Bâle: l’art en capitales
A priori, c’est une ville de moins de 200000 habitants, coincée sur le Rhin, entre France et Allemagne, suisse depuis cinq siècles, qui semble fermée sur elle-même. Au vrai, c’est une capitale cosmopolite, avec ses résidents venus de cent nations, ses deux groupes chimiques (Hoffman-la Roche et Novartis), ses banques, ses compagnies d’assurances, ses trois gares, sa foire de juin qui en fait le rendez-vous obligé des passionnés d’Art moderne.
Une ville paradoxale ? Sans doute. On l’imagine ruche butineuse et sérieuse. Mais son carnaval, « le Fasnacht », est une fête rieuse, qui conduit les habitants majoritairement protestants, à moquer les notables de la ville, après avoir dansé avec les cliques et mangé la soupe à la farine. Cette perle de la Mitteleuropa, agréable à vivre toute l’année, ne révèle ses charmes qu’au flâneur qui consent à l’habiter quelques jours ou quelques heures. Chaque résident d’hôtel a droit à la Mobility Card qui donne à l’accès au tram, le moyen le plus aisé de la parcourir et de découvrir la campagne à sa porte.
A Riehen, dans un faubourg qui touche le proche pays de Bade, avec ses maisons anciennes et sa mairie, le clou d’une visite sera la fondation Beyeler. Ce vaste édifice de porphyre dû à Renzo Piano cache les trésors accumulés par le grand collectionneur bâlois. Les Giacometti, les Picasso, les Klee, les Mondrian, les Rymann, les Rauschenberg et les Rothko, mais aussi Matisse, Van Gogh, Cézanne ou les Nénuphars de Monet, sans omettre Balthus content une passion. Ernst Beyeler a draîné à Bâle le monde entier.
Vendant ici, achetant là, suscitant l’amitié des peintres, sentant surtout l’évolution du goût avant les autres. Sa fondation, qui continue après lui, propose jusqu’en septembre une exposition édifiante (« l’image comme fardeau »), signée de Marlène Dumas, artiste sud africaine témoin de son temps.
Restes que si Bâle est une capitale de l’Art c’est aussi parce que ases galeries multiples font l’événement. Ainsi, dans l’historique et montueux quartier du Heuberg, l’exposition Carzaniga, au 8 Gemsberg, propose une exposition en hommage Samuel Buri, le grand peintre local pour ses 80 ans. Ce David Hockney bâlois évoque, à travers ses toiles pimpantes une vie intime colorée, des paysages ensoleillés, bref une Suisse qui sourit.
Ce sera le prélude d’une visite de Bâle intime, qui a fait de l’art sa marotte depuis toujours. La Kunsthalle, dans un édifice massif de 1936, est en réfection et rouvrira au début de l’an prochain avec un édifice annexe moderne. On pourra y mirer les collections acquises dès le XVIIe siècle qui signent le plus vieux musée d’Europe. On découvrira les Cranach, Holbein, Breughel, Hans Baldung Grien ou Konrad Witz, mais aussi quelques uns des plus fameux Picasso, Gauguin, Munch, Ernst, Tanguy, Chirico, sans omettre le Douanier Rousseau (« le Poète et sa Muse »).
On prendra encore le temps de visiter, dans le quartier Saint-Alban, celui des fabricants de pâtes à papier, le musée d’art contemporain, puis, sur l’autre rive, le musée Tinguely, dû à l’architecte tessinois Mario Botta, qui contient les machines folles du sculpteur fribourgeois et s’ouvre aux grandes « nanas » de Nicky de Saint-Phalle. On aura au passage déambulé au cœur du grand Bâle, découvert, près fleuve nourricier – qu’on nomme « Vater Rhein » -, la cathédrale de grès rose et les maisons blanches ou bleues de style baroque, abritant les institutions de justice.
La meilleure halte de cette grande modeste – la première ville de Suisse, tout de même, pour le niveau de ses revenus par habitant – se situe près de la grand-place et du point d’accès des navires qui dérivent sur l’eau : c’est la plus vieille auberge d’Europe. L’hostellerie de la Fleur de 1026 est devenue, au fil des agrandissements et des rachats, les Trois Rois sur le Rhin (« Drei Konige am Rhein »), avec ses galeries intérieures, ses fresques, ses chambres au style suranné et charmeur, ses salons cosys, son service complice, sa brasserie.
Mais son concurrent moderne et contemporain – beaucoup moins cher! – se nomme The Passage, qui, avec ses tons blancs, ses chambres artistes et minimalistes, ses espaces lounge, révèle la Bâle d’aujourd’hui dans un esprit neuf.
Bâle Tourisme, Aeschenvorstardt 36, Bâle. Tél. + 41 (0)61 268 68 68
Site: www.basel.com