Au Moulin à Vent
« Le Bistrot du mois – Paris 5e : le triomphe du Moulin à Vent »
Nous les avions élu « Bistrot de l’année 2023 ». Toute la presse les a applaudis d’un seul mouvement. Et voilà qu’ils viennent de gagner le titre de champion du monde de l’oeuf mayo. Nous sommes, bien sûr, les premiers heureux de leur triomphe. Les déjeuners du samedi midi, jadis quasi vides, sont désormais archi-pleins. Le style de la maison n’a guère changé. Ni le talent de Theophile Moles à l’accueil, ni celui de Maxime Plateau, le premier en digne élève du formidable Nicolas Decatoire au Gavroche, le second en disciple d’Alain Senderens au Lucas Carton, jouant un registre bistrotier au plus près de sa fraîcheur, de sa justesse de ton, de sa franchise et de sa vérité.
Le cadre charme d’entrée, avec son grand zinc d’accueil – « seul métal conducteur d’amitié« , comme disait Antoine Blondin – , ses banquettes de moleskine, son plafond bas, qui donne toujours l’impression de se trouver projeté un demi-siècle en arrière, et plus, dans « Touchez pas au Grisbi », chez Biche, lorsque Jean Gabin alias « Max le menteur », casse la croûte avec Lino Ventura et René Dary dit « Riton ». Un flou artistique et un fond de film noir qui convient fort bien à ce formidable décor de cinoche.
On trouvait jadis là un lieu dans son jus bien en accord avec, vis à vis, la halle aux vins de Jussieu. Celle-ci a été détruite au profit de l’université que l’on sait et que le Moulin à Vent (ex « Chez Henri »)-, demeure comme un témoin du passé. Le chic de Théophile et Maxime ? Avoir conservé le style d’avant en le rénovant avec malice. Formidable carpaccio de tête de cochon, tranché fin, vinaigré et moutardé, pleurotes persillées, oeuf mayo champion du monde, « twisté » avec ses pickles de chou rouge, sa moutarde à l’ancienne, sa chapelure pour le croquant : voilà qui ravit et réjouit en entrée.
On y ajoute ces mets vifs et réconfortants qui ont nom (splendide) chou farci et pommes sautées à l’ail, (modèle) de ris de veau poêlé, à la fois fondant et croustillant, mais aussi saucisse au couteau et pommes purée, filet de boeuf sauce poivre, dispensés au rythme d’une carte changeante qui peut aussi révéler un joli bourguignon lentement mijoté en cocotte.
Les desserts sont également du genre solide, généreux, régressif : profiterole au chocolat ou tarte Tatin de pommes et poires. Et le registre des vins et eaux de vie demeure très beaujolais (avec le si charmeur Saint Amour Rémi Benon 2021) et très Chartreuse (avec la belle liqueur du 9e centenaire). Vive le Moulin à Vent, bistrot parisien champion incontesté de son registre !
Que du bien…élégance dans la présentation, de surcroît goûteux à tous les étages ,une belle adresse avec un personnel professionnel et sympathique.