Le Petit Célestin
« Paris 4e : le bon rade des frères Mimoun »
Il y a la maman Mimoun, qui tient le Tagine, rue Crussol dans le 11e, le frère Jaïs, bon géant, cuisinier doué, passé au Bristol, après le Repaire de Cartouche, qu’on connut au Petit Tonneau, et qui exerce sous son nom dans le 7e, rue Surcouf, enfin Yanice, le frère barbu et plein d’allant, qui fait goûter les vins du moment (mâcon de la « soeur cadette », morgon de Foillard), tandis que de la cuisine étriquée sortent des plats bourgeois d’une rigueur sans faille.
Pâté en croûte au foie gras (superbe), rémoulade de tourteau aux pommes vertes, palourdes en marinière et piment d’Espelette, groin de cochon croustillant avec sa gribiche revue en vinaigrette mimosa passent comme une lettre à la poste. Le lieu, avec son cadre de vieux rade années 1920, son comptoir, ses nappes à carreaux, a du coeur. La terrasse, face à l’île Saint-Louis, est providentielle, propice à un déjeuner de soleil. Et le dimanche, car la maison est ouverte ce jour là, la queue s’allonge et l’attente se prolonge.
On peut venir boire le café le matin, admirer les bateaux et mirer les quais vis à vis, prendre le temps de laisser filer les heures, sans négliger l’exquis frichti qui se livre aussi. Ainsi le filet de bar grillé (un peu trop) aux lentilles et légumes en brunoise, la sole à la grenobloise (aux câpres et beurre persillé façon meunière), les rognons de veau à la moutarde et la bien jolie mousse au chocolat aux amandes, qui font plaisir dans la simplicité. Voilà un lieu de coeur.