de bien plus loin. Bref, voilà une table pleine de gaieté et qui accueille tard, où l’on est simplement heureux d’avoir son rond de serviette.

Fraîcheur d'agrumes et carottes confites © GP