RAP

Alessandra Pierini © GP

La rue descend en pente forte. On ne peut s’y garer. Un taxi a du mal à s’y arrêter. La lumière manque et pourtant les restaurants pullulent. C’est là qu’Alessandra Pierini a pris racine (Wally le Saharien est quasiment la porte à côté). Rassurez-vous: c’est tout neuf. La charmeuse chef-patronne, native de Gênes (Ligurie), fut épicière/aubergiste à l’enseigne de « Pasta e Dolce ». C’était à Marseille dans le 8e. Là voilà parisienne depuis fin novembre et dans le 9e, ce qui n’a rien à voir. La drôlesse, qui a du charme et a tout à prouver, séduit d’emblée avec des mets nets, des produits extras, des saveurs fines et authentiques, des mariages justes de ton et des vins bios de haute qualité, sans omettre des prix sans tricherie eût égard à la qualité servie, même s’ils ne sont pas ceux d’une trattoria ordinaire.

Friture de lotte sur polenta © GP

Le décor est sobre. Le maître d’hôtel/sommelier parle fort bien, avec un accent à croquer, de ce qu’il sert. Ce que j’ai goûté là ce midi, dans une salle esseulée? Du bon, du frais, de l’insolite, bien fait, bienvenu. Une friture légère de saint-jacques et lotte sur polenta avec ses légumes in saor, c’est à dire en  escabèche sapide, joliment vinaigrée, à la vénitienne, un fin ragoût de taglioni au canard, cédrat et carottes, enfin d’exquises côtelettes d’agneau dans leur jus au thym avec des gnocchis savoureux. Plus un Morellino di Scansano, issu de la Maremne toscane, vinifié par une vigneronne méritante, Sellari Franceschini, et tarifé sagement 21 € le flacon, ce qui fait une belle affaire à prix d’amis.

Taglioni de canard © GP

On y ajoute le semi-freddo culotté aux pommes vertes et céleri blanc ou la fine salade aux fruits du temps,  comme des bonheurs du jour. C’est apparemment simple, mais tant que ça, issu de produits de qualité parfaite, cuisiné avec minutie et cela donne envie de prendre ici ses habitudes.

Carré d'agneau aux gnocchis © GP