Le Bistrot de Paris
« Paris 7e : généreux « Bistrot de Paris » »
Millésimé 1965, ce vrai-faux bistrot art nouveau signé Slavik, créé pour Michel Oliver, qui en fit une star du Paris des années nouvelle cuisine, perdure dans la discrétion et la bonne humeur. Le lieu a résisté à l’usure du temps, aux modes, comme à la dite « nouvelle cuisine ». La déco avec ses stucs, ses chaises Thonet, sa verrière n’a pas d’âge. Le personnel en noir et blanc a du caractère et n’oublie pas de sourire. Le registre « tradi » est, lui, fort bien tenu et la carte des vins a de la ressource.
Bref, on ferait bien sa cantine de ce lieu délicieusement hors vogues, tenu avec sérieux par les Paul qui possèdent également Savy dans le 8e et Chez René boulevard Saint-Germain dans le 5e. Cette perle discrète est sans doute le joyau de leur petit groupe voué à la bonne « bistrologie » parisienne. Témoins les mets sages et classiques servis là avec sérieux, fidélité et componction.
Œuf mayo et sa macédoine de légumes, harengs marinés, signés de l’expert du genre, J-C David à Boulogne, proposés en terrine et à volonté, avec ses divines pommes à l’huile, solide pâté en croûte aux foies de volaille, artichaut vinaigrette farci de ses haricots verts frais, foie de veau escalopé avec son vinaigre de framboise, ses pommes de terre purée ou encore craquant confit de canard flanqué de ses frites maison ne souffrent guère de discussion.
On y ajoute les jolis vins d’une carte abondante, comme le beaujolais et le chenas, tous deux fruités à l’envi, signés du domaine Piron, le vertueux marsannay de Sylvain Pataille, vif et racé, plus le délicieux gewurztraminer « vendanges tardives » de Léon Beyer à Eguisheim, qui arrosent à point les jolies douceurs maison comme le craquant riche Paris-Brest, la brave mousse au chocolat et les roboratives profiteroles (également au chocolat). Le service est enjoué, l’ambiance aussi. Voilà un lieu très parisien qui mérite bien son nom…