Chez Denise "A La Tour de Montlhéry"
« Paris 1er: retour chez Denise »
J’y allais avec feu Lionel Poilâne et Jean Schmitt, qui fut le directeur de la rédaction du Point, et était copain avec Raymond Moretti, le peintre officiel du lieu. On y croisait Alphonse Boudard, ADG et tant d’autres. Une photo en noir et blanc, tirée de mon Pudlo 2005 – si ma mémoire est bonne – et signée Maurice Rougemont, figure à l’entrée, près de la caisse. Jack Paul, le patron, y figure en bonne place avec quelques uns ses amis sus-cités et ses rouflaquettes. Près de deux décennies après, rien ou presque n’a changé, même si l’addition est désormais en euros.
Denise Benariac veille, avec bonne humeur, à ce que tout demeure identique à ce qui fut. Et cet historique bistrot prisé des noctambules (on y sert jusqu’à 5 heures matin et l’ardoise se gausse des modes avec superbe) est resté intact. La déco rustique, entre nappes à carreaux et vieilles suspensions lumineuses, poutres, banquettes, fait mouche. La cuisine est comme avant.
C’est gentillet, plus généreux que fin, la frisée pourrait être plus assaisonnée, les poireaux (vinaigrette) sont un peu ramollos, les petits gris de Bourgogne fort corrects, comme la terrine du chef, les rognons de veau à la moutarde, les pieds de porc grillé (sans béarnaise, hélas), la côte de boeuf (des Boucheries Premières), assez tendre, pour deux ou les frites, impeccables et croquantes.
Il y aussi les tripes, le foie de veau à l’anglaise, la mousse au chocolat et le rituel baba au rhum à la crème (en fin de repas, Jean Schmitt nous donnait ainsi à choisir: « baba au rhum ou merde? » ) restent pile-poil. Le brouilly en litre étoilé de la cave de Bel Air (69220) est de rigueur, comme le beurre d’Echiré et le pain signé Poilâne. Au mur, les multiples sérigraphies de Moretti rappellent avec émotion le temps d’avant.
Fin 1970 début 1980, je travaillais aux Halles et mon patron très connu de Denise, conviait souvent le personnel de l’étude pour des repas à la » Tour de Monthlery » ! On y rencontrait des célébrités… une atmosphère incroyable….. les gens se parlaient sans se connaître …. d’une table à l’autre! Et puis …..privilège accordé à certains clients …… quand Denise dans un geste magistral » sabrait » une bouteille de champagne !!!! …. ça (c’était) Paris !!
C’est tout simplement excellent; un haut lieu de la bonne gastronomie, du patrimoine culinaire de notre pays, et de la convivialité : on discute avec le voisin de la table d’à côté, on se marre, les serveurs font des facéties… et on repart heureux de ce lieu unique au monde ! Longue vie à Denise !
Chez Jack (R.I.P) et Denise, rien que du bonheur !