4

Le Westminster

« Le Touquet, c’est branché ! »

Article du 6 juillet 2010

Une vieille station, le Touquet? Vous n’y êtes pas. Ce temple du char à voile, des courses d' »enduro » à moto,  du golf à gogo est connu depuis belle lurette de nos voisins britanniques. C’est là que se trouve, on le sait, depuis le siècle dernier, la perle de la côte d’Azur de l’Angleterre.

Du reste, elle fait un cinglant come-back. Avec l’ouverture du tunnel sous la Manche, les Anglais sont revenus en nombre. Les Parisiens réalisent qu’ils ont une autoroute pour eux seuls, l’A 16, qui y mène en 2h. Ils redécouvrent les merveilles de la Côte d’Opale, ses tons grisés, ses ciels bleus immaculés, ses nuages floconneux, son vent vif, ses golfs superbes, celui du Touquet, comme celui de la voisine Hardelot. Puis les plages de Wimereux ou de Wissant, qu’aima le Général de Gaulle, que les « flobards », ces canots bombés à fonds creux, honorent. On en oublierait les falaises de Douvres qu’on aperçoit depuis les rives d’Ambleteuse et la solitude du Cap Gris Nez.

Cet « Arcachon du Nord » a été baptisé « Paris Plage » par l’excellent M. de Villemessant, rédacteur en chef du Figaro, amoureux du site, avant la Grande Guerre. Le surnom demeure. Même si le Touquet a débuté sa carrière à l’aurore du tourisme moderne, lorsqu’on crée une forêt de pins dès 1835 et projette, selon une lubie britannique, une cité idéale nommée « Mayville ».

Il en reste une succession de maisonnettes années 30 qu’on visite avec ravissement. Prenez l’hôtel de ville signé Debrouwer et Drobecq, avec son donjon, son hall médiéval, sa salle du conseil imitée de la chambre des Pairs et dites-vous qu’ici, comme au marché couvert signé Henry Léon Bloch et millésimé 1927 à 1932, le charme est là, irréfutable.

Et l’on se prend à égrener les chefs d’œuvres locaux: la poste de Jean Boissel (1927), l’ancien cinéma Normandy de Louis Quételard (1927) devenu le casino, la maison « Tata Ice » d’Horace Pouillet (1926), sans parler du faux manoir où PJ Woodehouse rédigea ses « Jeeves » ou la villa « 50°  Latitude Nord », sur l’avenue de l’Atlantique. Toutes valent le détour, le clin d’œil, la surprise. Quételard, architecte en vogue des années 20 à 40, y signa des lignes épurées, au nom d’un style maritime toujours actuel.

Il suffit de se hasarder rue Saint-Jean – où l’on « se fait un chat bleu » (le nom du chocolat vedette de la station), de dériver rue de Metz, de Londres ou de Moscou, de se perdre dans l’insolite village suisse, qui lorgne sur l’avenue de Verger et le bois de pins, pour éprouver la magie du Touquet. On a tardé à classer ces belles demeures – c’est fait depuis 1996 pour la poste, le marché couvert, la Villa Closerie d’Arsène Bical, avenue des Oyats. Aujourd’hui, on ne peut manquer de flâner le nez en  l’air.

La plage où l’on pratique les jeux de ballons, l’enduro, le char à voile et la baignade, même en eau froide, n’est pas le seul but de promenade. L’hippodrome, bâti par Furiet et Pingusson en 1925, les chemins du bois, parfaits pour les balades à vélo, le golf renommé, les boutiques à deux pas du Westminster (dit familièrement « le West »), ce palace sauvé de l’oubli par la famille Flamant vers le milieu des années 80, relancé par Nicolas Boissonnas de l’Open Golf Club, font du Touquet un lieu à vivre. C’est cela: non seulement une station de vacances, mais une cité qui a banni l’ennui de son vocabulaire.

Le Westminster

av. du Verger
62520 Le Touquet-Paris-Plage
Tél. 03 21 05 48 48
Chambres : 77-350 €
Site: www.opengolfclub.com

A propos de cet article

Publié le 6 juillet 2010 par

Le Westminster” : 4 avis

  • Charlotte

    Bonjour Gilles,

    Contrairement à Chrisos ci-dessus, je vous recommande vivement une échappée à la Grenouillère. Déco époustouflante et saveurs herbacées, fruitées surprenantes.

    Un vrai plaisir ! Magique

    http://www.lagrenouillere.fr/

  • J’ignorais le passé de cet homme. Mais son bâtiment demeure, donc ignorer sa signature serait un oubli. De même qu’on ne peut passer sous silence Céline qui a été l’auteur, entre autres, de « Bagatelle pour un massacre ». Elaguer dans l’histoire? Vaste problème, eût dit le Général!

  • welsch

    Monsieur Pudlowski
    Je lis et apprécie fortement vos guides sur l’Alsace en particulier mais
    j’ai été choqué de trouver dans l’article sur Le touquet une précision concernant
    la poste oeuvre de Jean Boissel. Vous l’ignorez sans doute mais cet individu outre d’avoir été architecte a été un des pires antisémites de l’occupation et condamné à mort pour ses actes.Le laxisme de la justice a voulu qu’il soit gracié, mais la condamnation reste. Citer ce triste personnage ne me parait pas indispensable.
    Sincères salutations
    Alain Welsch

  • évitez la Grenouillère d’Alexandre Gauthier, très surfait!

Et vous, qu'en avez-vous pensé ? Donnez-nous votre avis !

Le Westminster