Le Keller à l'hôtel Champs-Elysées Plaza
« Paris 8e : les promesses de Thierry Motsch »
Le Keller à l’hôtel Champs-Elysées Plaza ? La belle inconnue du côté de la gourmande rue de Berri (Lancaster et Warwick ne sont pas loin, Apicius non plus). Cet bel hôtel millésimé 1909 a le chic haussmannien. Son bar a du charme. Sa table sous verrière, qui fait un peu salon-lounge et abritait les petits déjeuners, est devenu un QG gourmand de qualité sous la houlette du jeune Thierry Motsch.
Ce chef de 25 ans, d’origine haïtienne, élevé par une famille aux racines alsaciennes, a été formé dans de grandes maisons (Alain Ducasse au Louis XV, le Meurice, Lucas-Carton, le Bristol) et tout ce qu’il mitonne, avec une jeune équipe pleine d’enthousiasme, témoigne d’un talent évident. Velouté de potimarron avec œuf de poule fondant croustillant et sa râpée de châtaignes, jolie raviole façon carbonara aux champignons, superbe foie gras chaud truffes et noisettes indiquent bien un sens du beau produit traité parfois avec minutie.
C’est parfois riche, généreux toujours et véritablement savoureux. En guise de mets de résistance, jolies coquilles Saint-Jacques de Normandie rôtie aux herbes avec sa fregula sarda aux coquillages ou boeuf Angus d’Aberdeen cuit au sautoir mousseline de céleri rave légumes et fruits d’automne séduisent sans mal. On ajoute une carte des vins riche en belles bouteilles bordelaises à tous les prix (Esprit de Chevalier à 50 € ou château la Louvière en Pessac-Léognan, à l’étage au dessus).
Les desserts, comme le mille feuille croustillant aux noisettes ou les pommes et poires rôties à la cannelle façon crumble avec crème légère au caramel beurre salé, sont une partie forte de la maison. Et les divers menus ont de l patte, du caractère. De fait ce midi, dans un cadre un peu sombre et un brin étriqué, la maison affichait complet. Allez-y voir de près, un vrai talent contemporain se cache ici sous une façade bourgeoise haussmanienne.