Le Tivoli

« St Louis, le livre, l’asperge et le foie gras »

Article du 7 mai 2011

La synagogue de St Louis © GP

Saint-Louis, qui est la porte de France, à la sortie de Bâle, ou la banlieue française de cette dernière, métropole de l’art, des banques et de l’histoire, a la mission délicate d’accueillir chaque année un festival d’écrivains dans une cité d’abord un peu neutre, qui est d’abord une ville de passage plus que d’étape. Ses monuments sont rares – je distingue la belle synagogue à damiers avec ses deux tours surmontés de bulbes, quelques monuments sur le mode néogothiques comme l’hôtel de l’Europe plein centre, le neuf hôtel de ville, la médiathèque ou encore le musée d’art contemporain Fernet-Branca, dans la distillerie éponyme. Mais St Louis cherche son charme aux abords. Le Sundgau – le comté du Sud, avec ses vergers, les proches parages du Jura suisse, débute aux abords.

Les Schneider au Rivoli © GP

Bref, hier soir, pour la première grande soirée du festival, parrainé cette année par Simone et Antoine Veil, Jean Ueberschlag, le maire bonhomme et gourmand, qui accueillait plus de 200 personnes venues du monde de l’édition parisienne (ce n’était que les prémices de la fête), avait pour mission de les nourrir ensemble, joyeusement et promptement.

Jean Uberschlag avec Simone et Antoine Veil © GP

Ce fut fait avec habileté et efficacité chez les Schneider, qui tiennent à Huningue, juste en lisière de St Louis, le Tivoli. La façade a le modernisme rectiligne des années 1950. L’intérieur possède, lui, le chic années 1980 avec des airs néo-Art déco assez cossu. Bref, on est là dans le paisible sans faille. Aux commandes du lieu, Philippe Schneider tient la demeure depuis trois décennies, après avoir été formé jadis aux Trois Rois à Bâle, chez Haeberlin et chez Lasserre, sans omettre un bref stage chez Emile Jung à Strasbourg au Crocodile. Il excelle à revoir le plat de tradition en finesse et légèreté.

Foie gras frais de canard © GP

Le menu d’hier soir était simple, sans trop de risque, mais, pour 250 personnes, faisait bel effet: foie gras de canard au naturel, cuit avec un rien de crémant, servi avec sa fine brioche, asperges blanches de la région (la capitale est le proche bourg de Village-Neuf) et jambon (cuit et cru) avec ses trois sauces (mayonnaise, ravigote, ravigote à l’ail des ours), plus cappuccino de fraises. Bref, un sans faute qu’arrosait un muscat « cuvée asperges » signé Wolfberger, frais, fruité, avec son nez de raisin à croquer bien en condition.

Asperges et jambon © GP

J’ajoute qu’on peut venir ici toute l’année pour une cuisine sage et fort bien mise. Goûter aussi le risotto aux scampis, le saumon fumé à la maison, le croustillant de cabillaud aux écailles de courgettes, comme le mignon de veau farci au foie gras que relève un petit jus à l’huile de truffe, le rognon de veau à la moutarde et au vin rouge, la crème brûlée à la pistache, comme le sorbet rhubarbe ou encore le gratin de fraises et sa glace au poivre de Sichuan. Bref, de quoi faire plaisir à tous sans lasser. Il y a là encore des chambres modernes et fonctionnelles pour l’étape d’un soir ou rayonner dans la région.

Hier soir, ce fut là fête littéraire et gourmande, le salut de Gilles Cohen-Solal, des éditions Héloïse d’Ormesson, à Jean Uberschlag qui accomplit là son dernier mandat et préside ainsi sa dernière fête. Mais tous, historiens, romanciers (ou les deux à la fois tel Patrick de Carolis dont « la Palatine » recevait le prix des romancières de la fête) étaient aux anges, communiant dans l’amour du livre, du muscat, de l’asperge et du foie gras.

Cappuccino de fraises © GP

Le Tivoli

15, avenue de Bâle
68330 Huningue
Tél. 03 89 69 73 05
Chambres : 65-80 €
Menus : 23, 36, 45 €
Carte : 56-64 €
Site: www.hotel-tivoli.eu

A propos de cet article

Publié le 7 mai 2011 par

Et vous, qu'en avez-vous pensé ? Donnez-nous votre avis !

Le Tivoli