Laurie Raphaël

Daniel Vézina © GP

Québec, capitale de la province héponyme, deviendrait-elle aussi gourmande que la métropole Montréal?  La vedette fut jadis, il y a deux décennies et plus, Serge Bruyère qui fut le précurseur local de la cuisine créative. Ce rôle fut longtemps tenu par son élève Daniel Vézina, qui joue les stars latines sur le petit écran, prend volontiers la pose chez lui, assure des cours de cuisine très suivis, vend ses produits et ses livres et a baptisé sa demeure proche du port du nom de ses deux enfants, Laurie et Raphaël. Beau gosse, un brin rouleur de mécaniques, Daniel, qui fête ces temps-ci ses vingt ans de « folie culinaire », s’est bien assagi depuis ses débuts.

Saumon fumé et pickles de légumes © GP

Son menu de midi à 20 $ est une affaire, le soir, c’est plus cher, pas forcément meilleur. L’air du temps passe à travers la demeure, claire, moderne, aérée, avec ses baies vitrées ouvrant sur le dehors. Le service communique avec verve sur le belles idées du moment, impose des choix qui ne seront pas forcément ceux que vous auriez opéré. Vous auriez voulu goûter ainsi la fondue de fromage québécois avec sa gelée de tomate et sa salade mesclun ou les champignons sauvages à la fleur d’ail et aux crostini? Ce sera le saumon fumé maison avec ses pickles de légumes, sa crème sûre au sumac. Du bien vu déjà vu ailleurs …

Longe de porc, purée de courge, lard croquant © GP

Vous hésitiez entre la longe de porc au jus au ras el hanout avec son ragoût d’haricots cocos et chorizo et le poisson de l’arrivage du jour avec son minestrone au pistou? Ou encore les cannelloni aux champignons sauvages et le jarret d’agneau aux légumes d’automne, sans omettre les crevettes tigrées au curry indonésien avec ses nouilles au soba, citrouille et coriandre? Ce sera, finalement le premier plat (la longue de porc tendre) avec sa purée de courge, ses champignons du moment. Ou encore le mignon de veau flanqué, eh oui, du même accompagnement.

Croustade aux pommes, espuma de chocolat blanc © GP

C’est gentiment fait, sans alice, mais sans opprobre. Bien sûr, si l’on attend là de la folie et un brin de génie, on est forcément déçu. En dessert, la croustade aux pommes, avec crumble de cannelle, la noix de muscade, l’espuma de chocolat blanc, le gel de pomme, le caramel, la glace vanille, la pomme au verjus, à partager en deux ou trois, joue le spectaculaire et le retour en enfance avec joliesse. Côté vins au verre, un blanc du Priorat, un rouge de la Ste Victoire, une syrah de Cuilleron dans la vallée du Rhône ou encore un bien joli cidre de glace québécois nommé « Neige » donnent du tonus à un repas alerte mais en manque un brin.

Neige © GP