Amanda en Terre Sainte

Article du 10 juin 2010

Voilà un livre drôle, politiquement incorrect, qui se lit d’une traite ou presque, avec un infini plaisir. Il est signé Amanda Sthers dont on sait, depuis Chicken Street (l’histoire de deux ashkénazes à Kaboul !), qu’elle possède un sens de l’humour juif tragi-comique, drôle et désespéré. Voilà un nouvel exemple de son talent à saisir, en forme de roman par lettres, où une famille éclatée se décompose, puis se recompose devant le lecteurs, par bribes hachées et confessions alternées.

Au coeur du livre: Harry Rosenmerck, qui fut cardiologue en France, a monté un élevage de cochons à Nazareth ( !). Il y a Monique Duchêne, son ex-femme, lilloise, goy et convertie, qui se meurt d’un cancer des os, leur fils David, auteur de théâtre à succès et homosexuel avoué, qui tente vainement de communiquer avec lui, Annabelle, sa fille, qui poursuit ses études au-delà de trente ans et s’apprête à lui rendre visite en Israël, et tombe inopinément enceinte. Il y a encore le croquignolet rabbin Moshé Cattan qui demande vainement à Harry de renoncer à son élevage. Sans omettre les extrémistes de tout bord qui le considèrent comme une provocation vivante et rêvent de le crucifier.

On n’en dira pas plus… Sinon en ajoutant que cet exercice de style épistolaire se lit avec un constant plaisir, que l’humour y est sans cesse tempéré par l’émotion, que les questions d’identité et de ruptures familiales, qui affleurent entre les lignes, peuvent se transposer ici et là sans mal aucun. Bref, assez pour dire que cet insolite objet littéraire constitue une réussite véritable.

Les Terres Saintes, d’Amanda Sthers (Stock, 206 pages, 16,50 €).

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Publié le 10 juin 2010 par

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