L'amour & la folie
« Paris 17e : l’amour, la folie et les amis »
« L’amour & la folie »: une fable de la Fontaine qui plaide pour la fantaisie bien cernée. Aux commandes de cette table qui fut jadis un italien discret et bourgeois (« la Sardegna »), une hôtesse de charme, Véronique Hoog, novice en matière de restauration, mais qui s’improvise ici en aubergiste de bon ton avec malice, relayé par son fils, Grégoire Topall, en salle, et le conseil gastronomique savant de Wilfried Octavon-Bazile qui travailla jadis avec Antoine Westermann chez Drouant et Mon vieil Ami, jadis dans l’île Saint-Louis.
Les vins ont du coffre (splendide saumur blanc l’Amélie et saumur-champigny cuvée l’Amiral du domaine de la Messardière, les merlots de Beaudet du château de la Vieille Chapelle) qui jouent les crus de copains version luxe. Il faut dire que Véronique a de l’entregent, qu’elle est l’épouse d’Emmanuel Hoog, ex patron de l’AFP et toujours homme de médias, et que les produits des uns comme les idées des autres font ici recette. Je dois d’ailleurs l’adresse à mon pote PDG de Rungis Stéphane Layani qui a eu vent de l’ouverture du lieu avant même ses débuts.
La vérité oblige à dire que tout ce qui se propose la gouverne du chef à demeure, et peut se goûter en mini-assiettes à partager, sous la houlette du chef à demeure Nicola Boniface, est d’une qualité sans faille. Ainsi le gravelax de truite avec betterave et pousse Douglas, le foie gras poêlé (superbe) avec son bouillon de gingembre relevé à la fève de Tonka, la terrine de chevreuil à l’espuma d’oignon confit et pickles ou encore avec duo de chou-fleur et lait de soja, pimenté d’une vinaigrette au cumin font des entrées astucieuses et séductrices.
On aime aussi le camembert dans sa panure verte au cresson et baie verte du Sichuan, comme les saint-jacques rôties avec leur purée de topinambours, chicorée, poivre de Kompot fumé. On tique un peu sur les gnocchi de panais un peu (trop) sucrés, avec sauge, coleslaw, dukkah, qui jouent les mets vegan de qualité – de manière générale, les légumes sont mis en vedette dans chaque assiette. Le clou du spectacle? Le cabillaud effeuillé avec dés de mangue et passion, plus un splendide cromesquis ouvert façon croustillant de pomme vitelotte, avec shiso pourpre et sel rose de Bolivie.
Mais l’onglet de bœuf Angus sauce chimichurri est superbe, flanqué de frites de patates douces, comme le magret de canard au cassis, baie de Timut et noire. Un bémol aux desserts un peu (trop) complexes, qui joue les légumes et la mode des herbes en folie, même on sent bien que la jeune pâtissière aux commandes du sucré joue là son va-tout comme pour une place de concours en finale d’un championnat invisible : orange givrée avec carotte et fenouil, glacé de potimarron, noix et sirop d’érable, mi-cuit chocolat noir et romarin ou encore tatin de cardamome et crème fraîche ont, en tout cas de « la gueule ». Joli décor, cosy et coloré. Ambiance « comme à la maison »…
Paris sous la pluie mais la porte de ce joli resto franchie, des sourires partout !
Un excellent déjeuner fait de saveurs oubliées, de légumes anciens, d’épices lointains … une cuisine raffinée et toutefois copieuse.
Une adresse à essayer au plus vite !
De la fantaisie sage, des goûts et des parfums joliment revisités, un cadre élégant avec légèreté et surtout une carte avec un choix raisonnable qui tient ses promesses de marché… c’est un endroit parfait.
cuisine creative, raffinée , ambiance sympathique… je recommande !