Jòia par Hélène Darroze
« Paris 2e : le joyau d’Hélène Darroze »
C’est chic, beau, bon, nouveau, drôle, vivant : c’est la nouvelle table parisienne d’Hélène Darroze, en lieu et place de Rae’s, au cœur du nouveau Sentier. Voilà une table sur deux étages, avec sa cuisine apparente et ses tables hautes pour une ambiance bruyante et bouillonnante au rez-de-chaussée, puis son coin bar, ses grandes fenêtres, ses banquettes, son coin lounge coloré dans les tons rouges au premier étage, son look british (le décorateur du Connaught a été mis à contribution), un peu comme si un peu de l’esprit de Londres s’était glissé en catimini à Paris.
On peut venir boire un verre, déguster un cocktail, discuter le bout de gras, grignoter, carrément se faire fête de très gourmande façon. Voilà un chic bistrot dédié à la joie en occitan ou catalan. Mais aussi un joyau avec ses plats vifs, drôles, vertueux, souvent teintés Sud Ouest, avec des clins d’oeil à l’Italie ou à l’Angleterre. Avec ce splendide foie gras de canard mi-cuit au poivre Timut, servi sur planche, avec son chutney de mirabelles, ce guacamole à faire soi-même, ce tourain blanchi à l’ail (rose de Lautrec), avec oeuf mollet et jambon noir de Bigorre.
Vous pigez l’esprit du lieu ? Il y a encore les raviolis de Mama Léna (la mère de Mario Muratore, qui fut le chef exécutif, italien d’origine, de la SBM à Monaco, où Hélène fit ses classes), les splendides moules refroidies aux herbes de tonton Claude (comprenez Claude Darroze à Langon), le magnifique risotto (arborio, cuit al dente) à la tomate confite, avec ses olives taggiasche, roquette et basilic) comme chez les grands d’Italie, les champignons de saison, foie gras et jaune d’œuf confit comme chez Amaïa à San Sebastian, le rouget grondin farci de calamars, les pommes de terres croustillantes au brebis basque, la cocotte (Staub) de carottes au miel et feuilles de laurier.
On en oublierait presque l’exquis plat de côte (« short rib ») de boeuf Angus si fondant, servi la planche pour deux, qui fait un morceau de roi gourmand aux goûts paysans. Les vins, tous féminins, jouant leur carte dans tous les domaines, sortent des frontières, sont tous de prix élevés (sans doute le seul reproche à faire à la demeure). Mais le rouge portugais de cépage Baga de Filipa Pato « Territorio Vivo » de Bairrada à 32 € est un pur délice (gare à le servir frais!).
Les desserts, eux, signés du pâtissier maison, l’écossais Kirk Whittle, constituent un festival avec des chefs d’oeuvre du genre comme le très esthétique mille-crêpes au thé matcha, crème yuzu et ce rien de mascarpone pour lier les crêpes entre elles, la si gourmande et grosse profiterole croustillante choco (glace) café, l’exquise tarte chocolat noir avec sa glace sarrasin ou encore la splendide pavlova aux fruits rouges avec sa meringue craquante avec sa chantilly à la citronnelle. Un coup de chapeau encore au service de salle, jeune, souriant, performant, à la cuisine qui suit le mouvement et résiste au succès, sous l’aile du chef à demeure, Thomas Piat, venu de chez Daniel Boulud à New York. Ah oui, on aime Hélène, sacrée cheffe d’orchestre, et ce Jòia, son joyau !
Visite au déjeuner 6 mois après ouverture, saumon gravlax d’un classique affligeant, une belle piece d’agneau en croute d’olive à partager mais servi avec une semoule à la coriandre sans intérêt. Le mille crepes matcha trés dans l’air du temps et Instagrammable (nouveau critère incontournable). On en ressort sans souvenir mémorable et avec l’ultime conviction que sans le nom du chef, cette table passerait inaperçu.
oui j’ai vu ca aussi
du coup ca m’a pas donné envie d’y aller
Comme toujours… ça donne envie!!
une volée inhabituelle de commentaires très négatifs sur tripadvisor, et qui sentent le vécu!!!
Si le restaurant est Joya, le site internet ne peut pas être celui du Rae’s
d’autant qu’il a fermé n’est ce pas ?