Qui aime bien, châtie bien. On le sait. Jean-Claude Ribaut et l’illustrateur fétiche de la chronique gourmande du Monde, Desclozeaux se sont mis à deux pour railler gentiment ce « juge de paix » de la gastronomie qu’est le Michelin. Les anecdotes nombreuses, les péripéties parfois saugrenues, les changements de politique de la maison (la mauvaise gestion de la « tourmente anti-Michelin » qui vaut à l’anglais Derek Brown d’être rapidement mis sur la touche, puis la « surcommunication » à partir de 2004 sous la houlette de Jean-Luc Naret) donnent lieu à des textes enlevés, piquants, relevés par des dessins pleins de verve de Desclozeaux.

C’est à la fois instructif et amusant, plus ironique que méchant. Ribaut relève les 3 étoiles accordées (un an seulement) à une ex-maison close de la côte d’Azur (la Maison Paquay à Miramar), et celles données, un an plus tôt, à Lapérouse, réputée pour ses salons fréquentées par les cocottes et leurs généreux protecteurs …Ou conte l’histoire de cet inspecteur qui annonce, en 1958, sa première étoile à Charles Barrier tout en essayant de lui vendre du champagne… Sans omettre la fameuse algarade de Jacques Manière, alors au premier Pactole de Pantin, qui renvoyait dans les cordes un autre inspecteur se plaignant des toilettes à la turque: « vous êtes venu ici pour manger ou pour ch… »?

Anecdotique, plus que sulfureux, voilà en tout cas un joli petit objet à mettre entre toutes les mains.

Rouge de Honte, de JC Ribaut et Desclozeaux (Menu Fretin, 128 pages, 14 €).