Il est l’écrivain absolu, l’ermite de la Frette, mort, dans le silence, en mai 1968, né à Barbezieux en 1884, chéri par François Mitterrand, son compatriote de Jarnac, l’apôtre de la douceur de vivre en province, du bonheur, des Charentes, le prophète du cognac et l’apôtre du bordeaux (« Sans morale, il n’y a pas de vin de Bordeaux, ni de style. La morale, c’est le goût de ce qui est pur et défie le temps : c’est le mépris du relâchement. »).

Jacques Chardonne, qui a emprunté son nom à un petit village vigneron du Lavaux en Suisse, dans le canton de Vaud, restera, pour nous, l’immense styliste du « Bonheur de Barbezieux » et du « Ciel dans la Fenêtre ». Albin Michel réédite aujourd’hui trois de ses meilleurs livres : « les Destinées Sentimentales », dont Olivier Assayas tira un bien joli film, avec Charles Berling, Isabelle Huppert et Emmanuelle Béart, « Femmes », dont Philippe Sollers reprit le titre pour un de ses livres les plus fameux, enfin « l’Amour, c’est beaucoup plus que l’amour », titre emblématique et anthologie de ses meilleurs aphorismes.

On y retrouve le Chardonne qu’on aime : observateur zélé des intermittences du coeur, styliste hors pair, faiseur de modes avant la mode, satiriste sans le savoir, critique élégiaque et narrateur des méandres de l’amour. Voilà un volume d’importance inégale qui rend hommage à un grand styliste aujourd’hui oublié. A quand la réédition du « Bonheur de Barbezieux » ?

Destinées sentimentales de Jacques Chardonne (Albin Michel, 552 pages, 25,90 ).