Baltasar Gracian (1601-1658) : le fameux essayiste jésuite espagnol du Siècle d’or que l’on compare volontiers à Montaigne, La Bruyère ou La Rochefoucauld. Dans « L’Homme de cour », dont le texte original date de 1647, qui réunit trois cents maximes ou réflexions, il propose un art de vivre à la cour comme à la ville, sauvant à la fois son honneur et son monde intérieur avec une série de conseils utilisables en tout temps et en tout lieu. La traduction de 1684, monument du style littéraire à la française, garde son charme intact. « L’art de vivre avec élégance » est constitué des 100 premières maximes de ce livre immortel. Rééditées tout récemment par Folio sagesses en un court et élégant volume, c’est le moins, elles offrent à peu près tout sur l’art de se tenir en société, de donner toujours raison à son supérieur, de ne jamais tenter de le vaincre, mais de biaiser avec justesse, de louvoyer avec malice, de penser avec justesse, sans laisser poindre la moindre contrariété. Bref, voilà un bref manuel de savoir-vivre en société et au travail, hors mode, intemporel, dont user de judicieuse façon et sans modération. « Il y a des miroirs pour le visage, mais il n’y en a point pour l’esprit. » « Mesure tes forces et ton adresse, avant que de rien entreprendre. » « Un esprit médiocre qui s’applique va plus loin qu’un esprit sublime qui ne s’applique pas« . A lire, relire, méditer.

L’art de vivre avec élégance de Balthasar Gracian, traduit de l’espagnol par Amelot de la Houssaie (Folio Sagesses, 128 pages, 3,50 €).