Marius et Janette

Marius et Jeanette © GP

C’est une salle parisienne avec son cadre de yacht années 1970 signé Slavik, son bois ciré, ses tables bien mises, ses nappes à  carreaux, genre basque moderne. Les Richard, aveyronnais sachant compter qui trustent une bonne part de la restauration chic du Triangle d’Or (Francis, place de l’Alma, c’est eux, Thiou, de l’autre côté de la Seine aussi), en font leur bastion de luxe marin. Il y a bien le Petit Marius, sorte d’annexe bistrot juste à côté, mais le décor est assez tristoune, les lumières vives, le personnel plus rare.

Tartare de bar à l’huile de Sorrente © GP

C’est donc chez Marius et Janette que les choses se passent, avec leur service policé et nombreux, ses chefs de rang aux vestes à galons, son chef besogneux aux fourneaux – le discret Bruno Bangea – , sa carte courte, alléchante, chère, mettant en exergue des produits de qualité. Les fines de claires de Guintini à Bourcefranc, la soupe de poissons de roche, le tartare de bar à l’huile de Sorrente, avec sa confiture de poivrons épicés, font des entrées en matière sérieuses. Comme le carpaccio de saint jacques à la truffe noire.

Lotte à l’américaine aux linguine © GP

Les plats jouent le classique sans tapage: joli cabillaud rôti sur la peau à l’huile des Baux, aile de raie à la grenobloise (demeurée un peu trop poêlée donc sèche), tous deux accompagnées d’une exquise purée de pommes de terre à l’huile d’olive, lotte (un peu fade, malgré sa sauce américaine), avec ses linguine cuits al dente. On ajoute des desserts dans le ton: tiramisu servi dans une verre avec son émulsion à la fève Tonka, sushi d’ananas et sorbet pinacolada ou vacherin glacé à la fraise des bois, frisant le gadget, avec ses petites meringues tortillées. Le vrai « hic »: une carte des vins aux tarifs prohibitifs, où la bouteille la moins chère est un (fruité) sancerre banc de Bailly-Reverdy à 60 €. Mais nous sommes là à Paris, un dimanche soir, au coeur des Champs.

Vacherin aux fraises des bois © GP