Têtedoie
« Lyon: l’événement Têtedoie »
Il a créé l’événement lyonnais du moment, le lieu où il faut être. Ce natif de Loire-Atlantique, rallié au terroir lyonnais depuis plus de trois décennies, qui défila chez les grands pour une formation sérieuse (Bocuse à Collonges, Vergé à Mougins, Outhier à la Napoule, Blanc à Vonnas), est devenu à son tour prof de bon goût, chef d’école et chef de file. Bref, Christian Têtedoie, mué en MOF le plus lyonnais qui soit, esr désormais présent dans un vaste parallélépipède avec sa vue plongeante sur tous les toits de la ville.
Il a entraîné en cuisine, durant un an, le dernier candidat français au Bocuse d’Or, l’Alsacien Jérôme Jaeglé, son fidèle lieutenant, et a créé un petit empire de bouche, avec un café/restau de quartier (le Tête à Tête), une table annexe (le Contre-Tête) de son ex-table vedette du quai Pierre Scize devenue une table marocaine (le Royal Atlas), sans omettre, dans son nouveau domaine, mais sur l’arrière, en surplomb du vieux Lyon, une table italienne rusant avec son nom (la Testa d’Oca).
Vous vous y perdez ? Vous avez bien raison. On murmure, à Lyon, que le soleil ne se couche jamais sur l’empire Têtedoie. Que ce nouveau petit Bocuse, ce Blanc nouveau new look, ce disciple de Lacombe, l’homme des bistrots de chefs, qui, lui, a lâché, une part de son royaume, est devenu le magnat N°1 de la restauration locale.
Les fous de foot (les fans de l’OL) ou de rugby (l’équipe locale du LOU) font désormais la fête au Phosphore, son bar à vin qui fait le rez de chaussée ou le sous-sol, on ne sait plus, de sa grande table, animant des soirées bruyantes, drôles, vives, animées. Mais on sent bien que l’on s’éloigne du sujet. Car Têtedoie est avant tout un cuisinier d’élite, sûr de son art, modeste aussi pour le faire découvrir.
Chez lui, un menu s’apparente à une fête. Il y a les décilieux« gnuddi » (littéralement : nus), comme une farce de raviolis à l’italienne, avec ricotta, chèvre frais truffé, purée de marrons, pickles de Butternut : un chef d’œuvre de saveurs et de goût.
Puis le consommé de bœuf lyonnais nouvelle vague dit « revisité » avec foie gras chaud, légumes de pot au feu et queue de boeuf, mais aussi le dos de bar et coquillages, blettes et jus de veau, écume de coques au galangal, histoire de montrer que bon sang nantais ne peut mentir. Enfin, le pintadeau de la Drôme AOC aux champignons, histoire de rendre hommage à la vallée du Rhône en majesté.
Les desserts sont superbes (comme le soufflé aux fruits de la passion et sa glace fromage blanc ou le croustillant au chocolat et glace cacahuète style gourmandise d’enfance), la carte des vins, très bourguignonne et rhodanienne, assez mirobolante, commentée par une équipe de sommeliers au fait de leur sujet. Et les menus sont des aubaines. Bref, voilà « le » lieu lyonnais à visiter, à jauger, à goûter en hâte, à découvrir sans trop tarder. Un événement, on vous le disait!