Chabert et Fils

Stéphanie Midroit et les cuisiniers © GP

A deux pas de la place Bellecour et en ligne de mire sur la place Antonin Poncet, où trône la bocusienne brasserie le Sud, se découvre la rue des Marronniers, si riche en bistrots en tout genre. Si tous ou presque se proclament bouchons, la star de la venelle est la maison Chabert et Fils. Depuis un quart de siècle, les Gillin sont là aux commandes. Si Jean-Pierre Gillin, le fondateur, a rejoint, beaucoup trop tôt hélas, le paradis des mâchonneurs, sa fille Stéphanie et son mari Xavier Midroit dirigent la maison d’adroite façon.

Décor sur le thème de guignol © GP

Avec les vitraux © GP

On accueille là 130 couverts dans un dédale de salles ombreuses et charmeuses, avec leurs bouteilles, leurs photos, leurs plaques, leurs vitraux, leurs tables de bois et marbre, leurs céramiques au sol, bref leur (s) gueule (s) d’atmosphère. L’enseigne de la demeure est devenu le nom fictif de la famille. Il vient, on l’a dit, d’une expression, lyonnaise, de joueur de boules, reprise tant et tant de fois par Jean-Pierre Gillin. « Bien tiré, Chabert, pointons! »

Saladiers lyonnais © GP

Ce qui se joue ici, c’est la gourmandise lyonnaise façon bouchon grand style à coup d’oeuf en meurette, salade de lentilles et poitrine roulée, saucisson chaud, quenelle de brochet fort bien montée servie avec son riz, aile de raie meunière, gratin d’andouillette, fricassée de volaille fermière à la crème, mironton de boeuf, tablier de sapeur, boudin aux de pommes qui composent des menus solides, vertueux, riches en cholestérol et en bon gras, certes, mais qui permettent de lutter d’efficace façon contre les frimas et les rigueurs de « Myrelingues la brumeuse« , qui est, comme on le sait depuis Claude Le Marguet, l’un des surnoms poétiques de Lyon soumise aux grands brouillards d’automne comme aux grisailles d’hiver.

Quenelle de brochet © GP

Mais, voilà une cuisine pour tous les temps, qui charme, entre cervelle d’agneau meunière, saumon à l’oseille, filet de boeuf beaujolaise à la moelle, par son côté franc, massif, éternel. Les jolis desserts d’Eugénie (comme l’exquis Guignol, avec génoise au rhum, appareil à crème brûlée, cassonade, crème anglaise caramélisée, oranges confite) et les douceurs de tradition (tarte aux pralines, oeufs en neige, mousse chocolat) sont là pour compléter les beaux plaisirs maison.

Le Guignol © GP